Quatuor instrumental d’obédience stoner rock, Sons Of Alpha Centauri, que nous désignerons par les initiales SOAC pour des raisons pratiques évidentes, nous vient d’Angleterre… et ce n’est finalement pas une surprise à l’écoute des 12 titres, ou plutôt mouvements comme ils disent, qui composent leur premier disque tant des noms comme Taint ou Capricorns, peuvent venir à l’esprit.

L’incarnation actuelle du groupe date de 2004, lorsque le guitariste et le bassiste, initiateurs de la formation, s’adjoignent les services d’un batteur et d’un « manipulateur de textures sonores ». Auteur de 35 morceaux numérotés chronologiquement dans une veine stoner instrumentale usant et abusant de riffs rock alternatifs avec pour ambition d’associer un feeling classic rock à l’expérimentation d’avant-garde, le groupe nous propose en fait ici une sélection de leurs créations.

Pour ce qui est des références qu’évoque le groupe, on citera donc volontiers Taint ou Capricorns, pour ce feeling british alt-metal lorgnant vers le stoner au sens large, ou de manière plus évidente Karma To Burn pour la filiation stylistique directe. On retrouve aussi une influence Kyuss totalement assumée, flagrante au cours du second titre portant le n° 14 (et intitulé Broken Vessel si l’on en croit le site du groupe). Les morceaux suivants quant à eux nous proposent des ambiances d’abord très Sonic Youth si l’on fait abstraction du final très métallisant, puis relativement proches d’un Isis dans ses parties aériennes voire d’un Tool dans les riffs de guitare. Les morceaux dont la numérotation dépasse 20 sont indéniablement plus complexes et plus variés dans les ambiances qu’ils proposent, laissant de plus en plus de place aux arrangements ambient, nappes de claviers et textures sonores diverses, mais cela n’en fait pas pour autant une révélation dans le genre. Beaucoup de riffs pèchent par manque d’originalité, probablement en partie à cause du son de guitare souvent limite et assez typé « Jerry Cantrell » mais indéniablement plus « boggy depot » que « Alice In Chains ». Côté feeling en général, on a effectivement droit le plus souvent à du stoner rappelant tour à tour Kyuss, Queens Of The Stonage, voire Fu Manchu ou encore à du « robotic rock » comme peuvent le pratiquer Brant Bjork dans ses projets post-groupes précités (Che, The Bros) ou un groupe comme Eagles Of Death Metal, mais instrumental, et c’est peut-être là que le bât blesse : aucun vocaliste n’est là pour faire passer la relative simplicité des morceaux.

Heureusement, certains titres s’avèrent très réussis, comme par exemple cette 7ème plage (28ème « mouvement » composé par le groupe) complètement dans l’esprit d’un Yawning Man doté des muscles qui lui ont toujours manqué, le groupe instrumental du dernier batteur de Kyuss, initiateur des generator parties et du desert rock (et à qui on attribue la paternité du sublime morceau « catamaran » du dernier disque de Kyuss), ayant en effet toujours privilégié un feeling surf décontracté à un feeling métal plus frontal.

SOAC donne finalement l’impression d’être un groupe ayant exploré le champ de ses possibles, réussissant par moments à faire mouche, et à d’autres… à faire moins mouche… Il est dit que le groupe devrait enregistrer un EP de 5 morceaux neo-classiques acoustiques ces temps-ci, une manière de perpétuer ses explorations, à n’en point douter. Il est à noter que l’artwork du disque a été confié au maintenant inévitable Seldon Hunt, avec une réussite toute relative, et que Sound Devastation, le label responsable de cette sortie héberge aujourd’hui une tripotée de groupes plus intéressants les uns que les autres tout en revendiquant une philosophie DIY moderne et progressive plutôt bienvenue.


Rédigé par : NicoSata | 13/20 | Nb de lectures : 10624