Soul Stealer est un groupe qui vous est certainement inconnu, sauf si vous vous intéressez à la Lituanie et que vous êtes fan de l'Eurovision. Pourquoi donc ? Eh bien comme vous l'avez certainement deviné Soul Stealer est un groupe lituanien venant de Vilnius, et à la particularité d'avoir pour chanteur un certain Jeronimas Milius qui représenta la Lituanie à l'Eurovision 2008. Bon alors certes c'est pas le genre de concours le plus intéressant pour un métalleux, mais ça peut déjà donner une petite idée du talent vocal du bonhomme, qui chante à 70% dans sa langue natale sur cet opus. Autre petite info bonne à savoir, Enrikas Slavinskis, le guitariste du groupe est aussi membre du groupe Obtest, certainement le combo le plus connu du petit pays baltique.

Mais venons-en à la musique proposée par Soul Stealer. Et c'est là que ça fâche un peu: avoir un bon chanteur c'est bien, faire de bonnes compos c'est mieux ! En effet, le groupe nous propose 10 titres dépassant, à l'exception du premier titre, les 5 minutes dans un registre heavy/power metal sonnant assez moderne de par ses nombreuses parties de clavier parfois irritantes pour les oreilles et une musique plutôt "simpliste" qui se base surtout sur les parties vocales de Jeronimas. Ce n'est pas que les musiciens sont des débutants, mais cet album ne transpire pas non plus une qualité de composition exceptionnelle, à 2-3 exceptions près comme "The Reaper" titre chanté en anglais avoisinant les 8 minutes, qui pourrait s'apparenter à une compo de metal prog: 3 premières minutes speed qui risquent certainement de laisser l'auditeur écouter un peu plus l'album , avant une multitude de breaks plus posés et techniques, mais tout aussi excellents, qui et c'est un peu dommage ne retrouveront pas l'énergie déployée en début de morceau. Car avant ce très bon titre, nous avons droit à 2 compos ("Viskas, kas Turi Pradžià...", "Padėk Išnykti...") plutôt moyennes, qui sonnent trop banales pour que l'on en retienne quelque chose, malgré le côté "exotique" développé par les vocaux de Jeronimas.

Je n'ai pas vraiment envie de "taper" sur ce groupe, mais malheureusement cet album possède un certain nombre de défauts que je me dois d'énumérer: d'abord la production est moyenne et manque de profondeur (malgré une basse qui ressort bien), mais à la limite c'est pas très gênant pour un premier album et je ne pense pas que le groupe ait de gros moyens financiers pour produire son album; mais comme dit plus haut les claviers sont fort peu utiles et sonnent parfois de manière totalement kitschs ("Dar Nevėlu"). Vocalement, Jeronimas est un bon chanteur au timbre lyrique et somme tout très mélodique, mais il ne s'impose pas et manque cruellement de puissance pour scotcher l'auditeur. Et puis le niveau de composition est globalement moyen, et c'est pourquoi les 4/5 derniers morceaux sont des morceaux "passables", que ça soit la ballade "Liūdesio Miestas" qui a pour seule originalité le fait d'être chanté en lituanien, musicalement ceci a déjà été fait 1000 fois, "Plaštakė" fera taper du pied sur son refrain entraînant, mais on en viendra à détester le chanteur lorsqu'il poussera des cris aigus totalement nazes et dénués d'intérêts (et c'est pas la seule fois qu'il le fait !) durant 30 bonnes secondes...

Heureusement, tout n'est pas aussi moyen, comme l'atteste le très bon "Brolis už Brolį" dont les sonorités néo-symphoniques et ces quelques copinages guitare/claviers, portés par un tempo pêchu donne un côté aventureux au morceau, le tout soutenu par des parties de guitares endiablées ! "Vampire Woman" est un autre moment agréable à passer; si ce titre démarre de manière mélodique et propose des couplets chant/guitares électro-acoustique parfaits, il ne manque pas de prendre de la vitesse pour une fin plus rythmée, qui perd un peu de son intérêt au moment d'un refrain un poil raté. Le dernier titre de l'album est un "Too Heavy" bien speed qui pourrait faire penser à du Rhapsody en moins pompeux et grandiloquent. D'ailleurs en parlant de Rhapsdoy (of Fire), le chant de Jeronimas m'a de temps en temps fait penser à celui d'un Fabio Lione ou même Edu Falashi (Angra), si ça peut un peu donner une idée du registre du bonhomme. Mais tout de même, je dirais que chanter en lituanien fait toujours sonner le groupe de manière original au début (un peu comme quand c'est chanter en espagnol), mais en faisant davantage attention à la musique, y a pas non plus de quoi crier au génie...
En définitive un premier album quelque peu inégal réalisé de manière sans doute compliquée, qui a au moins le mérite de mettre (un peu) en avant une scène encore trop peu (re)connu...




Rédigé par : gardian666 | 12.5/20 | Nb de lectures : 12132