A écouter Spite Extreme Wing (que je vais abréger SEW pour économiser ma frappe souple), à écouter SEW disais-je, on croirait avoir affaire à un groupe nordique. Hé bien non, pas du tout. Ce projet monté à la fin des années 90 est un trio transalpin qu présente ici son troisième opus. Le premier album "Magnificat" sorti en 2003 regroupait quelques inédits et le contenu des deux démos. Les deux suivants sont parus à l'été 2005 chez Behemoth Productions. Tout d'abord, "Non Dvcor, Dvco" puis ce "Kosmocrator" annoncé comme un "Magnificat" part 2. La fermeture des cols transalpins en hiver expliquent probablement l'arrivée tardive de et album sur ma platine, mais il n'est pas trop tard pour en parler.

"Kosmocrator" n'est pas en fait un véritable nouvel album de SEW. Avant que vos yeux ne s'emplissent de larmes, sachez qu'il est constitué de titres écrits entre 1995 et 2000 qui n'ont pas été couchés sur bande "pour différentes raisons", comme le précise le livret. Néanmoins, les compos de SEW sont parfaitement d'actualité et une pression sur la touche "Play" s'impose à ce stade.

Le trio propose un BM rapide, plus thrashy que "Non Dvcor, Dvco", avec quelques digressions true histoire de poser des ambiances. L'ensemble est varié et très tonique et l'album s'avère bien accrocheur de prime abord. La démarche est bien teintée old school, même si quelques passages mélodiques (notamment "Il tempio ad est") et des vocaux assez proches de Dissection font aussi penser à la scène suédoise. Mais globalement, SEW c'est du black à l'ancienne, un groupe qui comme Naer Mataron se détache de ses influences locales pour lorgner vers le Nord. Et le propos ici, c'est de rouler à 200 km/h sur l'autoroute et à contre-sens. En plus de l'extrait ci-dessous, vous trouverez deux titres dans la section Media du site du groupe.

"Non Dvcor, Dvco" avait déjà fait l'objet d'un mastering dans un bâtiment militaire, ce qui lui donnait un son avec un écho naturel assez inhabituel. Les italiens ont encore innové cette fois-ci, en enregistrant dans une vieille église du XIIème (siècle, pas arrondissement). La session a duré deux jours, profitant au maximum de la reverbe natuelle du lieu. Et le résultat est simplement excellent, preuve que quand on veut enregistrer rock et bien le faire, il suffit de savoir jouer. Les guitares sont ancrées dans les mediums/aigus. La basse est bien présente et claque ses médiums au premier plan. L'ensemble trace son chemin à fond de cinquième dans la joie et la bonne humeur. Certes ce n'est pas malsain mais c'est très efficace et ça groove. La bière s'ouvre toute seule à l'écoute du titre éponyme "Kosmocrator" une fois l'intro passée.

Hélas à mi-album, l'opus perd en intensité. L'interlude acoustique "Vvltvs" est enchaîné avec un instrumental "Monvmentvm" en deçà du reste des compos. La "Clermont" remet la purée avant la longue outro "Il volo del bicorne", assez proche de la BO d'un film SF. Le tout perd en efficacité puisque seuls cinq titres s'avèrent représentatifs du style rentre-dedans du groupe. SEW est relaps par ses velléités plus atmosphériques. Mais le groupe se limitait à un "Decadenza" suivi d'un lent "Disperazione" sur le précédent opus. Cette fois-ci, les plages de repos sont trop longues à mon goût et la note finale en pâtit.

Il reste toutefois dans ce "Kosmocrator" une poignée de compositions solides et accrocheuses qui satisferont les assoiffés de riffs lancés à fond de blasts, malgré une durée opérationnelle assez courte. Le groupe travaille actuellement sur un nouvel album déjà baptisé "Vltra". Autant dire que je l'attends déjà pour gonfler ma note...


Rédigé par : Prince de Lu | 14/20 | Nb de lectures : 13560