Il n’y a pas que des milliardaires pétés de thunes aux goûts douteux et Vladimir Poutine mais bien une sacrée scène metal en Russie. Il faut dire qu’avec une population totale de 142 millions d’habitants (merci wikipédia), ce serait quand même ballot s’il n’avait pas un ou deux groupes de metaaaaaaal en stock. Sauf que pour l’instant, seule la scène extrême réussi à s’exporter, et plus particulièrement ces groupes de metal à sandales, dont ARKONA (attention, Prince de Lu va faire ‘schwiiiiing’ là) reste le plus fier représentant. Or cela fait désormais presque quatre ans que le label Solitude Productions s’active dans son coin pour nous prouver qu’en terme de Dimanche après-midi passés à regarder la pluie tomber sur la vitre sale d’un appartement sans lumière ni chauffage – pour ceux qui n’ont pas compris, on parle de doom là – l’ex-URSS et ses pays satellitaires ont pas mal de mélasse en stock. Si cette structure s’est permise quelques à-côtés et signatures internationales, comme le sludge des Bataves d’HEAVY LORD ou l’ambient suisse pouic-pouic du frère spirituel de STRIBORG, VINTERRIKET, sa spécialité reste le doom/death et le funeral doom slave. Soit des groupes souvent fauchés, loin d’être novateurs mais dont l’entrain sans limite à ce genre de charme rustique inimitable pour qui cherche du bon underground de chez underground.

SOMNOLENT correspond exactement à cette description. Si son tempo ultra-balourd – on a parfois le temps d’aller acheter un croissant entre deux coups de caisse claire – et la longueur de ses titres (jusqu’à dix-huit minutes !) semble le qualifier d’entrée comme funeral doom, le groupe tape en fait plutôt dans un doom/death pachydermique. Car malgré la présence d’un claviériste à temps plein, et plutôt que de suggérer comme le veulent les canons du genre une atmosphère de rêve à grands renforts de nappes, ces Ukrainiens pèsent de tout leur poids (littéralement) sur leurs riffs aux harmoniques grinçantes et sur le chant tout-à-tour grogné puis hurlé de leur frontman. Pour une raison obscure, peut-être cette atmosphère terreuse ( ?!), ‘Monochromes Philosophy’ me rappelle l’unique album des Israéliens de Substance For God (‘Assembly Of Flower’ en 1994), notamment à cause de cette façon de laisser traîner ses pieds musicalement parlant. Volontairement, tout cela ne décolle jamais et progresse à une allure d’escargot, sans aucune envolée lyrique ou musicale derrière qui aurait pu offrir un (timide) rayon de soleil. Non, c’est doom de chez doom et donc bien déprimant mais surtout assez redondant. Histoire de redorer son blason, le groupe parle sur sa page myspace de ‘doom expérimental’ mais là franchement, je ne vois pas trop.

Confectionné par le batteur du groupe, le côté ‘falaise de Bretagne un matin de grande tempête’ (comment ça je suis chauvin ?!) de sa pochette a au moins le mérite de changer un peu, même si c’est quand même assez moche. Mais c’est globalement la seule touche d’originalité (oui, je sais, c’est léger) de ce disque ultra-conventionnel mais somme toute à fond dans son trip. Comme la grosse majorité des sorties de SOLITUDE PRODUCTIONS en gros donc…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 11/20 | Nb de lectures : 10068