Depuis 14 ans que je suis devenu sodomaniaque par un beau jour de l’été 1992, quand un pote bien intentionné me prêta une cassette contenant « Agent Orange » et « Mortal Way Of Live », j’ai toujours attendu avec impatience et fébrilité les nouvelles sorties de SODOM et ai toujours su très rapidement si elles feraient partie de mon Sodotop ou pas...jusqu’à maintenant.

Sur le papier, « Sodom » partait ainsi pour talonner « Tapping The Vein », « Agent Orange » et « Persecution Mania » : pochette (intérieure) gore, la plus sanglante de l’histoire de SODOM, retour d’Andy Brings (à la prod cette fois), son guitariste le plus emblématique après Frank Blackfire, avec qui le groupe a enregistré son disque le plus brutal « Tapping The Vein », et puis choix d’un album éponyme dont on attend forcément beaucoup puisqu’il évoque la synthèse et le bilan de carrière… et quoi de plus représentatif de SODOM qu’une orgie de thrash allemand bourrin et old-school ?

Visiblement, nous n’avons pas la même conception du bilan de carrière et pour les allemands, ce onzième album est à l’évidence une tentative de gagner un public plus large et s’apparente plus au black album de METALLICA qu’à une charge sauvage. Même maintenant, après trois semaines d’écoute, je ne sais toujours pas si je dois me réjouir de voir SODOM aussi à l’aise et performant dans un registre mélodique (toutes proportions gardées, j’y reviendrai) ou si je dois maudire Angelripper pour m’avoir laisser espérer que « M16 » n’était qu’un faux pas ou au mieux une petite pause pour permettre aux thrasheurs quadragénaires de reprendre leur souffle après le vindicatif « Code Red ».

Pourquoi une telle incertitude ? D’abord parce que le groupe nous a toujours habitués à des entrées en matière tonitruantes et que pour la première fois c’est un mid-tempo qui ouvre le bal, pas rassurant… D’autant qu’il faut bien admettre que « Blood On Your Lips » est daubée ! Passons, « Wanted Dead » se charge de remettre les pendules à l’heure à coup de références à SLAYER et on se dit que la hache de guerre est déterrée ! Même si elle claque moins que des « Tired And Red », « Book Burning » ou « Body Parts », elle remplit parfaitement son rôle et on se dit que Droopy, Angelripper et Bernemann ont voulu nous faire une bonne farce avant d’envoyer le pâté, comme ce premier couplet de « Outbreak Of Evil » ultra lent sur le récent double live « One Night In Bangkok ».

Et ben nooon ! « Buried In The Justice Ground » et « City Of God » dévoilent le véritable visage du SODOM de 2006 : mélodique, moderne, accrocheur et puissant, n’hésitant pas à s’inspirer aussi bien d’ ARCH ENEMY que de MEGADETH (le solo de « Buried… » est une pompe de ceux de Marty Friedman), balançant du riff death mélodique avec l’à propos d’un suédois (« Lay Down The Law », « City Of God »)… Jamais de mémoire de sodomaniaque on n’avait vu le groupe aussi tubesque, à part peut-être sur « Better Off Dead » ! Une démarche proche de celle de METALLICA pour leur « Black Album », qui ont simplifié leurs compos, ralenti les tempos et se sont concentrés sur l’écriture de morceaux accrocheurs et directs qui ne perdraient rien de la puissance pour laquelle ils étaient réputés.

Et c’est là tout le problème d’une telle démarche quand elle est adoptée par un groupe comme SODOM : les titres mélodiques sont bons, voire très bons (ne vous attendez pas non plus à du SCORPIONS, Angeripper est toujours allergique au chant clair), mais ce n’est pas ce qu’on attend d’eux, en tout cas pas moi. Je veux que SODOM soit bestial et impitoyable à l’image de sa mascotte, véritable arsenal ambulant de destruction massive, je veux sentir l’odeur des cordes chauffées à blanc et sourire béatement au son d’une rythmique aussi primaire que véloce… Je veux du SODOM quoi !

Avec un nom pareil, ils ne peuvent se contenter d’une léchouille sur le prépuce, pourtant c’est l’impression que laisse l’album avec ses morceaux mélodiques qui laisseront les bouchers sur leur faim (mais attireront peut-être un autre public jusque là réfractaire) et ses morceaux rapides qui ne les amèneront pas à l’extase espérée parce que trop peu nombreux. Si on ajoute à ce bilan une production manquant de vigueur et un artwork bien guerrier et sanglant mais inapproprié compte tenu du contenu musical, nous voilà avec un disque surprenant sur lequel SODOM révèle une finesse insoupçonnée… dont ses fans n’ont probablement que faire. Je ne peux cependant pas terminer la chronique du cd d’un de mes groupes préférés sur un point négatif, alors je choisis de me réjouir en me disant qu’après « Better Off Dead », très mélodique lui aussi, les allemands sont revenus avec le rouleau compresseur « Tapping The Vein »… Back To War !... Siouplééé m’sieur Tom…


Rédigé par : Dungorpat | 11/20 | Nb de lectures : 15205