Grandeur et décadence.
Intitulé sobrement « Spock’s Beard », le neuvième album des Américains n’est pas un double, contrairement à ce qui fût annoncé.
Di Virgilio et sa bande sont parvenus à tout mettre sur un seul CD, certes bien rempli, mais tout tient en moins de 80 minutes.
Un effort de façon vain car ce 9e album est extrêmement décevant. Si les 2 qui suivaient le départ de Morse – Fell Euphonia (2003) et Octane (2005) - avaient entretenu l’illusion qu’un avenir semblait possible après, celui-ci se montre cruellement révélateur du manque d’inspiration qui frappe la formation américaine.
Pourtant, On A Perfect Day rappelle les heures glorieuses, celles de The Light ou Beware Of Darkness et on frémit en entendant l’intro. Et l’on se dit qu’Alan Morse a dû laisser traîner ses oreilles et ses yeux sur le bureau de Neal, son frangin. A moins que ce ne soit l’inverse et qu’ayant senti le désarroi de ses ex comparses, il leur ait soufflé quelques bonnes idées. Impression confirmée quand l’instrumental Skeletons At The Feast déroule ses plus de 6 minutes de furia quasi métallique. Ça commence donc plutôt bien… mais ça ne dure pas ! Car avec Is This Love, la fanfare des débuts perd de son intensité et de son intérêt. Morse aime les Beatles et ses ex acolytes également. Mais cette antienne systématique finit par devenir lassante. Rupture et chute dans l’abîme quand survient l’apathique All That’s Left, contraste d’autant plus violent après ce qui précède.
Pavlovien dans l’âme, le fan de prog basique voit son attention ravivée par les 11 minutes 46 de With Your Kiss. La durée, y a que ça de vrai ! Manqué ! Malgré un chant captivant, l’intro est longuette. L’envol n’a lieu qu’après 4 minutes pour aboutir enfin au cœur du morceau ayant le plus de relief. Les deuxièmes et troisièmes parties ainsi que la partie finale sont plus décousues mais ne manquent pas de piquant. Un brin échevelées et déjantées, un chant et une construction à la Zappa. Pas un grand titre mais compte tenu de ce qui va suivre, on s’en contente. Passons sur les bluesy et très inégaux Sometime They Stay, Sometime They Go et Where Ever You Stand. Idem pour les 2 inutiles et soporifiques ballades que sont The Slow Crash Landing Man et Hereafter. Car voici LA suite, la masterpiece de 17’, qui doit (qui peut ?) mettre tout le monde d’accord : As Far As The Mind Can See. A l’origine, elle devait être plus longue, aux alentours des 20’. Doit-on se féliciter ou regretter cette amputation ? Les 2 mon capitaine ! Composée de 4 parties, elles donnent l’occasion aux Américains de montrer leur meilleur visage mais aussi le moins bon.
Après une intro mixte Genesis/Yes seventies, elle arbore les couleurs 80 des Toto/Alan Parson’s Project des grands soirs, période Eye In The Sky. Puis elle mêle des influences Flower Kings tendance jazzy à des réminiscences Genesis le moins flamboyant c’est à dire pop.
Sentiment mitigé et objectif partiellement atteint donc. Le titre Rearranged qui termine ce plat de résistance de 77‘ est d’une telle médiocrité qu’il est accessoire d’en dire quoi que ce soit. Le tout forme un ensemble peu homogène, peu cohérent et sans commune mesure avec ce que l’on est en droit d’attendre d’un groupe de cette trempe. Ce qui fait de ce neuvième album – le troisième de l’ère post Neal Morse – un objet moyennement convaincant et qui rabaisse Spock’s Beard au rang des formations banales, ayant certes, un potentiel éprouvé mais peu d’ambition. De la part d’un groupe qui fut le surdoué de la classe 90, c’est assez triste et affligeant. Le chant du cygne pour Spock’s Beard ?
Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 12733
Tout pareil... Groupe que j'ai beaucoup aimé fut un temps mais qui depuis le départ de Neal Morse, et malgré les très bonnes perfromances de leur-batteur-devenu-chanteur, peine à à me convaincre comme il savait le faire avant. En fait, les influences 'pop' étaient avant mieux distillées et savaient aérer les compos. Aujourd'hui, elles sont toujours là certes mais cela sent désormais l'automatisme. En fait, SPOCK'S BEARD est devenu un groupe de 'prog' comme les autres... Hélas...
nuno777 Membre enregistré
Posté le: 22/01/2007 à 15h45 - (37721)
je suis assez d'accord meme si j'aime beaucoup le morceau 4, très pop.
J'attends ton avis sur le nouveau POS que j'ai écouté tout le week end. Pour être franc, je suis complètement décontenancé par ce nouvel album qui est moins progressif et beaucoup plus fusion que les précédents, avec l'ombre de faith no more fortement présente. A par le morceau Disco Queen, qui est ...disco teinté de new age, l'album est très bon, très mélodique et en parfait décalage avec la couverture très bizarre. Peu de passages superfétatoires instrumentaux et une alternance de chants rappés et bourrés d'émotion.
