SLEGEST est certes le dernier rejeton d’une certaine tradition norvégienne mais pas forcément celle que vous croyez…

Projet solo dans le pur sens du terme (le dénommé Ese joue ici tous les instruments, dont la batterie, tout en enregistrant la grosse majorité dans son propre studio), il réussit selon moi là où jusqu’à maintenant SARKE a échoué, c’est-à-dire à proposer un ‘vrai’ mélange entre un hard-rock 70’s très influencé par BLACK SABBATH et un feeling froid typiquement black-metal. L’autre référence évidente de ce ‘Løyndom’, c’est bien évidemment KHOLD qui, cela tombe bien, est en ‘pause’ prolongée depuis 2008, ce qui a d’ailleurs poussé son batteur à former… SARKE. La boucle est bouclée. De là à répéter une nouvelle fois que la scène norvégienne est en train de s’étouffer elle-même à force de pratiquer l’inceste à outrance, ne faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ou alors reportez vous à ma chronique (assassine) du premier SARKE…

Bref, tout cela faisait donc autant envie qu’un plat (mal) réchauffé de raviolis Leader Price à peine décongelé. Surtout que le responsable de tout ça, un dénommé Ese, s’était fait surtout connaître pour avoir tenu la seconde guitare dans VREID pendant cinq ans, groupe de seconde zone largement trop surestimé à mon goût. Mais voilà, à la surprise générale, SLEGEST sauve l’honneur de toute sa petite bande. Sans génie, sans rien chambouler mais avec les deux petits plus qu’il fallait : un sens du groove indéniable et un goût certain en matière de sonorités vintage. Parce que rien que pour ça, ‘Løyndom’ remplit son contrat haut la main : dès l’intro du titre d’ouverture, on a presque l’impression de voir à l’action une Gibson SG de 1974 tellement cela croustille comme au bon vieux temps. Dépourvu d’effet tapageur sans pour autant manquer de patate, cet album a le genre de son purement analogue qui fait plaisir et qui sied parfaitement au concept car pour une fois, on a VRAIMENT ce que l’on nous avait promis. Si « Ho Som Haustar Aleine » ressemble par moments à une chute de studio de ‘Vol. 4’, le riff entêtant de « Løgna Sin Fiende » me rappelle, lui, furieusement celui de « Frozen Rainbow » qui ouvrait avec classe le premier album de SAXON paru en 1979 ! La seule exception est de taille et se prénomme « The Path Of No Return » : placé de façon judicieuse à mi-parcours, ce titre rajoute une guitare supplémentaire pour mieux croiser le fer avec l’autre et surtout donner dans un style nettement plus mélancolique, comme si KATATONIA avait décidé de taper le bœuf SATYRICON et BLACK SABBATH… Le pire est que c’est aussi accrocheur que tout le reste et colle bien à l’ensemble.

Quant au côté black, on pourrait croire qu’il vient surtout du chant de corbeau rappelant par moments le Nocturno Culto bien ‘evil’ de ‘Panzerfaust’ et du choix d’avoir trois chansons sur huit balancées en Norvégien. Et pourtant, sans blast ni riffs en cascades tout chelous, tout cela réussit à donner une ambiance assez froide et nordique qui se marie très bien avec ces riffs énervés mais pas trop mais bien accrocheurs. Et comme le tout a l’intelligence de ne durer que trente-cinq minutes, on n’a pas le temps de trouver le temps long. Alors certes, s’ils nous font le coup de KHOLD et nous pondent cinq albums comme ça, pas sûr que l’on soit d’accord avec la combine très longtemps. Mais pour un coup d’essai, ‘Løyndom’ impose une vision pas inédite mais pourtant plutôt personnelle et accrocheuse. Et puis ce sera toujours mieux que les derniers VREID ou SARKE, gniak gniak !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 12886