Les Finlandais de chez STRATOVARIUS viennent de sortir un nouvel album. Tout le monde s’en fout ? J’vois bien que ça vous intéresse pas, vous faites la gueule là. Oui je sais ça fait 7 ans qu’ils n’ont fait que de la merde. Je sais Tolkki s’est barré et évolue maintenant dans REVOLUTION RENAISSANCE avec lequel il se découvre capacités sphinctériennes hallucinantes. Mais maintenant STRATOVARIUS ils ont un nouveau bassiste, Lauri Porra (depuis 2005 en fait, mais il n’avait jusque-là participé à aucun album) et un nouveau guitariste, Matias Kupiainen. Ils se sont isolés dans un bôôô chalet pour nous faire un bêêêêl(e) album. Alors maintenant vous allez être sages et vous allez vous attarder deux minutes. Tu verras, ça va pas être très long et t’auras une sucette sitésaj.

Bon, je dois bien avouer que comme vous j’étais très réticent à l’abord de ce "Polaris", surtout après avoir écoute "Age of Aquarius" de RR, mais aussi après avoir découvert la cover surchargée de "Polaris" qui n’était pas pour me rassurer, me laissant présager un enfoncement encore plus insistant dans les pires clichés du genre (heroic-fantasy d’un côté et sci-fi de l’autre. La pochette comporte à la fois une fée et une sorte de satellite conceptuel qui se désagrège, steampunk et sci-fi à la fois).

Deux choses se remarquent d’emblée : premièrement, il s’agit encore et toujours de STRATOVARIUS. Bien sûr il y a des nuances, mais pas de changements brutaux avec le départ de Tolkki (qui avait composé 95% de tout ce que Stratovarius avait produit depuis sa création, si ce n’est plus). Deuxième point, "Polaris" se présente comme un album extrêmement hétérogène.
En fait, le monde des compos se divise en trois catégories : celles de Kotipelto et de Kupiainen (le nouveau gratteux donc), celles de Johansson et celles de Porra (le bassiste).

La division est TRES claire. Porra est visiblement un fan de longue date du groupe (il l’a intégré en 2005), il compose donc à l’ancienne (époque "Visions", "Destiny" et "Infinite") particulièrement influencé par l’aspect mid-tempo voire ballades de STRATOVARIUS. Ca rappellera pas mal de souvenirs à certains tant il est vrai qu’on retrouve la patte de l’époque. Sauf qu’étrangement (à part "Falling Star" et ses chœurs sur les refrains), je n’accroche absolument pas. Il manque quelque chose d’original dans les compos, quelque chose qui ferait de ces morceaux plus qu’une (très) pâle copie. "Forever is Today" est" Black Diamond", mais avec quinze ans de retard. "Emancipation Suite" (part I & II) et ses dix bonnes minutes sont un véritable calvaire, ça traîne, ça s’attarde et rien ne ressort… Et ce n’est rien à côté de l’outro "When Mountains Fall", qui ressemble comme deux gouttes d’eau à "Forever", sans en effleurer la sensibilité.
Ma conclusion, c’est Porra = caca.

Jens Johansson le claver émérite, lui, a composé en mettant logiquement le clavier assez en avant, avec énormément d’arrangements, et a étrangement décidé de se placer dans la continuité de "Stratovarius" (2005), notamment en utilisant des sons très synthétiques et électroniques, qui tirent parfois sur le fabuleux son MIDI du Gameboy, mais également des sons type « clavecin ». Ses compos recèlent pas mal de branlette de manche également. Rien d’extraordinaire dans l’ensemble, sauf "Blind". Le quatrième morceau et de loin le plus speed de l’album, là on touche à l’essence du Speed metal, par ailleurs il ne s’agit pas d’un mid-tempo, en clair ça réveille, et si ce n’était pas pour le chant, je vous parlerais volontiers d’HAMMERFALL.

