Autant le dire de suite, sur le papier, moi et les Stolen Babies, c'était quand même loin d'être gagné. Parce que la quasi-intégralité des Pattoneries en tout genre, Mr Bungle en tête, m'a toujours fait l'effet indigeste d'une plaquette de beurre sur le gosier. Parce que ce côté théâââââtre/cirque/cabaret/arty était censé me faire fuir à grandes enjambées. Parce que mon dédain envers les filles délurées aurait dû susciter une profonde aversion les Stolen Babies, parce que sous cette impression de facilité qu'elles ont, tu rentres souvent la queue sous le bras. Vade Retro Closed Ass. Alors, nom d'un petit bonhomme, comment expliquer cette note en bas de la chronique?

C'est simple, et ça tient en 5 lettres: T.U.B.E.S. Ce premier album en est rempli. C'est barré, mais tout en gardant un semblant de cohérence et d'accessibilité qui rend "There be squabbles ahead" irrésistiblement accrocheur. Imaginez Gwen Stefani (Houston, nous venons de perdre la moitié de nos lecteurs...) qui se serait paumée chez Tim Burton pour faire horriblement bref. Le présent album était sorti en 2006, mais vient d'être réédité avec la signature du groupe chez The End Records, coutumier avec ce genre de bargerie, avec la présence de groupes tels que Sleepytime Gorilla Museum (dont le bassiste Dan Rathbun produit d'ailleurs l'album), Mindless Self Indulgence ou encore UneXpect au catalogue.

En tous cas, difficile pour moi de vous définir plus précisément la musique ici-pratiquée, à moins que vous ne souhaitiez vous retrouver avec une belle étiquette même pas exhaustive qui prendrait la moitié de la chronique. Avant-garde Metal, qu'ils se définissent. Ca ne vous sera pas d'un plus grand secours. La faute à ce feu d'artifice sonore, alliant à une base (étroite) metal tendance indus, des instruments moins évidents comme accordéon (souvent présent), tuba ou trompette et des sons et bruitages virevoltants. Pas de cheveux blancs à vous faire quant à l'hétérogénéité de cette galette donc, ici il y a à boire et à manger, ça joue à la girouette à longueur de titre. J'essaye même pas de vous décrire un ou deux titres, ce serait peine perdue, et rien que d'y penser je vais aller me chercher un Aspégic. Dépatouillez-vous.

La délicieuse demoiselle au chant, Dominique, en plus de m'avoir donné la galopante envie de me réincarner en accordéon (voir le clip pour "Push Button"...), manie avec une grande aisance pattonnienne ses cordes vocales. En passant à merveille d'une voix claire tantôt langoureuse tantôt enjouée à des cris plus hystériquements écorchés, et avec des refrains aussi accrocheurs qu'un chewing gum dans vos cheveux de fillettes, comme ceux de "Awfull Fall" ou le très dansant "So Close". Surprise, quoiqu'avec eux il serait plutôt malvenu d'attendre un respect des us et coutumes métalliques, la guitare n'a pas une place prépondérante, elle est ici relativement effacée. Au profit d'une basse redoutablement efficace, très mise en avant et dotée d'un groove assez indécent, tandis que le clavier tiendra le rôle de liant entre les instruments.

C'est la batterie qui m'a amené à poser une oreille sur les bébés volés, lors de l'annonce ayant intronisé Gil Sharone, nouveau bombardier de The Dillinger Escape Plan. Monsieur a, en plus d'une aisance décourageante, un bagage musical chargé à la gueule qui sied à merveille avec la musique patchworkée de Stolen Babies. Les deux groupes seront d'ailleurs en tournée ensemble avec Poison The Well le mois prochain pour 7 dates de par chez nous. Vous n'omettrez pas de lui faire part de vos plus profonds encouragements, s'il se charge des deux concerts chaque soir, je donne pas cher de ses poignets à la fin de la tournée.

Un premier album assez impressionant dans cette inventivité et ce sens du tube immédiat qui ne perd même pas son goût au bout de 3 écoutes. Et quand je dis "tube", ça reste toujours assez formidablement haut en couleurs pour ne pas être qualifié d'FM. Et quand je dis haut en couleurs, c'est pas à moitié, hein!, c'est pas pour ceux qui croient que Mika fait un truc trop ouf' original alors qu'il ne fait que repomper Freddy Mercury et Elton John (et Dieu sait qu'ils aiment ça tous les trois... Hum, je suis dé-so-lé). En tous cas, pas de doutes, les Stolen Babies sont un groupe sur lequel on devra immanquablement compter dans les années à venir. Rien que pour la première moitié de ce disque, à l'énergie et à la fraîcheur peu commune, l'investissement est déja rentabilisé. La deuxième partie détonne peut-être un poil moins en comparaison, mais reste à un niveau olympique. Et sachez que si cette chronique n'a pas suffisament attisé votre curiosité pour aller ne serait-ce que jeter une oreille sur "There be squabbles ahead", c'est que vous devez être d'assez fantastiques blasés. Que la Honte s'abatte sur vous...


Rédigé par : Crown_me | 15.5/20 | Nb de lectures : 11769