Dans la grande lutte (que j'estime vitale) des étiquettes que l'on accole à tel ou tel groupe, le christiancore fait figure de bien belle aberration. Certains critiques affûtés ont tenté de définir ce créneau tant bien que mal, telle cette lumineuse tirade à la vocation définitive déclamé par un certain amateur de Mustangs : "En fait les clips que je regarde le plus c'est des trucs plus underground genre dans les caves et tout, plus des trucs dans les hangars et tout." Eh bien non, mon jeune ami, sinon, comment se permettre d'empaqueter ensembles Zao, Impending Doom et P.O.D ? Ont-ils seulement quelque chose à voir hormis le contenu de leurs textes à la gloire de Djizeuss???

Non, bien évidemment. Pourtant, à l'écoute de certains groupes de hardcore bordélique gravitant autour du label de référence en matière de metal/hardcore d'obédience catholique qu'est Solid State, j'ai bien envie de créer un sous-genre supplémentaire en parlant de mormon-core. Oui, parce que quand on regarde la composition des line-ups de Spitfire, Norma Jean, The Chariot et Scarlet, on se dit qu'il doit y avoir un peu de consanguinité dans le tas. Josh Scogin se taille de Norma Jean pour monter The Chariot, le batteur de Norma Jean se taille aussi, remplacé par celui de Spitfire, ce qui est un juste retour des choses puisque ces derniers ont accueilli jusqu'à il y a peu leur gratteux, ainsi que le bassiste et le hurleur de Scarlet qui eux sont toujours là. Z'avez rien pigé ? C'est pas grave, dites-vous juste que dans le lot de ces groupes, c'est Spitfire qui est censé être le plus déficient de la clique. Pourtant jusque-là ça s'était pas vu. Mais là ses tares viennent de transparaître au grand jour...

...parce qu'il faut quand même être sacrément demeuré pour se tirer une balle dans le pied en collant TROP d'interludes dans sa galette! Merde, ils avaient abusé du sang du Christ en studio ? Sérieux, 15 titres, 50 minutes, dont 5 titres pour 15 minutes d'interludes. Quelle bande de burnes, au rayon des boulettes "Comment flinguer l'intérêt de mon disque connement.", gardez-leur une place sur le podium. Bon, okay, je fais une fixette là-dessus, mais qui aime bien châtie bien, parce que j'attendais beaucoup de ce "Cult Fiction", après la taloche qu'avait été son prédécesseur "Self Help", et la délicieuse mise en bouche qu'était l'EP "Black Leather".

EP qui contenait également les meilleurs morceaux du présent album, donc y'a de quoi un peu tirer la moue derrière après un si bon trailer. Ils savent y faire les Ricains en matière de bande-annonce, y'a pas à tortiller. Reste quand même une poignée de titres qui lattent, tels "Arrythmia Drift" ou "Crossed" qui te feront danser le coupé-décalé, ou ce "Chemo Therapist" qui sonne quasiment comme du Will Haven période "Carpe Diem". L'âge d'Or de la musique contemporaine, cherche pas à discuter. Divin. Après, tous ceux qui ont apprécié le Will Haven plus rock'n roll et "positif" de "The Hierophant" devraient se pencher sur Spitfire, les points communs sont légions, ma préférence allant même vers ces derniers. Car ils ajoutent à cela une bonne grosse dose de hardcore épais vénère et chaotique comme sur les derniers The Chariot, tout en ayant un côté rock'n'roll plus prononcé Every Time I Die-esque, allant jusqu'à aller repomper des plans du "Sick Sick Sick" des Queens Of The Stone Age sur "Arrythmia Drift".

Oui, ça fait beaucoup de "ça sonne comme", mais leurs compos restent immédiatement identifiables, et puis les mecs débarquent pas de la dernière pluie, ça fait dix piges qu'ils tapent dans ce créneau. Bien qu'ils aient cogné moins fort cette fois-ci, puisque même avec le coup foireux des interludes mis de côté (même si certains sonnent comme leurs défunts collègues de label de Cursed), on déguste moins que sur "Self Help" qui envoyait déflagration nucléaire sur déflagration nucléaire. La faute à quelques titres un bon cran en dessous, comme "Track Marxist" avec son riff qui repompe laborieusement le "The Doorway" de Neurosis ou le chant très bancal de "Mother Earth In Labor" genre Josh Homme du pauvre, et euh... bon, en fait, ils ont merdé, ça sonne limite patchwork d'influences par moment, écueil qu'ils évitaient pourtant gracilement auparavant. Et les compos commencent à traîner la patte... Retour en arrière, copulation d'influences mal dégrossies, membres musicalement poligames, morale qui déconne pas ("Pro Life")... Ouais, mormon-core!


Rédigé par : Crown_Me | 13,5/20 | Nb de lectures : 10746