Mais les bonnes surprises, elles, proviennent du combo Kotipelto/Kupiainen (oui, encore du KK… Oui, je vais me pendre oui…) Plus moderne, plus power que speed, plus proche de REVOLUTION RENAISSANCE aussi, les trois morceaux composés par le duo sont diablement efficaces. Pas d’intros interminables, pas de fioritures (enfin si, mais comme d’habitude quoi), vif du sujet. Le titre "Deep Unknown" rappelle énormément (notamment dans les refrains) les morceaux les plus efficaces d’"Unia", le dernier méfait de SONATA ARCTICA, qui partait vers des explorations mélodiques surprenantes, on retrouve en effet ses harmonies surprenantes et inhabituelles. D’ailleurs Tony Kakko s’occupe des chœurs sur "Deep Unknown". On retrouve ici bien cet esprit, en version plus digeste et structurée. "Deep Unknown" est une bonne ouverture, un peu choquante à la première écoute, bien construite, très catchy, et rassure sur la santé de STRATOVARIUS, tant d’un point de vue compo qu’exécution technique (impeccable).

Je vous parlais tout à l’heure d’HAMMERFALL, eh bien avec "Higher We Go", nous sommes en présence d’un refrain qui pourrait être l’un de leurs plus grands classiques. Joyeux, épique, avec des envolées lyriques et des paroles que ne renieraient pas les Allemands (« We will rise out of agony, and find a way to victory »), un rien plus mélodique et évidemment avec la voix de Kotipelto, décidemment en forme le bougre. Soli branlette comme je les aime, rapides mais construits, bref, un bon morceau encore une fois.
Quand à "Somehow Precious", le dernier de la paire KK, il s’agit d’un mid-tempo très ambiant et prenant, avec certains passages où seul le chant se pose sur une nappe de synthé voluptueuse, calme et reposant, qui enchaîne sur un refrain où Kotipelto reprend le riff principal, lancinant et horrible d’efficacité (celui qui reste en tête pour la journée) dans un registre plus plaintif, voire inquiétant. Pas excellent, mais presque.


Point très noire : la prod’ n’a jamais été le fort de Stratovarius, j’ai toujours eu à redire sur ce point. Ca n’a pas manqué cette fois encore, avec en particulier un chant, foutu en retrait, avec trop de reverb ou noyé dans des chœurs. C’est assez laid et plutôt dommage, vu le bel organe de Timo (Kotipelto hein… Tolkki il est allé faire de la merde tout seul). Oui, je parle de voix…
Les guitares rythmiques ont des sons carrément affreux et sous-mixés, quant à la basse, elle joue à cache-cache, un coup là, un coup pas là.



Malgré sa pléiade de défauts et de passages pénibles, je trouve ce nouvel effort de STRATOVARIUS encourageant. Kupiainen s’est visiblement bien intégré tandis que les vieux briscards assurent leur boulot de façon propre et nette. Les compos des anciens fonctionnent bien et le sang-neuf du guitariste apporte un coup de boost et de fraîcheur non-négligeable à l’ensemble et pourrait bien botter un bon paquet de culs à l’avenir. Par contre, par pitié, enfermez Lauri Porra. Trouvez-vous une machine à voyager dans le temps et envoyez-le à l’époque dans laquelle il s’est enfermé tout seul, les années 90, et surtout ne le laissez plus approcher d’une partoche. Qu’il joue et s’en tienne là.
Je pense que lorsque Kupiainen aura pris ses marques, il faudra s’attendre à voir STRATOVARIUS revenir sur le devant de la scène et peut-être reprendre une position de chef de file restée vacante dans le speed metal nordique.
En attendant, "Polaris" s’en tire correctement, sans les honneurs, mais à des années-lumière au-dessus de REVOLUTION RENAISSANCE (qui risque de méchamment souffrir de la comparaison)… J’aurais pourtant pas donné cher de leur peau là… ris. (Oui, j’ai déjà accroché la corde).


Rédigé par : Saru | 12/20 | Nb de lectures : 10905