On pourrait croire, si on se fie aux sorties estampillées SODOM (réenregistrement, DVD, réédition), que les Allemands sortent des albums comme d’autres balançaient du Napalm sur les Vietcongs, pourtant à bien y regarder, cela fait déjà quatre ans que « Sodom », dernier album studio en date, a vu le jour. « In War And Pieces » arrive donc enfin, bourré de références aux disques cultes du groupe… Tient-il toutes ses promesses, c’est toute la question…

Je ne l’ai pas caché dans la kro de l’album éponyme, justement, j’aime SODOM quand il ne fait pas de quartier, quitte à être primaire et ce, qu’il fasse du Thrash, du Thrash Death ou du Thrash’n’Crust’n’jsaispasquoi. Qu’il s’aventure sur des terrains plus mélodiques, pourquoi pas, tant que les burnes sont toujours bien accrochées (« Better Off Dead », « ‘Til Death Do Us Unite »), d’autant que la formation actuelle, la plus stable de l’histoire du groupe puisqu’elle thrashe depuis 1997, n’a rien envier aux précédentes en matière de brutalité, comme en atteste le sanglant « Code Red » paru en 1999.

Il est évident dès les premiers morceaux que le SODOM de 2010 a envie d’en découdre, comme le laissait présager le visuel évocateur d’Eliran Kantor (http://www.elirankantor.com - DETONATION, ATHEIST, SIGH, TESTAMENT, etc.), mais restait à voir pendant combien de temps... Eh bien sur à peu près la moitié de l’album, ce qui fait peu compte tenu de l’histoire du groupe, mais beaucoup compte tenu de ce qu’il nous avait donné en pâture il y a quatre ans. Il faut l’admettre, SODOM a changé ou, disons, évolué. Le commando actuel aspire à plus de finesse dans son thrash, veut montrer qu’il peut encore beuter comme avant (« Hellfire », « Knarrenheinz »), proposer des morceaux mid-tempo aux refrains simplissimes et entêtants à la « One Step Over The Line » (« The Art Of Killing Poerty »), mais également se fendre de morceaux dont Dave Mustaine pourrait revendiquer la paternité (« Styptic Parasite ») et de mélodies dont on ne l’aurait jamais cru capable (« God Bless You » et son refrain qui, lui non plus, n’aurait pas dépareillé sur un Megaskeud, « Youthanasia » par exemple).

S’il fallait rapprocher « In War And Pieces » d’un album en particulier, ce serait certainement de « ‘Til Death Do Us Unite », un album qui marquait un grand pas en avant pour Tom Angelripper, une nouvelle naissance quasiment pour son groupe après quelques années passées à galérer pour stabiliser son line-up. Comme cet album, le petit dernier offre beaucoup de variété tout en maintenant une grande cohésion entre les morceaux les plus brutaux et d’autres plus légers. Même si ma première réaction a été d’aller louer une concession dans le cimetière de la ville pour y enterrer l’un de mes groupes fétiche que je croyais définitivement agonisant, je dois admettre que l’album a son charme, voire plus.

Une fois le deuil fait du SODOM boucher, il est en effet temps de louer comme il se doit la persévérance d’un groupe qui n’en a finalement fait qu’à sa tête tout au long de sa carrière sans jamais rien donner qui ne vienne du cœur. SODOM n’a jamais cédé à la facilité, a souvent dû faire face aux critiques, a toujours dû se battre pour conserver son statut et une trentaine d’années après ses premiers blasphèmes, il faut bien lui concéder une belle créativité, même si la brutalité aveugle semble être derrière lui, comme ces fameuses punkeries ou chansons en allemand auxquelles on avait droit sur chaque disque.

Contrairement à « Sodom » dont trop de morceaux étaient simplement mous, « War And Pieces » parvient à maintenir un dynamisme constant sans pour autant que les tempos soient particulièrement élevés. Une moitié seulement des chansons sont en effet vraiment rapides et sauvages, l’autre alliant avec réussite rythmiques appuyées, mid tempo et mélodies de guitares étonnantes de finesse. Le genre de passage qui vous ridiculise un fan de SODOM en blind test !

En conclusion, Tonton Tom et ses deux amis nous offrent un disque de bon Thrash doté d’une production légèrement décevante toutefois, puisqu’elle est l’œuvre de Waldemar Sorychta (MOONSPELL, GRIP, Inc., SENTENCED), qui a pourtant pour habitude de bien faire ressortir les guitares. Elles sont ici légèrement sous-mixées au profit de la basse, très présente elle. Le son de grosse caisse est également un peu petit et quelque chose se rapprochant du son de Dave Lombardo sur le premier GRIP aurait certainement donné encore plus de patate à l’album. Ceci étant dit, on ne peut pas parler de mauvaise prod non plus et les morceaux n’en pâtissent pas plus que cela.

« In War And Pieces » est à même de rassurer les fans obtus dont je fais partie qui ne veulent pas voir leur SODOM devenir trop gentil et, surtout, de donner les moyens au trio d’être toujours dans le coup en 2010 sans avoir à faire revenir d’anciens membres du groupe à grand renfort de com.


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 15269