Il aura fallu être très patient pour voir débarquer un successeur au monumental "The Scream That Tore The Sky", sorti en 2005 chez les Polonais d'Agonia Records, album qui a atteint un certain statut dans la scène underground et qui installa par la même occasion StarGazer comme un des groupes les plus intéressants de la scène extrême. Formé en Australie en 1995, le groupe n'est pas très prolifique hormis quelques démos et split partagé avec leurs voisins INVOCATION (groupe pre-PORTAL) ou les Américains d'ARGHOSLENT et donc ce premier album d'où le fait qu'il se soit fait oublier ces dernières années. Pourtant "The Serpent Inquisitor" (guitare et chant) et "The Great Righteous Destroyer" (basse fretté et fretless) sont restés actifs (sous d'autres pseudos aussi farfelus et en passant même à la batterie le plus souvent pour le premier cité !!!) en accumulant les projets intéressants comme CAULDRON BLACK RAM ( http://www.myspace.com/cauldronblackram ), avec un death assez unique au riffing excellent et un concept sur la piraterie, qui nous aura donné deux excellents albums dont le dernier, "Slubberdegullion", vient de sortir en début d'année. Ou encore le groupe MISERY’S OMEN (http://www.myspace.com/miserysomen ) qui aura marqué les esprits en 2008 avec un "Hope Dies" typé Dark Metal qui ne ressemble à personne. Rajoutez à cela qu'ils faisaient partie de la bande qui enregistré l'ovni "Outré" des frappés PORTAL en 2007 et encore deux/trois groupes par-ci par-là (Denouncement Pyre, Tzun Tzu...), cela commence à faire un beau CV. Comme vous pouvez le voir ces deux-là semblent inséparables et furent bien occupés laissant de côté leur groupe principal, jusqu’à la sortie d’un split l’an dernier en compagnie de SACRIPHYX qui comptait un fantastique morceau de 7 minutes "Triaal By Obsidian" annonçant leur retour sur le devant de la scène, avec en plus une signature chez Profound Lore Records. Tout était donc réuni pour l'arrivée de ce tant attendu deuxième album.

Ce qui frappe aux premières écoutes, ce sont la tonne de moments forts que contient chaque titre, une nouvelle claque d’un morceau à un autre et aussi cette forte impression que le groupe a énormément progressé, avec un aspect plus accrocheur à mon goût. Pourtant la recette n’a pas changé : les Australiens jouent toujours un Death à l’ambiance occulte/ésotérique vraiment prenante, teinté d’une légère touche de Black (certaines voix par exemple), mais également quelques éléments Thrash et Heavy, avec un riffing vraiment unique et une basse encore plus présente qui est l’égale de la guitare sur cet album, juste que le songwriting est encore meilleur. Pour vous aiguiller, imaginez un mix des deux premiers MORBID ANGEL, couplé aux structures délirantes d’ATHEIST, une touche de SADUS, ABSU et même MISANTHROPE, tout en gardant à l’esprit qu’au final StarGazer ne ressemble à personne.
Toujours cette façon si spéciale de faire monter les riffs en un magma fouillé et insaisissable, mêlé à des constructions souvent labyrinthiques bien qu’accrocheuses (les multiples changements de tempos), des mélodies grandioses qui restent en tête et un foisonnement d’idée qui font que les 8 morceaux que contient l’album sont mémorables. Ce que à mon sens on ne trouve pas chez 95% des groupes qui pullulent la scène, où médiocrité et inspiration en berne règnent… C’est peut-être la force de ce nouvel album (qui a bénéficié de plusieurs années de travail), cela en devient même affolant de voir tous ces passages fantastiques dans un seul morceau. Variation et challenge seraient les maîtres mots pour décrire ce « A Great Work Of Age ».

Prenons l’exemple de « Pypes Of Psychosomatis » où l’on retrouve la patte unique de ce groupe. Une intro frénétique qui vous met déjà sur le cul avec ces riffs si particulier, un beau passage bien zen avec un solo du bassiste qui vous transporte dans un autre univers, vient ensuite un motif plus atmosphérique et lourd et enfin un final carrément épique avec une mélodie glaciale soutenue par une basse galopante.
Ou encore « Red Antlered Radiant » et ses multiples changements de tempos, le tapping du bassiste qui apporte une texture supplémentaire, les riffs étranges et le côté grandiloquent « Passing Stone - Into The Greater Sun » où la basse tient une importance primordiale avec ces petites mélodies, l’accélération dévastatrice thrashy sur « Hue-Man-Kin » porté par un chant possédé et son final mélodique sublime. Et que dire des 9 minutes de « Chase For The Serpentsong », juste fantastique, une composition à tiroirs, épique à souhait, comme ils l’avaient fait sur le précédent album avec l’immense « Ye Olde Magicks ». La pièce angulaire de l’album sans conteste et peut-être le meilleur titre qu’ils n’aient jamais composé. Et encore cette basse qui occupe l’espace, vous allez dire que je fais une fixette sur cet instrument, mais "The Great Righteous Destroyer" a pris d’avantage d’importance sur cet album (élément aussi important que la guitare chez ce groupe), son jeu léché fait mouche à chaque fois, c’est un bonheur auditif. Le nouveau batteur n’est pas mal non plus au passage.

Pas la peine d’en dire plus sur ce « A Great Work Of Ages » qui pour moi est de la marque des grands, sous aucun doute l’un des meilleurs albums de metal extrême de ces cinq dernières années, cet album a tout d’un classique. Mystique, mémorable et fabuleux !!!




Rédigé par : Arnaud | 18/20 | Nb de lectures : 14237