Nouveau label et vieux groupe, voilà qui fera mentir l’adage déclarant que c’est dans les vieilles gamelles qu’on fait les meilleures soupes. Avoir dans les mains l’album du retour des Toulousains, ça m’a presque arraché une larme, dites donc, les images d’une demo sur cassette Maxell remontant à la surface des souvenirs! C’était le bon vieux temps, ça, ma bonne dame, tous ces pirates virtuels en short n’auraient pas tenu une seule seconde dans les années 90, trop faibles pour cette époque dorée, tout fout le camp! Mais je m’égare, revenons plutôt à SOUTH IMPACT. Le groupe rejaillit de ses cendres et tente de profiter du relatif renouveau de la scène hardcore française. Peut-on leur en vouloir d’essayer de se tailler le bout du gras de la part du lion ? Ca va dépendre, vous me direz, et c’est ce qu’on va vérifier.

Bon, Toulouse, du hardcore, des guests venant sûrement de Fat So’, Alea Jacta Est ou encore H-Tray, il n’est pas trop difficile de vous décrire le style de musique que jouent les 4 zouaves de SOUTH IMPACT: ambiance années 90 à souhait, grosses grattes, riffs metal, break et moshparts new-school, feeling et groove old-school, un hardcore dans la directe lignée de Stormcore, Underground Society, et bien sûr Disturb, None Shall Be Saved et la clique provençale. On y retrouve exactement les mêmes qualités (efficacité, groove imparable, patte ‘frenchie’ immédiatement identifiable) et défauts (anglais bafouillé, textes stéréotypés, production un peu cheap, samples cassant le rythme) que chez tous ces groupes, éminents acteurs d’une scène éparse mais à réelle personnalité, n’en déplaise aux détracteurs et défenseurs de la thèse du déclinisme perpétuel, les partisans d’un gazon toujours plus vert ailleurs. Ceci dit, je ne sais pas ce qu’ont mangé les Toulousains, mais je trouve leur musique particulièrement emballante et pêchue pour un groupe hexagonal. Le titre introductif Another Turn Of The Crank annonce la couleur: sample extrait de ‘Boyz N The Hood’, gros riff bien gras mais surtout groovy, double chant aigu/grave des plus classiques, une batterie bien en place, et voilà que ton corps se met à bouger et réclame sa dose de 2-step! La recette nous a déjà été servie un bon million de fois, et pourtant elle fonctionne toujours, inexorablement. S’enchaînent ensuite quelques morceaux plus poussifs et anecdotiques, où les samples super originaux tirés de ‘Le Bon, la Brute et le Truand’ et les featurings de potes semblent être les meilleurs moments. Le sempiternel morceau autocentré The Rebirth abordant le retour du groupe sur la scène sonne un peu de révolte avant que l’album ne se conclut d’une manière beaucoup plus convaincante qu’il n’avait démarré. We Share The Flame, compo la plus dansante de l’album, avec sa petite touche edge-metal du cru à la Purgatory, que le groupe nous propose une seconde fois en bonus, et Worldwide prolonge l’état et porte le coup de grâce (un double-menton, sûrement) de manière radicale. Finalement, on se surprend à se remettre l’album régulièrement, à fredonner ‘One Life, One Voice, One Family In My Heart’ sans penser à l’inanité des paroles et à avoir envie de danser dans un pit chauffé par le groupe, comme à la bonne époque, celle où les karatekas restaient en kimono et où les gens dansaient vraiment. Fucking nostalgy !

Bref, un retour convaincant des Toulousains sur une scène reprenant des couleurs, mais pas non plus fracassant. Une sensation terrible de ‘déjà-entendu du côté de Marseille’ saisira l’auditeur, qui en empêchera beaucoup de s’enflammer pour ce EP. Quelques morceaux valent le détour et devraient prendre une belle dimension sur scène, c’est déjà ça de pris! Toujours est-il qu’on peut souhaiter la bienvenue à Deadlight dans la jungle sans pitié des labels punk/hardcore, et leur souhaiter chance et succès!


Rédigé par : Candiria-Thon | 06,5/10 | Nb de lectures : 10935