Kenavo les bouseux, comme dirait Dupontel dans " Le Créateur ". Quoi de mieux pour finir les réjouissances de fin d'année qu'une bonne galette bretonne double face ? C'est ce que nous proposent Stonebirds et Stangala avec ce split judicieusement nommé " Kreiz Breizh Sessions Vol.1 ", enregistré en 2012 lors de sessions bien arrosées comme le confessent les groupes eux-mêmes. En même temps, évoquer l'alcool et les Bretons, c'est forcément un pléonasme. Stonebirds, qui a déjà sorti un album, " Slow Fly " chroniqué dans ces pages, évolue dans un registre Stoner/Doom nourri au beurre fermier, quelque part entre Kyuss et Down. Stangala est un duo au style plus indéfinissable, entre urgence punk, space-rock psyché planant et stoner plombé. Le groupe a la particularité d'utiliser un saxo, d'imprégner sa musique d'influences celtiques et de chanter en breton ! Allez, on pose la pâte bien épaisse sur le billig et on savoure ensemble.

Stonebirds
Stonebirds attaquent en contrepied avec " Red Is The Sky ", titre direct et efficace, porté par des refrains entraînants et un bon riff dont le classicisme évoque les pères fondateurs du style. Les 4 autres titres sont plus lourds et dévoilent une facette planante au risque de revêtir parfois un aspect répétitif (" Game Over "). Cela dit, " Outro Drama " fonctionne parfaitement, en alternant entre doom et space-rock. La voix en retrait dans la réverbe renforce l'ambiance étrange et pesante et parvient à conduire l'auditeur hypnotisé jusqu'à son inquiétante conclusion. De la même manière, " Dark Passenger " possède une ambiance soignée et un bridge intéressant. Côté production, le son se veut live et spongieux, à la manière de Down. Les guitares sont grasses et alourdies au fuzz. L'un des points forts du groupe est son chanteur qui montre de belles possibilités. Le timbre rappelle Trent Reznor ou, plus proches de nous, les très bons Zoé et Los Dissidentes Del Sucio Motel. Stonebirds a tout intérêt à développer le potentiel de son leader et à miser sur une production un peu plus adaptée pour renforcer le versant planant de sa musique.
Note : 6/10

Stangala
Bienvenue au Fest-noz Stangala où l'acide est gracieusement fourni à chaque verre de chouchenn ! Ce groupe très original pratique un curieux mélange de punk joué stoner, s'accompagne d'un saxo, glisse des séquences de clavier et chante en breton. Stangala, c'est l'enfant Breizh de Mr. Bungle et de Kyuss et bien plus encore...
" Kemper " ouvre l'album avec un punk pêchu avant de prendre un virage psyché sur lequel la partie de saxo fonctionne à merveille. Le tempo s'emballe et on a même droit à du blast-beat dans " Kong Kerne ", morceau évoluant entre stoner et fureur punk hurlée avant de dévoiler un thème rappelant le folklore celtique et de s'achever sur des solos de guitare puis de batterie. " Ar Stang " au riff bien senti convoque le rock et on se dit que Stangala est peut-être le Kvelertak français ! Arrive alors la grosse vague " Avel Ar Re Yen ". Quelques accents New Wave, saxo dissonant, synthés étranges puis on se noie dans ce morceau flippant et trippant avant de s'échouer sur un super solo de guitare. Très convaincant même si on garde l'impression de se réveiller d'un bad trip. Le split se clôt sur " St. Alars Et Les Algues Hallucinogènes ", morceau instrumental à l'ambiance inquiétante, à la fois barré et planant. Quel voyage ! Difficile de croire qu'on peut encore être surpris en 2013. C'est pourtant le cas avec Stangala qui assemble des éléments hétérogènes pour façonner une identité forte et un style très intéressant. Bravo !
Note : 7,5/10


Rédigé par : TheUgly | 13.5/20 | Nb de lectures : 12565