Après Locomotive pour l’album précédent, c’est au tour de Roadrunner de prendre SOZIEDAD ALKOHOLIKA sous son aile, signe il faut l’espérer que la renommée des Basques a enfin dépassé les frontières espagnoles et que ce septième album leur permettra enfin de s’imposer sur une scène crossover qui a besoin de ce genre de groupes.

Depuis la démo « Intoxikazion Etilika » en 1990, qui donnera un an plus tard le premier album éponyme, S.A. donne dans un thrashcore punkisant de grande classe qui ne cessera d’évoluer avec les années. A l’agression pure et dure de la première période qui culmine avec l’énorme « Y Ese Que... » en 1993, succède une ère plus massive, moins rentre-dedans et plus punk/metal dans les riffs, avec deux albums entrecoupés d’un disque de reprise, « Diversiones », sur lequel le groupe rend hommage à l’une de ses grosses infulences, RxDxP. Joao Gordo vient d’ailleurs pousser une gueulante sur un des titres de « Mala Sangre ». En 2000, SOZIEDAD ALKIHOLIKA, qui a sorti l’année précédente un live d’anthologie, « Directo », change de voie et tente de reprendre les choses là où SEPULTURA les avait laissées avec « Chaos A.D. ». Résultat en demi-teinte : morceaux néo pas folichons et mous, quasi disparition des touches hardcore et punk, premier faux pas du groupe.

Mais il en faut plus pour abattre une formation aussi engagée et après quelques déboires avec la justice qui les accuse de liens avec le terrorisme, S.A. est de retour en 2003 avec un album sombre, « Tiempos Oscuros », qui renoue avec le crossover des années 90 sans pour autant atteindre le niveau de brutalité et d’efficacité auquel ils nous avaient habitués, même si sa variété et ses pointes de mélodies en font l’album du groupe le plus complet. Il y a un an, c’est chez Roadrunner donc que sortait « Mala Sangre » en Espagne pour une arrivée française à la AIRBOURNE en mai dernier avec un titre en moins et un autre différent de la version espagnole. Premier constat, les Basques ont la rage ! Les accusations dont ils ont fait l’objet, infondées si on en juge par la relaxe du groupe, les ont à l’évidence remontés à bloc et S.A. nous offre son album le plus brutal, limite speed metal par moment, depuis « Y Ese Que… ». La fougue n’est certes pas la même qu’il y a quinze ans, mais y a pas à chier, les Basques savent toujours faire parler la poudre !

Et c’est là qu’arrive le dilemme… En effet, celui qui ne connaît que les trois derniers albums, voire les deux derniers, les plus facilement trouvables, trouvera certainement « Mala Sangre » particulièrement offensif et efficace, un bon disque à mettre en voiture sur la route des vacances. Mais celui qui ne s’est toujours pas remis de la première moitié de carrière du groupe ne pourra s’empêcher de penser que bien qu’à nouveau agressif, SOZIEDAD ALKOHOLIKA est également devenu quelque peu redondant, utilisant quasiment toujours les mêmes rythmiques speed au détriment des riffs. L’impression générale est ainsi celle d’un album monobloc, frontal mais moins percutant qu’à une époque. S.A. est devenu encore plus métal et si cela peut lui apporter quelques ventes supplémentaires et un nouveau public, tant mieux. Mais le milieu punk est également très proche du groupe par son engagement de toujours dans toutes les causes antifa, anti expériences sur animaux etc., on trouve encore pas mal de ses albums dans les distros indépendantes et cette nouvelle livraison mixée et masterisée par l’un des maîtres du son métal actuel, Tue Madsen, risque de l’en éloigner.

Quoi qu’il en soit, et même si le chant de Juan est plus linéaire qu’auparavant, (ah oui, au fait : le chant est en espagnol et assez particulier, il faut un certain temps d’adaptation…), « Mala Sangre » reste un bon album du groupe sans atteindre des sommets d’inspiration, et il est tellement bon de les savoir toujours là qu’à l’instar d’un DISMEMBER, on leur pardonnera de ne pas toujours être aussi parfaits qu’on le voudrait, petits cons de fans tout juste bons à voir le verre à moitié vide que nous sommes.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 10490