Ocean? : Halala que je l’attendais et le redoutais cet album ! Et ce pour la même raison : le précédent opus du groupe, « Strapping Young Lad » m’avait laissé sur ma faim. Trop propre, trop calibré. Avant de commencer véritablement la chronique de cet album, je tiens à préciser que jusqu’à « Terria » je suis un fan ultime de tout ce qu’à fait Devin. C’est à partir des albums suivants que j’ai commencé à tiquer. Qu’allait-il en être pour ce quatrième opus de la bande à Townsend ? Eh bien, à mon grand désarrois, c’est encore une semi-déception (voire plus) pour moi. SYL sera je pense à jamais victime du syndrome de l’album insurmontable dans mon esprit, le fabuleux « City », d’une noirceur et d’une violence à jamais inégalable.
Pourtant, les choses commencent plutôt bien avec 3 premiers morceaux, les teigneux, pêchus, groovy, inspirés « Imperial », « Skeksis » et « Shitstorm », certes moins frénétiques que leurs prédécesseurs, mais ça sentait bon le revival éclatant. Et puis, arrive « Love ? » et son riff d’intro quasi neo, et qui est d’un vide absolu. Aucune inspiration, aucun pic d’intérêt dans ce morceau qui casse illico et pour le reste de l’album la pêche qu’y avaient insufflé les trois premiers titres. On retrouve sur l’album les recette habituelles du Canadien fou, désormais assisté semble-t-il de Gene Hoglan à la compo, à savoir des guitares bien distordues, des claviers par couches successives et un chant qui lui est vraiment propre, même s’il manque de folie actuellement trouve-je. Et derrière, le monstrueux Gene Hoglan ferme la boutique avec ses parties à faire pleurer bon nombre de batteurs chevronnés. Et malgré ça, la sauce ne prend plus pour moi. On sent un Devin apaisé, loin de la boule de nerf qu’il était il y a quelques années, et forcément ça se ressent sur le travail de composition. Si quelques riffs restent surpuissants, la plupart s’engoncent dans une sorte de mollesse agaçante (il y a une ballade, jolie au demeurant, mais qui aurait plus sa place sur un « Terria » par exemple ! diable !), et quelques samples sont purement et simplement des repompes d’autres albums (je pense notamment au sample de voix féminines sur « Shitstorm » qui ressemble fortement à d’autres utilisés sur « Infinity »). Inspiration plus faible sur le coup, ou alors Devin Townsend ne sait-il plus faire la différence entre ses différents projets ? Continuons sur les réserves que j’émets sur cet album : le chant de Townsend n’est plus aussi hargneux ni aussi tranchant qu’avant, bien qu’impeccablement en place et juste, et légèrement surmixé à mon goût. Puisque je parle du son, rien de nouveau à ce niveau. Très bon son, hormis la batterie que je trouve trop triggée et la caisse claire un poil en retrait, mais le Canadien a vraiment le chic pour associer les guitares et les claviers, pourtant de mêmes fréquences, pour en sortir un maelstrom vraiment puissant.
Au final, une impression mitigée ressort de cet album. Quelques perles (magnifique « Shitstorm », un futur classique de SYL !), malheureusement atténuées par le reste de l’album. A force de courir deux lièvres à la fois, Devin ne fait plus vraiment la différence entre SYL et le DTB. A longueur d’interviews, Devin Townsend nous avait dit que SYL était mort avec « City », jusqu’à cette résurrection ratée en 2003 . Il aurait mieux fait de tenir parole, parce que cet « Alien » ne réchauffe pas le moribond SYL. Alors, Devin, il va falloir désormais te concentrer sur l’un ou l’autre de tes projets, mais évite à l’avenir de nous faire du Strapping Young Band ou du Devin Townsend Lad. C’est un fan qui te le demande à genoux !
11/20
PS : A la relecture il s’avère que j’emploie des mots durs, mais qui sont à la hauteur de ma déception. Strapping Young Lad n’est plus un groupe génial, il est désormais seulement bon.


Rédigé par : Ocean? | 11/20 | Nb de lectures : 14062