En apprenant que j’allais me charger du nouveau SONIC SYNDICATE, troisième album en quatre ans et déjà deuxième pour Nuclear Blast en un an seulement, je m’étais dit que j’allais les flinguer cette fois. Que j’allais les pourrir ces petits mécheux qui croyaient qu’ils pouvaient se pointer comme ça, l’air de rien, balancer deux ou trois riffs piqués à IN FLAMES et poser un chant clair bien à la mode comme y faut et croire que ça pouvait suffire à faire d’eux plus qu’un groupe de suiveurs. Ouah les aut’, ayé y sont chez Nuclear Blast, ils balancent un album par an, style j’ai plein d’idées sous mon casque de gel ultra fixant et des tellement grosses couilles que c’est pour ça que je porte le jean en dessous du cul sinon ça fait trop mal t’imagines pas…

Je me disais donc ça… avant de recevoir le CD, de le mettre dans la platine et de me prendre une bonne grosse baffe dans la gueule ! Ces petits fumiers de Suédois ont, une fois de plus, appliqué une recette bien connue dans leurs contrées, à savoir une bonne dose de métal bien accrocheur agrémentée d’un onctueux mélange de voix claires et de vocaux bourrins. Une recette déjà appliquée sur leurs précédents albums, avec sur le premier un dosage en métal plus corsé et sur le deuxième un manque général de saveur. « Love And Other Disasters » fait en quelque sorte le lien entre ces deux disques, en redonnant aux guitares une place prépondérante tout en mettant en valeur le chant clair avec de bonnes lignes de chant. Même avec toute la subjectivité et la mauvaise foi dont j’avais décidé d’user pour faire la kro de l’album, j’ai dû me rendre à l’évidence : SONIC SYNDICATE ne sera finalement pas qu’un groupe de mélodeath moderne de plus. « Eden Fire » le laissait présager, ces ptits gars ont un sacré potentiel, que la signature avec l’un des plus gros labels d’Europe ne semble pas avoir fait flipper plus que ça puisqu’ils ont trouvé le moyen d’écrire un nouvel album qui enterre le précédent malgré leur planning plutôt chargé.

Contrairement à « Only Inhuman », qui était trop souvent mou du gland et pataugeait dans un métal moderne trop convenu (on ne pouvait plus vraiment parler de mélodeath), « Love… » est plein d’une énergie positive propre au style. Hormis le rapide « Hellgate : Worester » et ses fameux riffs sautillants qui déboule en deuxième position, tous les autres morceaux, bien que mid-tempo, ont soit une grosse rythmique pour les booster, soit un gros refrain. Pas de temps mort, même sur « My Escape », la power ballad, qui aurait pu facilement tomber dans le mièvre. Bien ficelé, bien exécuté, « Love And Other Disasters » est l’album que SONIC SYNDICATE devait sortir pour prouver qu’il avait un avenir au-delà des campagnes promo de son label. Les six Suédois prouvent qu’« Eden Fire » n’était pas un accident et qu’ils ont vraiment du talent, le reste n’étant plus qu’une affaire de goût.

Autre point positif pour le groupe, en tous cas pour moi, ils ont une mascotte. Certes le personnage n’est jamais présenté sous la même forme, mais on conserve cet aspect « organo-mécanique » qui sera encore décliné, je l’espère, en de nombreuses versions. Niveau prod, on trouve une nouvelle fois Jonas Kjellgren, le guitariste de SCAR SYMMETRY, assisté de Roberto Laghi (IN FLAMES) pour le mixage et d’Achim Koehler (SODOM, PRIMAL FEAR) au mastering pour un résultat percutant, un gros son moderne mais chaleureux, très bien équilibré. Et voilà comment, à partir d’un moule qui a été tellement utilisé qu’on est souvent tenté de croire qu’il n’en sortira plus rien de potable, on peut tomber sur de bons disques. Ils ne sera peut-être pas digne de figurer dans les annales du genre pour ceux qui ont assisté aux premiers envols des pionniers, mais le métal évolue et il faut compter avec cette nouvelle génération de groupes venus du Nord qui n’ont pas eu à effectuer le transfert du métal bourrin vers la mélodie puisqu’il était déjà fait.


Rédigé par : Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 12343