Le truc qui reste chiant dans les casques de lecteurs portables (comme on dit), ce sont les fils. J'ai beau avoir un casque intra-auriculaire avec marche arrière et feux de recul, impossible de ne pas retirer un pull sans s'arracher une oreillette, voire les deux. Avec la technologie qu'on se trimballe dans les poches, pourquoi n'a-t-on toujours pas de casques wifi? Je vous le demande. Et je ne sais pour vous, mais je trouve pénible de s'enlever une oreillette et, tout d'un coup, de se trouver éjecté d'un album dans lequel on était si bien entré. Mais parfois, le miracle arrive et les oreillettes résistent à la friction avec le col du sweat que maman vient de vous acheter. Manque de bol, le miracle est aujourd'hui arrivé alors que j'écoutais Striborg et que je n'en aurais eu rien à foutre de ne pas entendre trente secondes de l'album. VDM, j'vous jure.

Hé oui, pour la quatrième fois en six mois, je vais vous parler du fameux one-man band australien. Certes, Displeased réédite à tour de bras le back-catalogue de la bestiole (je parie que les Vinterriket vont bientôt arriver). Mais une fois n'est pas coutume, il s'agit bien d'un nouvel album. Et c'est seulement le premier de l'année, ouvrez le champagne. J'ai bon espoir de me poiler devant le DVD de vidéos conceptuelles intitulé "Journey of a Misanthrope". En attendant, je ne pourrais pas expédier cette chronique, car Striborg a évolué. Si, si. Enfin, un tout petit peu.

Je vous rassure, vous trouverez toujours des titres de black ambient rallongé à la chicorée, avec une production dégoulinante et une voix de gobelin constipé. Vous trouverez également une intro et une outro avec le son de synthé "je suis cosmique" habituel et une plage ambient de 5 minutes pour remplir un peu au milieu. Le reste est principalement articulé autour de 4 titres entre 10 et 15 minutes. Mais dans ces titres, Sin Nanna se laisse aller à des compos un poil plus énergiques, voire des mélodies reconnaissables qui surprennent presque par leur netteté. Diantre, virerait-il commercial?

Non, je vous rassure encore (décidément, vous êtes stressés). La réalité est que "Autumnal Melancholy" est moins homogène que les sorties habituelles de Striborg. Privilégiant une relecture flagrante de Burzum sur cet opus-ci, Sin Nanna varie les tempos et insère moins de clavier qu'à l'accoutumée. Les riffs ressortent d'avantage, ce qui met en avant le minimalisme des titres. Minimalisme ou pauvreté, selon les avis. Mais il faut avouer que Striborg ne peut contenter que les moins difficiles dans le genre, donnant surtout l'impression de jouer sur sa production gargouillée que sur un travail de composition.

La plupart des suites d'accords ont déjà été largement pillées 666 fois par tous les sous-Burzum/Darkthrone avec une démo au compteur. Et quand Sin Nanna ose la différence, il nous sert un titre horrible comme "Meandering in Sorrow", avec un rythme pachydermique, un piano jouant volontairement faux pour se la donner expérimentation dissonante et une imitation vocale aiguë de Vikernes à mourir de rire. Ce titre est une "moche part" intégrale. Point positif, Striborg a désormais l'avantage de la mise en place, ce qui est notable et montre un réel progrès.

Redondant et manquant toujours énormément d'inspiration, "Autumnal Melancholy" vient s'ajouter à la longue litanie d'albums d'un projet diarrhétique qui ferait mieux de condenser son propos. Moins "expérimental", ce nouveau Striborg s'avère plus intéressant que les précédents. Mais il est toutefois bien mauvais et devrait provoquer autant de joie dans les chaumières qu'un Kinder Surprise. Au long de sa florissante disco, nous avons écouté Sin Nanna apprendre à jouer, puis apprendre à régler le son. Peut-être assisterons-nous un jour à la naissance de compositions dans cette CD-réalité australienne palpitante. Où est-ce qu'on envoie un SMS pour l'éliminer?


Rédigé par : Prince de Lu | 04,5/20 | Nb de lectures : 13454