Actualité chargée pour les Italiens, qui ont sorti quasi simultanément une compilation couvrant leur période chez Scarlet et ce tout nouvel album, « Mare Nostrum », qui à ma grande surprise (et satisfaction) se révèle de loin le plus abouti et réussi de leur carrière !

Alors que j’avais toujours considéré le groupe comme une formation de seconde zone pas plus excitante que cela, malgré un « The Gorgon Cult » sympathique en 2004, voilà qu’il nous sort un disque qui recense à peu près toutes ses influences, du heavy au pagan en passant par le black sympho et quelques touches de métal suédois. Pourtant, « Mare Nostrum » n’est pas le fourre-tout bordélique et maladroit qu’on pourrait craindre, et s’il n’est pas non plus un chef-d’œuvre absolu, en raison de l’absence de titres vraiment forts principalement, il parvient sans peine à faire passer de bons moments à ses auditeurs. C’est même quand STORMLORD s’éloigne du black classique qu’il est le plus intéressant, en utilisant une chanteuse lyrique (« Legacy Of The Snake », qui rappelle THE PROJECT HATE MCMXCIX, « Mare Nostrum »), en faisant une incursion dans le mélodeath suédois « Neon Karma » ou en se rapprochant de ce qu’on peut trouver dans le speed mélodique. La plupart du temps, seuls les vocaux de Christiano Borchi rattachent d’ailleurs STORMLORD au black metal, et « Mare Nostrum » est un album qui se déguste sans modération quel que soit son port d’attache, heavy, pagan ou black.

Les nappes de synthés sympho soulignent et accentuent les moments dramatiques et donnent une touche classieuse à un ensemble dont la production de Giuseppe Orlando est l’un des points forts. Certains lui reprocheront certainement son caractère stéréotypé, voire lisse, mais en ce qui me concerne j’affectionne ces prods propres et puissantes à la Karmilla (NIGHTWISH, STRATO) ou Madsen (THE HAUNTED, HEAVEN SHALL BURN) qui ne conviennent certes pas à tous les styles, mais qui dans le cas de STORMLORD sont idéales. Les guitares sont puissantes sans pour autant bouffer le reste, la moindre nappe de clavier est audible et en règle générale les arrangements sont particulièrement réussis. Une ballade symphonico-folk fait légèrement chuter la pression en milieu d’album (« The Castaway »), et malgré le thrashisant « Scorn », l’un des morceaux les plus rapides du disque, qui la suit, la deuxième moitié est moins intense que la première (mais pas moins intéressante pour autant).

Pour une fois doté d’un très bel artwork, ce quatrième STORMLORD a tout pour faire enfin décoller les Italiens. Il leur sera peut-être reproché d’arriver après tout le monde et de ne pas apporter leur pierre à l’édifice, mais les dix années nécessaires à leur maturation n’ont pas été vaines, « Mare Nostrum » en est la preuve.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 11393