Déjà trois ans après leur Kosmocrator, Spite Extreme Wing (que j'abrégerai encore une fois SEW pour préserver la pulpe de mes doigts) envahit les platines. Quelque part dans le menu de droite, vous devriez retrouver ma précédente prose, ce qui va m'éviter une présentation fastidieuse des péripéties du combo italien. Depuis le temps, nos Ritals ont signé chez leurs compatriotes d'Avantgarde, ce qui leur vaut une plus grande couverture promotionnelle. Pour ma part, j'attendais de leur nouvel opus, un album de black/thrash avec un bon esprit old school qui sent bon sous les aisselles, une bonne piquouze d'un cocktail d'énergie et d'agressivité. A ce niveau-ci, Vltra est tout simplement une *BIP* de déception. La hargne du groupe est partie au fond des latrines, SEW tirant un trait comme la chasse sur ses précédents efforts.

De moins en moins raw au fil des sorties, SEW donnait pourtant la piste de sa nouvelle orientation via des titres comme "Il tempio ad est" dans Kosmocrator. Contrairement à ce que pourrait laisser penser l'excellente intro (les enfoirés), la cuvée 2008 met en avant la mélodie avant tout, qu'elle emprunte aux contrées suédoises. SEW ne conserve que son jeu très thrashy, dont il modère grandement les attaques, et le chant en italien qui lui sied si bien. Les guitares envoient toujours des thèmes rapides, sur fond de ronronnement d'excellentes lignes de basse. Et l'ensemble est vraiment joli tout plein, avec des mélodies principalement empruntées à Dissection et consorts. Les nostalgiques du précédent album pourront écouter en boucle le titre "IV", piste plus hargneuse de 1min36 qui suffit à donner des regrets. Mais si vous connaissiez SEW (doit pas y avoir grand monde) et que vous arrivez à imaginer qu'il ne s'agit pas du même groupe, Vltra peut s'avérer une proposition honnête de black thrashy très/trop mélodique.

Les morceaux s'étalent entre quatre et près de dix minutes. Et sur les longues plages, le groupe a toutefois du mal à nous épargner le sempiternel pont atmosphérique central, laissant entrevoir des structures de titres finalement pas si variées. Et c'est l'iceberg qui laisse entrevoir le défaut : globalement, ce nouvel album ne propose pas grand-chose d'osé, restant dans les limites de ses mélodies accrocheuses. Le seul truc un peu aventureux est la dernière piste, qui est une reprise du "Helter Skelter" des Beatles, groupe anglais géniteur du black metal comme chacun le sait. Comme pour la reprise de Kiss sur l'édition japonaise de Human, je trouve que ce genre de morceau trop "différent" a le don de me gâcher l'ambiance posée par un album. D'autant plus que le groupe a osé une voix hard FM sur le titre qui m'inspire fort peu de sympathie.

Il est certain que les auditeurs qui prennent SEW en cours de route pourront être séduits par leur black devenu très sirupeux dans un album vraiment pas mal fichu. Vltra reste plaisant à faire tourner en mp3, perdu au milieu de sa playlist Winamp, si on sait apprécier les trucs pas trop violents. Mais je me fais quand même chier à l'écoute, n'arrêtant pas de penser que j'aurais bien pris dans la face des compos bien plus vindicatives. SEW, c'est vraiment plus ma came, même si j'admets que l'album est loin d'être raté. Bon, pas facile de mettre une note dans tout ça. Pensez juste à lire la chronique avant de gueuler comme des poissonniers.


Rédigé par : Prince de Lu | 12/20 | Nb de lectures : 11306