Nous assistons depuis quelques années à une petite floraison de groupes français adeptes des expérimentations sonores dans la lignée de Blut Aus Nord. Mêlant black metal et ambient, Spektr, Drastus, Hostis, CYT, etc sont autant de projets qui créent un pendant européen aux Américains qui suivent Leviathan. Un temps signé chez Appease Me, la structure de BAN dynamitée par Candlelight, Spektr a sorti deux albums "Et Fugit Intera Fugit Irreparabile Tempus" et "Near Death Experience". Ces sorties proposaient un mélange entre rythmiques black metal et éléments électroniques d'ambiance. Même si l'ambient avait tendance à prendre énormément de place au détriment des parties métalliques, il se dégageait une aura malsaine de ces titres grâce à des passages black plutôt bien ficelés. La ficelle est rompue avec ce nouveau mini.

Spektr s'inscrit toujours dans la même mouvance. Composé d'un membre de Battlehorns et d'un autre de Haemoth, le duo se perd durant quatre nouveaux titres dans une non-musique que je trouve personnellement très chiante. Des riffs erratiques apparaissent bien çà et là, perdus au milieu de l'absence de réelle composition. Ces riffs se ressemblent tous, alternant entre agressions raw et arpèges dissonants, et ils ne se suivent jamais, étant entrecoupés de patterns de batterie franchement inintéressants en guise de transitions. Cette négation de la structure d'un morceau donne plutôt l'impression d'assister à un master class de batterie (qui souffre un peu dans les blasts) qu'à autre chose.

Si les 23 minutes de "Mescalyne" donne cette impression, c'est aussi parce que Spektr reste toujours accessible et compréhensible. N'offrant jamais une opacité qui pourrait faire plonger l'auditeur dans un abîme de questions, ce dernier ne peut que constater qu'il n'y a justement pas grand-chose à constater et que les titres ne vont nulle part. Grosse déception pour ma part après les deux précédents albums qui regorgeaient de plages ambient mais qui démontraient un désir de faire avancer le schmilblick et interpellaient l'oreille attentive.

En l'absence d'une manière de décrire leur non-musique, on se retrouve devant un projet annoncé "au-delà de la musique", ce qui fait assez vaniteux au final. A cheval entre le génie masturbatoire et l'escroquerie, Spektr n'affiche qu'une très faible ambition et se contente de suivre un mouvement constitué d'une tripotée de projets, tous plus studio les uns que les autres. Des projets qui se ressemblent tous de plus en plus au fil des sorties comme se ressemblent tant les suiveurs de Leviathan. Espérons que des personnalités finiront par ressortir de tout ça. Et là, qui va là ? Un Spektr gadget…




Rédigé par : Prince de Lu | 03/10 | Nb de lectures : 13591