Il serait facile de réduire l’œuvre de Steven Siro Vai à une suite d’albums consacrés uniquement à toutes les utilisations possibles ou imaginables des techniques et des sons de ses multiples six cordes qu’elles soient vert flashi ou transparentes. Certes, Vai a émergé à la fin des années 80, époque bénie du glam et des guitar hero de tous poils, un peu tombée en désuétude. Mais son toucher atypique l’a très vite positionné parmi la crème des crèmes et ses diverses orientations stylistiques l’ont tout aussi rapidement amenées à se démarquer d’un Satriani un peu académique ou d’un Malmsteen doué mais pompeux. Peu nombreux sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir joué à 19 ans seulement avec le grand Zappa envers qui il a toujours voué une admiration sans borne.

G3compris, c’est plus d’une dizaine de DVD (en solo ou en tant qu’accompagnateur) qui portent la griffe de celui à propos duquel il y a peu de choses à vous apprendre. Après le "Live In Astoria" de 2003, celui-ci offre la particularité de montrer le nouveau line up réuni autour de l’artiste suite au départ de MacAlpine, Donatti et Shehan.

Voici le nom des « reconduits » et des remplaçants:
Steve Vai : Chant, Guitare
Bryan Beller : Basse
Jeremy Colson : Batterie
Dave Weiner : Guitare
Alex DePue : Claviers, Violon
Ann Marie Calhoun : Chant, Claviers, Violon

Cet enregistrement a eu lieu le 19 septembre 2007 au State Theater de Minneapolis (Minnesota) pour une durée de 2h40 d’un show exceptionnel à tous points de vue. Côté setlist, il y a de l’ancien, de l’incontournable mais aussi du neuf voire de l’inédit. (cf setlist complète).

Ensuite que vous dire ? Tellement de choses et finalement si plates car Vai est un spectacle à lui tout seul. Il faut voir comment le Zappa du métal se démène pour donner du relief à son show. Accoutré de tenues excentriques à tendance new age, l’homme aux allures de dandy fin et élégant, évolue avec classe sur tous les manches de ses joujoux colorés.

D’ordinaire, le guitar hero se consomme seul dans le huis clos de l’intimité, le son monté à fond et « l’air guitare » en bandoulière. Il en va autrement avec Steve Vai. Le voir s’exprimer sur scène avec autant de vélocité et de feeling peut, il est vrai, donner des complexes aux vantards mais procure également un délicieux vertige aux amoureux de la musique avec un grand M. Car Vai est un touche à tout qui n’hésite pas à franchir les frontières pour donner libre cours à son expression. Qu’elles soient rock, jazzy, heavy ou progressive, toutes sont abordées avec un sens aigu de l’à propos.

Quand bien même la caméra suit en priorité les pirouettes magiques de « l’acrobate de la guitare » l’homme n’est ni avare ni égocentrique – un défaut généralement répandu parmi les instrumentistes surdoués. Il n’y a qu’à le voir échanger des duels complices avec ses partenaires – la belle Ann Marie Calhoun au violon – ou Bryan Beller à la basse pour se convaincre que c’est un véritable gentleman qui sait qu’il ne peut exister seul sur scène. Il a besoin des autres protagonistes pour se mettre en valeur sans dénigrer la prestation de ses partenaires admiratifs mais conscients de leur apport.

Une rumeur prétend que le guitariste, vexé de ne pas figurer parmi le classement Rolling Stone 2003 des 100 meilleurs gratteux de tous les temps, aurait fait un scandale au magazine américain. Si cette histoire est vraie, on peut comprendre sa frustration quand on voit le nombre de branleurs de manches encensés pour d’obscures raisons. On peut, on doit crier à l’injustice considérant l’apport incommensurable du sieur Vai à la technique de la guitare moderne.

Et plutôt que de s’esbaudir devant l’innombrable kyrielle de suiveurs et d’imitateurs, je préfère de loin le plaisir de voir jouer un artiste certes au-dessus du lot - et allez je vous l’accorde, un brin prétentieux - mais aussi sincère et sourcilleux quant à la qualité de ses productions. Celle-ci ne fait pas exception pour "The Wild Things Are". Le son et l’image sont au diapason de l’exigence que le Maître accorde à son travail de musicien. Le résultat est cette petite merveille de concert dont la diffusion un est véritable festival de sensations inoubliables pour nos yeux et nos oreilles.


DVD 1
01. Paint Me In Your Face
02. Now We Run
03. Oooo
04. Building The Church
05. Tender Surrender
06. Band Intros
07. Fire Wall
08. The Crying Machine
09. Shove The Sun Aside
10. I'm Becoming
11. Die To Live
12. Freak Show Excess
13. Apples in Paradise
14. All About Eve
15. Gary 7
16. Beastly Rap
17. Treasure Island
18. Angel Food
19. Earthquake Sky
DVD 2
20. The Audience Is Listening
21. The Murder
22. Juice
23. Whispering A Prayer
24. Taurus Bulba
25. Liberty
26. Answers
27. For The Love Of God
28. Bonus (Interviews et Démonstration pédale)


Rédigé par : Karadok | 18/20 | Nb de lectures : 11654