Vivement la chronique.
nuno777 Membre enregistré
Posté le: 22/01/2007 à 15h46 - (37722)
je suis assez d'accord meme si j'aime beaucoup le morceau 4, très pop.
J'attends ton avis sur le nouveau POS que j'ai écouté tout le week end. Pour être franc, je suis complètement décontenancé par ce nouvel album qui est moins progressif et beaucoup plus fusion que les précédents, avec l'ombre de faith no more fortement présente. A par le morceau Disco Queen, qui est ...disco teinté de new age, l'album est très bon, très mélodique et en parfait décalage avec la couverture très bizarre. Peu de passages superfétatoires instrumentaux et une alternance de chants rappés et bourrés d'émotion.
Vivement la chronique.
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Intitulé sobrement « Spock’s Beard », le neuvième album des Américains n’est pas un double, contrairement à ce qui fût annoncé.
Di Virgilio et sa bande sont parvenus à tout mettre sur un seul CD, certes bien rempli, mais tout tient en moins de 80 minutes.
Un effort de façon vain car ce 9e album est extrêmement décevant. Si les 2 qui suivaient le départ de Morse – Fell Euphonia (2003) et Octane (2005) - avaient entretenu l’illusion qu’un avenir semblait possible après, celui-ci se montre cruellement révélateur du manque d’inspiration qui frappe la formation américaine.
Pourtant, On A Perfect Day rappelle les heures glorieuses, celles de The Light ou Beware Of Darkness et on frémit en entendant l’intro. Et l’on se dit qu’Alan Morse a dû laisser traîner ses oreilles et ses yeux sur le bureau de Neal, son frangin. A moins que ce ne soit l’inverse et qu’ayant senti le désarroi de ses ex comparses, il leur ait soufflé quelques bonnes idées. Impression confirmée quand l’instrumental Skeletons At The Feast déroule ses plus de 6 minutes de furia quasi métallique. Ça commence donc plutôt bien… mais ça ne dure pas ! Car avec Is This Love, la fanfare des débuts perd de son intensité et de son intérêt. Morse aime les Beatles et ses ex acolytes également. Mais cette antienne systématique finit par devenir lassante. Rupture et chute dans l’abîme quand survient l’apathique All That’s Left, contraste d’autant plus violent après ce qui précède.
Pavlovien dans l’âme, le fan de prog basique voit son attention ravivée par les 11 minutes 46 de With Your Kiss. La durée, y a que ça de vrai ! Manqué ! Malgré un chant captivant, l’intro est longuette. L’envol n’a lieu qu’après 4 minutes pour aboutir enfin au cœur du morceau ayant le plus de relief. Les deuxièmes et troisièmes parties ainsi que la partie finale sont plus décousues mais ne manquent pas de piquant. Un brin échevelées et déjantées, un chant et une construction à la Zappa. Pas un grand titre mais compte tenu de ce qui va suivre, on s’en contente. Passons sur les bluesy et très inégaux Sometime They Stay, Sometime They Go et Where Ever You Stand. Idem pour les 2 inutiles et soporifiques ballades que sont The Slow Crash Landing Man et Hereafter. Car voici LA suite, la masterpiece de 17’, qui doit (qui peut ?) mettre tout le monde d’accord : As Far As The Mind Can See. A l’origine, elle devait être plus longue, aux alentours des 20’. Doit-on se féliciter ou regretter cette amputation ? Les 2 mon capitaine ! Composée de 4 parties, elles donnent l’occasion aux Américains de montrer leur meilleur visage mais aussi le moins bon.
Après une intro mixte Genesis/Yes seventies, elle arbore les couleurs 80 des Toto/Alan Parson’s Project des grands soirs, période Eye In The Sky. Puis elle mêle des influences Flower Kings tendance jazzy à des réminiscences Genesis le moins flamboyant c’est à dire pop.
Sentiment mitigé et objectif partiellement atteint donc. Le titre Rearranged qui termine ce plat de résistance de 77‘ est d’une telle médiocrité qu’il est accessoire d’en dire quoi que ce soit. Le tout forme un ensemble peu homogène, peu cohérent et sans commune mesure avec ce que l’on est en droit d’attendre d’un groupe de cette trempe. Ce qui fait de ce neuvième album – le troisième de l’ère post Neal Morse – un objet moyennement convaincant et qui rabaisse Spock’s Beard au rang des formations banales, ayant certes, un potentiel éprouvé mais peu d’ambition. De la part d’un groupe qui fut le surdoué de la classe 90, c’est assez triste et affligeant. Le chant du cygne pour Spock’s Beard ?
Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 12733