Je tiens à le préciser d'entrée, Steve Harris est l'un des musiciens (sinon LE musicien) que j'admire et respecte le plus. «This is My God» comme nous le dit la chanson, en fait. C'est pourquoi, grand fan de Maiden que je suis (et donc de Mr. Harris), je n'ai pas hésité à acheter «British Lion», sans en avoir écouté une seule note. Avec juste une vague idée de à quoi je devais m'attendre, mais pas non plus d'infos précises sur la manière dont allait sonner l'album et quel style musical il proposerait. Dès les premières écoutes, il ne fait aucun doute, ce n'est pas du heavy metal comme Steve en a toujours fait, donc pas du Maiden-like. Tant mieux j'ai envie de dire, sinon quel intérêt ?.

Si ce n'est pas du heavy, alors que nous fait le père Harris dans cette petite escapade ? Et bien sans trop de surprise, cela ressemble fortement à un 'hommage' à ces premiers amours, le hard rock (mélodique), voire le classic rock, sentant bon les 70's, porté toutefois par une vibe plutôt moderne. Il est à souligner qu'aucun titre n'a été écrit uniquement par Steve, c'est un travail de groupe (avec Richard Taylor et David Hawkins surtout) proposé sur «British Lion». Les premières écoutes de l'opus ne m'ont clairement pas convaincues, et puis petit à petit, j'ai quand même réussi à y voir de bonnes choses. Cependant et comme beaucoup de monde, la voix de Richard Taylor est l'un des (gros) points faibles à relever : trop molle, sucrée, certaines lignes vocales sonnent même carrément 'pop', je trouve qu'elle ramollit plus qu'elle ne dynamise l'album. Après ce n'est pas non plus un chanteur totalement moisi, j'apprécie notamment la manière dont il chante le refrain de 'Us Against the World' ou sa prestation d'ensemble sur le très bon 'The Chosen Ones'.

«British Lion» ne démarre pas de la meilleure des manières c'est le moins que l'on puisse dire, puisque les 2 premiers titres sont fort peu intéressants : des refrains faibles, pas de solo, les rythmiques trop en retenues, il manque une grosse étincelle pour que la sauce prenne. Légère amélioration avec «Karma Killer», titre plus passionnant et vivant, grâce avant tout aux lignes de basse du père Harris, un véritable délice si l'on y prête un peu attention. Le refrain, on aime ou on aime pas (perso ça dépend des écoutes) entre vite dans votre cerveau, et puis on ressent une certaine ambiance, sombre, voire pesante parcourir les 6 minutes d'un morceau qui aurait dû se conclure sur un solo de guitare et non pas un riff répété durant presque 2 minutes ! Ce léger mieux entrevu nous permet d'aborder le milieu de l'album en étant un peu plus confiant, ce qui est très bien, puisque c'est là que l'album est le meilleur !

En effet, la triplette «Us Against the World/The Chosen Ones/A World Without Heaven» est de très bonne qualité, et pourrait faire revoir le jugement de plus d'un, qui se serait arrêté aux 3 premiers titres. Si «Us...» est un peu molle, (mais les mélodies sont superbes et le refrain délicieux), les 2 autres font enfin preuve d'un peu «d'emballement musical». «The Chosen Ones» possède lui aussi un refrain de toute beauté (construit intelligemment, avec plusieurs paliers dans l'intensité vocale), enfin un solo de guitare (merci Mr. Grahame Leslie), et puis il dégage une aura positive, lumineuse, qui met un peu de baume au cœur. Le tempo est donc plus rapide, et cela se ressent encore davantage avec « A World Without Heaven», la pièce épique de l'album. Probablement celle qui d'ailleurs se rapproche le plus du boulot de Harris avec Maiden; la section rythmique est pleine d'allant et de dynamisme, et sa partie instrumentale est la plus réussie et complète de l'opus (à partir de 4'00, je lui trouve au passage des faux airs de «Still Life» de la Vierge de Fer, of course).

Derrière, difficile de faire aussi bien, mais si ce n'est «These are the Hands», titre quelconque, n'ayant rien de savoureux, le reste de l'album est pas trop désagréable ou chiant. «Judas» a même ma sympathie, malgré cette coupure brusque et inattendue en plein milieu du titre (pour laisser place à une guitare acoustique, très sollicitée tout au long de l'album). «Eyes of the Young», autre moment dynamique et enjoué de «British Lion» me plaît également, grâce à cette alliance guitare électrique et électroacoustique, des 'oh-oh-oh-oh...' qu'on a l'habitude d'entendre chez Maiden sont de la partie en fin de morceau, ma foi, pas désagréables du tout, et puis le refrain est encore bien joli. Enfin, à noter le temps vraiment calme que constitue «The Lesson», conclusion mélodique et très mélancolique du lion britannique. Forte en émotions et ceci avec l'aide d'un Richard Taylor très juste vocalement.

Finalement, ce premier effort solo de Mr. Harris est pas si pourri que pouvait laisser entrevoir les premières écoutes; certes c'est loin d'être un album fantastique, mais je trouve qu'à partir du 4ème titre, il se laisse progressivement apprécier. Difficile de parler d'un quelconque avenir pour la carrière solo du sieur Harris, qui démarre de manière correcte dirons nous.




Rédigé par : gardian666 | 12/20 | Nb de lectures : 14629