Sport d’adresse créé en 1994 du côté de Bialystok, le Squash Bowels a bien évolué depuis sa création ; et les différentes manifestations sonores produites au cours des années ont vu ses auteurs alterner coups de génie, coups de boules et coups bas. Le trio polonais n’est en effet pas nouveau sur la scène Grind. Mais Squash Bowels n’est pas du genre à s’avouer vaincu ; et 'Grindvirus' est incontestablement le manifeste furieux d’un groupe utilisant pleinement son expérience pour malmener les auditeurs à grands coups de brutalité racée, de compos travaillées et de Grind efficace.

Pourfendeurs d’un Goregrind baveux à leurs débuts, les Polonais ont donc peu à peu fait évoluer leurs compos pour aboutir aujourd’hui à un Grind nettement plus Core et totalement dénué de traces de Gore. Ce cheminement musical ne fut pas sans heurts, en témoigne le très moyen 'Love Song', qui faisait en fait office d’album transitoire entre le passé du groupe et son futur musical. Aujourd’hui, Squash Bowels semble épanoui dans son style, et son Grind Core s’en ressent fortement, puisque la redoutable efficacité, apanage des groupes talentueux, est ici à son paroxysme. 'Grindvirus' est en effet une ogive extrêmement puissante et efficace, véritablement taillée pour la scène.

Squash Bowels ne possède pas l’insouciance des jeunes loups, ni la naïveté des débutants, et là aussi la qualité de 'Grindvirus' peut en témoigner. Les enchaînements de rythmes et variations frénétiques de tempos évoquent un groupe qui sait ce qu’il veut, et qui le fait bien. La rage est palpable, omniprésente, mais intelligemment diluée.
Point de blast ininterrompu, Squash Bowels sait mieux que quiconque qu’une accélération ou un blastbeat hystérique voit son impact décupler lorsqu'il est placé entre deux passages moins violents. Et les régulières variations rythmiques sont ainsi très abouties, parfaitement fluides et toujours recherchées. Ne croyez pas pour autant que tout est calculé, puisque 'Grindvirus' transpire l’UG, le Grind et la sueur par tous ses pores. Mais preuve en est qu’on peut très bien pratiquer du Grind Core abrasif et puissant, tout en composant des titres construits et variés et néanmoins très rageurs. Certes, Squash Bowels ne sont pas les premiers ni les derniers à évoluer dans cette optique. Mais c’est toujours plaisant de pouvoir se délecter d’un album de cette trempe, où ce ne sont pas seulement les blasts et la violence qui règnent en maître.

Parfaitement mis en valeur par une production compacte, puissante et néanmoins rugueuse, les ralentissements disséminés sur chaque titre sont sans doute l’un des points forts de cet album, car bâtis sur des tempos variés. Cela va du mid-tempo standard au rythme rapide, en passant par des "semi" blats, des accélérations continues, des tempos rapides oscillant entre violence et furie, breaks accrocheurs et puissants.
Outre le batteur métronome, le guitariste Andy occupe également une place de choix dans la fine équipe polonaise. Car les riffs alignés par le gaillard collent parfaitement aux riches variations rythmiques, parfois incisifs, parfois acérés, parfois basiques et purement Grind, et également de temps à autre rehaussés de résurgences mélodiques du plus bel effet. Autant dire que là aussi l’expérience et la maturité sont palpables, mais tout en préservant l’aspect rugueux et rageur des compos. Lorsque les rythmes ralentissent, les riffs se font plus lancinants, s’étirent quelque peu et collent parfaitement à la lourdeur du break ; dès que les tempos ré-accélèrent, les riffs gagnent en rapidité et en violence, pour se faire le support de la rage typiquement Grind.
Paluch, le bassiste/hurleur, greffe par-dessus ses beuglements puissants et efficaces, alternant growls rauques, cris typés HxC et hurlements aigus. Point d’originalité là non plus, mais des cris suffisamment convaincants et bien ajustés pour être pertinents.

Ce trio, de par ses qualités de composition et d’exécution, associées à son expérience et sa passion, a donc tout simplement réussi à concevoir un album de Grind Core terriblement efficace, terriblement violent, et néanmoins varié. Aucun temps mort, aucune lassitude ne pointe le bout de son nez, et je n’ose pas imaginer l’impact que ces compos peuvent avoir sur scène, tant la brutalité, la rage et le groove sont en osmose.

Album exceptionnel ? Peut-être, peut-être pas, seul l’Histoire le dira. Mais en tout étant de cause, 'Grindvirus' est un excellent album de très haute qualité, indubitablement, et surtout pour ma part une excellente surprise après un 'Love song' que je n’avais guère apprécié. Du Grind, de l’efficacité, de la rage, du talent, de la passion. Que demander de plus ?


Rédigé par : ..::Ju::.. | 16,5/20 | Nb de lectures : 12725