Pourquoi cela ne m’étonne-t-il pas que SOLSTAFIR soit un groupe islandais ?
Peut-être parce que d’emblée, leur musique se positionne en originale, rappelant dans sa forme une sorte de doom progressive nappée de post rock et d’influences black à la PRIMORDIAL.

Je vous l’annonce de but en blanc, SOLSTAFIR est pour moi une baffe musicale, comme l’a été le "Anomia1" de BOKOR, dans un registre totalement différent, ou le "The Nameless Disease" de THE OLD DEAD TREE et surtout "The Eye of Every Storm" de NEUROSIS. Je pourrais en citer d’autres, mais ceux-là illustrent mon propos.
SOLSTAFIR est une tempête glacée. Dès les premières notes, nous voici emportés, sans espoir de retour, dans une déferlante de vagues monstrueuses, de creux abyssaux, entrecoupés d’accalmies déstabilisantes pour mieux se faire ratatiner, engloutir, refroidir par l’orage chaotique qui suit.

SOLSTAFIR est non-conformiste à la manière de ce que je viens de décrire. Ils partent dans tous les sens, nous prenant à contre-pied, nous enveloppant comme la brume matinale enveloppe le navire, puis la fureur des éléments est sur nous. Et personne n’a compris comment on est arrivé à naviguer en haute mer sans gouvernail alors que l’instant d’avant, nous remontions paisiblement l’embouchure du fleuve…

La production brute de décoffrage, digne d’un Steve Albini, renforce cette soupe primordiale d’intentions fréquentielles. Le groupe est un tout, une masse d’énergie, un maelstrom gigantesque. La musique et les mélodies sont noyées dans cette vague qui nous hypnose. Ce disque tourne d’ailleurs en boucle depuis près de deux semaines chez moi et je n’arrive toujours pas à décrocher.
Les paysages musicaux de SOLSTAFIR sont à l’image de leur pays : énormes, grandeur nature, entre violence sonique extrême, tel un volcan en éruption qui rencontre la mer glacée, et douceur tranquille des plaines à flancs de montagnes.

SOLSTAFIR est aventureux, époustouflant. Ils transcendent les genres, charriant les sentiments directement sur vous, sans prévenir. La voix transpire la sincérité, la brutalité de la mise en scène, le bouillon, le visuel dépouillé, les 70 minutes de tourbillon, tout ceci font de ce "Köld" un des disques remarquables de cette année 2009, une découverture et une confirmation car il enfonce le clou du précédent "Masterpiece of Bitterness", du même accabit.

Sautez dans le bain.


Rédigé par : Matthieu | 18/20 | Nb de lectures : 14079