Solekahn est un groupe atypique et surprenant. Leur mini-cd "Suffering winds" avait été élu par ma pomme "meilleure démo de l'année" en l'an de grâce 2002 et j'attendais ce premier album avec une impatience à peine dissimulée. Pourtant ma première vraie rencontre avec le groupe s'est matérialisée par un concert bien moyen en première partie de Samael/Cathedral à Strasbourg. Non pas que le groupe soit en cause, mais ma déception de ne pas les avoir vus avec un son à la hauteur était particulièrement grande. Leur death metal très personnel vaut pourtant largement le déplacement. Complètement décalés par rapport aux standards, il n'a pas fallu longtemps à ces Strasbourgeois pour se trouver une véritable identité et m'étonner une fois de plus. Expliquer le genre pratiqué par Solekahn tient de la gageure car leur musique ne se détache pas forcément par sa technicité. C'est plutôt la manière de composer qui est assez inhabituelle et des breaks plus qu'originaux viennent souvent s'incruster dans un death/dark metal aux riffs délicieusement imprévisibles. J'en veux pour preuve l'intro complètement déphasée, l'étrange break jazzy de "Lambs breeding monsters", la transmutation doom de "Mask through wounds" et sa contagion vers l'instrumental quasi-muet "Woodland choir", le long passage tout en lourdeur de "Sentences open", les rythmiques sans cesse changeantes de "Suffering winds" ou un "A stream" hallucinant à la fois grind, sludge, death et doom-rock tout au long de ses 13 minutes. Et tout ça est interprété dans une cohérence rare.
A aucun moment, on n'a l'impression que les compositions de Solekahn sont un assemblage de parties ramassées à gauche ou à droite. Les vocaux sont gutturaux, juste ce qu'il faut (chez Gutturo, ya tout ce qu'il faut ! Super slogan, hein ?) mais ne constituent pas l'essentiel de l'ossature du groupe. La substantifique moelle de Solekahn, au risque de me répéter, repose sur cette capacité à pondre des morceaux passionnants en n'utilisant que quelques riffs et au final on trouve une richesse énorme sans structures pompeuses, sans artifices éculés ni mascarades sonores. Ne croyez pas que ce disque est d'une écoute difficile, il n'est pas forcément très barré mais s'écoute d'une traite sans le moindre baillement. Dans cet album on trouve un peu de Voivod, un peu de Nocturnus, un peu de vieux doom, un peu de brutal death et surtout beaucoup de Solekahn. Et ça c'est très fort pour un premier album. Je ne suis en général pas un grand défenseur de la scène française mais nous tenons ici un nouvel espoir qui a le mérite d'être vraiment original. Il manque peut-être seulement au groupe quelques moyens car la production, bien qu'honorable, semble parfois étouffer dans l'oeuf de bonnes idées. Je tire donc un grand coup de chapeau à une formation qui n'a pas froid aux yeux et qui mérite amplement que vous lui donniez une véritable chance. Ca sera de toute façon la seule manière de vous faire une idée du potentiel qui est présent ici. Excellent. http://solekahn.com


Rédigé par : Loufi | 17/20 | Nb de lectures : 10736