Les autoproductions revêtent aujourd’hui des formes diverses et variées, allant du simple CD-r glissé dans une enveloppe aux digipacks les plus chiadés. STANGALA est à la recherche d’un label, il n’est donc guère surprenant que le groupe ait opté pour le format assez basique du CD-r, mais tout de même agrémenté d’une pochette.

« C’est ça qui est bon : il faut que ça reste cru… » clame STANGALA et le moins qu’on puisse dire, c’est que le groupe, en la personne de Steven Le Moan, s’en tient à son credo : la pochette noir et blanc représentant par trois fois l’angle d’une cave à peine égayé par un étui de guitare et une bouteille de pinard. Au recto, ce même angle accueille un chevelu affalé aux prises avec sa guitare, au verso, ce même chevelu qu’on devine être en pleine tentative d’expulsion du liquide auparavant contenu dans la bouteille, le front barré des lettres « ZERO ». Les notes de ladite pochette sont à l’avenant : on y apprend que « …dans les bois » a été vomi en décembre 2007 au studio du stangala 2 » par le sieur Steven Le Moan, et lui seul, le bonhomme assurant tout de même chant, basse, guitare et programmations et remerciant par ailleurs chaleureusement les fabricants de chouchen… tout un programme…

Le disque commence plutôt pas mal, avec un morceau funèbre tendant vers le doom lo-fi se développant vers un stoner toujours aussi lo-fi, mais ne manquant ma foi pas de charme : du chouette stoner-doom donc, réalisé avec les moyens du bord et pas spécialement original… mais après tout, certains disques de black ne sont-ils pas devenus cultes avec moins que ça ? Le second morceau introduit un synthé digne de Goblin (les BO mythiques d’Argento, souvenez-vous…), puis dégénère en une power-ballade qui ne serait en elle-même pas mauvaise, si Steve nous avait épargné ce chant plaintif pseudo-poétique en français. Car il est là l’écueil essentiel de STANGALA : ce chant en français qui, lorsqu’il prend des inflexions folklorique nous ramène aux grandes heures de Matmatah, voire Alan Stivell (pour ne pas dire Manau).

L’incursion « bruitiste » crusty-punk de « L’ennui » ne sauve pas le morceau du naufrage, ni même le recours à un solo de guitare dissonant pas du pire effet. Le charme champêtre de « Glav Zo », chanté en breton (plutôt moins désagréable) rattrape presque le coup avec son classic rock très typé 70’s. S’ensuit l’intermède acoustique de « La blanche hermine », totalement en décalage avec le reste qui ouvre sur une seconde moitié de disque qui retombe dans les même écueils : si « Tout Ce Temps » pourrait revêtir un minimum d’intérêt, cette histoire de petit lutin endormi devenu amnésique gâche tout bonnement le morceau… second degré peut-être ? Quitte à chanter ce type de ritournelles, autant le faire en breton, comme sur le « Heol » qui suit, dans un délire toujours très 70’s jusque dans son interlude speedé-psyché.

L’avant-dernier morceau nous propose une polyphonie bretonne sur fond de ressac, mouettes et tambourin, heureusement en breton pour un effet « tribal-mélancolique » pas mauvais… et le dernier titre « Diskar » nous fait d’abord croire à un bon vieux Fest-Noz pour enchaîner sur un bon vieux stoner-doom gentiment celtisé, toujours aussi lo-fi, qui pâtit encore une fois du chant en français lorgnant cette fois du côté de Noir Désir.

Sentiment mitigé donc en ce qui concerne cette première galette (bretonne) qui laisse à entendre quelques bonnes idées et une personnalité originale, même si le tout reste assez « flou »… un groupe se serait formé pour faire vivre ce répertoire sur scène : qui sait si les futures prestations scéniques ne feront pas évoluer Stangala de manière intéressante ?


Rédigé par : Nico sata | 10/20 pour empêcher Steven de se noyer dans le chouchen | Nb de lectures : 11165