Une solution de facilité évidente consisterait à faire de la chair à pâté de ce second album des jeunôts de Still Remains. Presque honteusement porté au pinâcle à grands renforts de pub par leur label Roadrunner suite au très molasson "Of Love And Lunacy" de 2005, le sextette américain s'est vu offrir des places de choix sur plusieurs tournées US et européennes. Or, en tout état de cause, avec ses petits caniches savants, la boîte de Monte Conner a clairement cherché à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, et ne semble pas prête de s'arrêter si l'on en juge par la bio tapageuse fournie par ses soins.

Car voici : Still Remains n'est rien d'autre qu'un groupe de rock adolescent qui, comme tous les adolescents, fait une grosse colère de temps en temps, claque la porte de sa chambre, jette son sac de cours en travers de la pièce, et hurle :"Je mangerai dans ma piaule si je veux" lorsque sa mère l'appelle pour passer à table. Là où le bât blesse, c'est que Roadrunner voudrait nous faire passer cet ado lambda pour un vrai bad boy. Imaginez un instant sans éclater de rire que Still Remains a même partagé l'affiche d'une tournée entière avec Suffocation l'an dernier ! (Ca va, vous pouvez arrêter de vous retenir de rigoler, lâchez-vous, ça finit par faire mal au bout d'un moment). Ce groupe de rock adolescent (j'insiste) s'essaye donc au métal de temps à autres, en plagiant In Flames par exemple. Il s'exprime maladroitement comme un ado (ces titres, mon Dieu, il ne leur manque qu'un "kikoo" ou un "lol" pour que le tableau soit complet), il n'a pas encore trouvé sa personnalité, et la maturité lui fait cruellement défaut. Il braille "Show me your scars" ("Montre-moi tes cicatrices"), mais n'exhibe quant à lui qu'une acné persistante. Et pourtant, on se prend à penser qu'une fois adulte, ce sera peut-être un chouette groupe. Quand il aura fini de nous casser les couilles avec sa révolte à deux balles et son mal-être d'opérette, par exemple.

A mi-chemin entre Lostprophets et la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf, Still Remains a encore du chemin à faire, un avenir à se dessiner, et même ses membres le reconnaissent de bonne guerre. Seul Roadrunner semble persuadé (sacrée méthode Coué...) que la formation a déjà atteint le sommet de son art. Si c'est le cas, qu'ils retournent à leurs études. Sinon, on attendra que jeunesse se passe.


Rédigé par : Goat Of Rahahaaz | 12/20 | Nb de lectures : 10085