C’est tout connement sorti tout cela, comme cela, spontanément et tout. Une réflexion qui reflète un peu mon opinion sur ce premier album dont je n’avais pourtant alors entendu que quelques extraits sur leur page myspace : « Ah ben merde, cela a l’air carrément bien, fait chier qu’il n’y a pas par-dessus tout ça quelques bons growls d’ours des Pyrénées pour buriner un peu l’ensemble ! » Car paradoxalement, et malgré tous ses efforts pour s’en écarter, ‘Sounds of the I’ reste, pour le meilleur et pour le pire, un album de métalleux. On sent pourtant bien que ce premier album a été conçu sciemment dans le but de s’affranchir des vestes à patches et qu’il est bien instrumental non pas par dépit mais bien par choix. Fausse route assurée donc si l’on se contente de se baser sur le pedigree de ces protagonistes, soit deux ex-membres de VACARME, groupe de brutal death alsacien aujourd’hui défunt, plus Johan, guitariste de RECEUIL MORBIDE. Formé fin 2006, le groupe a déjà enregistré une démo trois titres et sort aujourd’hui son premier album, long de quarante minutes. Soit neuf morceaux se voulant avant tout un peu jazz et beaucoup prog. D'ailleurs, Madame la distorsion a été priée de se faire très discrète…

Le problème est que l’on ne peut s’empêcher d’avoir l’impression que cette mue arrive un peu tôt et que la vision que les trois membres de SOUNDS OF THE I ont du jazz-fusion est quelque peu déformée par des années passées à faire du gros qui tache. A travers le résultat, on a d’ailleurs plus l’impression d’entendre des ex-métallos encore en cours de conversion que des jazzeux accomplis. D’où un résultat impeccable sur le plan de la mise en place (comme quoi, passer des années à blaster cela forme son homme), mais qui manque de mélodies et surtout qui n’échappe pas au piège de la démonstration parfois un peu stérile, à l’image du titre exécuté à la guitare acoustique, « Between », par exemple qui ne sert à rien car se retrouvant rapidement dans un cul-de-sac après une intro plutôt prometteuse. Le pire est que le morceau qui suit (« Madness ??? ») est en contrepartie peut-être le meilleur du lot car plus énervé et faisant preuve d’un beau contraste niveau des ambiances. On note d'ailleurs que la seconde partie du disque est plus enthousiasmante que la première. Mais tout cela arrive un peu tard...

En fait, on a l’impression que si les membres de SOUNDS OF THE I assumaient mieux les racines musicales et tentaient de les marier avec leurs nouveaux penchants plutôt que de tenter de faire du sous-GORDIAN KNOT, le résultat serait d’autant plus intéressant que ce premier album éponyme hélas un peu stérile. Messieurs, je suis sincèrement désolé pour mon ton un peu dur et professoral mais plus que jamais, la technique ne fait pas tout !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 2/5 | Nb de lectures : 10237