Il était prévisible que Soulfly sorte un nouvel album en 2012 si on suit la logique qui fait que Max Cavalera publie au minimum un opus par an alternant les sorties via Soulfly et Cavalera Conspiracy.

Pourtant en lisant une interview de Max dans le dernier Rock Hard, on apprend que le leader du groupe avait complètement oublié qu’il devait sortir quelque chose en 2012. Max était en train de glander chez lui quand sa chère et tendre manager-épouse lui rappela sur l'oreiller :
"- Tu te souviens que dans 3 semaines tu entres en studio, j'espère que tu as fini tes compos, sinon oublie pas de sortir les poubelles et va te laver les cheveux, ça sent le rat mort ici !".

Le pauvre Max avait en effet oublié de se laver les cheveux depuis quelques semaines, mais pire encore, il n'avait aucune composition pour son prochain album !

Loin de se laisser décourager Max attaqua l’écriture fissa pour être fin prêt quand le producteur Zeuss allait débarquer à la maison 3 semaines plus tard.

Cette petite histoire ouvre la porte à de multiples interprétations :
* Cet opus est-il un disque bâclé, vite torché sans projet derrière ?
* S'agit-il d'un album composé sous pression où Max Cavalera a laissé place à la spontanéité pour créer quelque chose de d'instinctif et brut ?
* Gloria Cavalera porte-elle la culotte ?
* Max Cavalera a-t-il fini par se laver les cheveux ?

Mettons fin à tant d’interrogations car seule l'écoute des 11 titres (11 sur l’édition normale et 14 sur la spéciale) issus de sessions d’"Enslaved" nous donnera des réponses …

Tout comme pour le dernier Cavalera Conspiracy, cet opus de Soulfly délaisse les orientations world music/neo/jumpdafuck au profit de sonorités crues mêlant groove power métallique, thrash metal et touches death.

Bien entendu, aucune innovation n'est à espérer, mais plutôt 11 titres efficaces où le savoir-faire de Max Cavalera prend le dessus pour proposer un album féroce et cohérent, fait rare dans la discographie du quatre cordiste brésilien ces 15 dernières années.

Si Max Cavalera optait souvent pour des titres thrash au format court joués avec un état d'esprit hardcore quand il envoyait la sauce ces derniers temps, il s'écarte du format "short but sweet" en proposant des compos plus longues aux structures très calibrées.
La surprise vient au moment où on entend des titres mid tempos aux atmosphères sombres comme sur les fins d’’American Steel’ et ‘Intervention’ ou encore la partie centrale de ‘Treachery’.

Comme tout album de Soulfy, les guests sont présents avec cette fois-ci les vocalistes Dez Fafara de DevilDriver et Travis Ryan de Cattle Decapitation pour des featuring discrets et sympas. Autre gimmick de Soulfly, le chant en portugais sur ‘Plata o Plmomo’ qui se conclut par des touches de flamenco ou encore la participation de l’ensemble de ses gamins sur ‘Revengeance’ qui conclut l’opus.

Difficile de savoir si c’est le nouveau line-up - composé du bassiste Tony Campos (Static-X, Asesino, Ministry, Possessed) et du batteur David Kinkade (ex-Borknagar) - qui a inspiré Max Cavalera de revenir du côté extrême du metal. Quoi qu’il en soit ‘Enslaved’ est l’album que les fans du Sepultura du début des 90's espéraient après ‘Dark Ages’ (2005), un disque très typé métal, accrocheur et extrême à la fois.


Rédigé par : VsGreg | 14/20 | Nb de lectures : 16695