L'idée à la con de la semaine revient au groupe britannique SPEARHEAD qui partage son patronyme avec une revue d'extrême-droite célèbre au Royaume-Uni. L'expression « fer-de-lance » pouvant bien s'appliquer à n'importe quoi, il n'y a pas lieu de soumettre le groupe à quelque procès d'intention. C'est juste que ça fout mal quand on balance du gros death/black bien haineux aux thèmes volontiers bellicistes. Passons, c'est vraiment une vétille qui m'a fait rire.
Le détail moins marrant c'est que leur troisième album, « Theomachia », donne un peu le sentiment de débarquer après la bataille. Le genre de groupe très compétent qui investit avec fureur un style largement balisé sans jamais tenter d'en repousser les limites. Cette caractéristique du travail de SPEARHEAD apparaît comme une relative évidence dès les premières mesures sans que cette fâcheuse impression ne soit réellement démentie par la suite. Du coup, « Theomachia » se voit immédiatement cantonné dans la catégorie des albums pas mal du tout, dans le meilleur des cas.

Du blackened death donc, revêtu de ses plus beaux oripeaux, empruntés ici et là dans la garde-robe du MORBID ANGEL pré-tectonique, voire ANGEL CORPSE, parfois BEHEMOTH, vous voyez le truc. Gros riffs bien rampants lancés sur le boulevard de la mort à l'allure d'une Ford Falcon XB Coupe de 1973. Et ça fonctionne parfaitement pour peu qu'on ne fasse pas la fine bouche.
Le tempo baisse au moment adéquat, si bien que les titres respirent amplement, se déroulent dans une parfaite lisibilité, jusqu'au chant qui crache son aversion en toute intelligibilité. Une musique guerrière qui poursuit sa progression incontrôlable à renforts de rythmiques aussi brutales que balancées ; la cadence glisse ici et là vers le martial avec subtilité à l'image du sympathique final de « Polemos pater panton » enchaîné avec l'instrumental « Praesagium ». Autant de passages qui ne dénoteraient pas sur un bon skeud de martial ambiant avec l'outro « Aftermath ». L'attention de l'auditeur retombe néanmoins trop facilement en raison de la prévisibilité des morceaux et de l'excès de confort qui en résulte.
De la course sauvage de « Autocrator » à l'irrésistible groove de « Prey to the conquerors », « Theomachia » dévoile un éventail honnête de titres servis par un travail d'écriture cohérent et une ambiance dominée par des couleurs froides. On ne peut pas dire qu'on ait le temps de s'ennuyer, il est d'autant plus regrettable que l'album dans sa globalité ne soit pas plus mémorable.


Rédigé par : #Guillaume# | 13/20 | Nb de lectures : 13164