Voici un album conçu pour les masses laborieuses dévouées au culte du métal lourd, puissant et moderne. En gros, la grande majorité des hardos crasseux et bourrins qui n’ont en guise d’oreilles que des « gamates » surdimensionnées et un cerveau à l’épreuve des balles. C’est à dire vous et moi chers lecteurs ! Mais oui, mais oui, vous là, en face et arrêtez de vous cacher derrière votre gros doigt, celui qui sert à dégoupiller les canettes de bière.

Bon, j’avoue que cette intro est un peu provocante mais c’est en partie ce qui ressort de la profession de foi des 3 compères à l’origine du premier album de ce nouveau venu sur la scène qui fait du bruit.

Mark Zonder, Wayne Findlay et Gregg Analla, ce trio ne vous est pas inconnu. Zonder est le batteur de Fates Warning, Findlay fût le guitariste et claviériste de MSG et Analla le chanteur de Tribe Of Gypsies. 3 énergumènes d’age, de look et d’expériences suffisamment hétéroclites pour donner quelque chose qui ne ressemble en rien à l’éventuelle nouvelle coqueluche de néo métal d’une scène en mal de sang frais. Ça respire plutôt le projet mûri et réfléchi de 3 compères aux idées larges.

Enregistré à San Diego et d’une production spartiate due à l’ingénieur du son Joe Marlett, Slavior offre 10 compositions reposant sur une solide base heavy explosive (sic) qui mélange sans distinction ni ostracisme le néo métal, le hard bien lourd et le prog (très légèrement). Juste pour la touche intello. On replonge ainsi dans les années 90 : Machine Head – Korn – Pantera pour le côté punchy et Tool – Kings’X – Faith No More pour ceux dont l’ambition allait bien au delà du métal brut de fonderie.

Je vois vos yeux globuleux pétiller et votre langue grasse se lécher les excroissances disgracieuses qui vous servent de babines. Slurp !
Oh ! qu’oui-je, qu’entends-je, qu’acoustiqué–je ? Autant de pointures pointues et de références référentielles, il y a de quoi se tambouriner la cabane à mousse. Oui, oui, oui, je comprends votre joie à peine dissimulée. Mais du calme les enfants et allons voir et entendre de plus près ce que nous a concocté ce trio qui fait, paraît-il, autant de bruit qu’une escadrille d’A380 volant en rase motte.

Et d’ailleurs, comment font-ils à 3 seulement? Ben en jouant plus fort que les autres pardi ! Tiens, ça me rappelle quelqu’un, un autre groupe yankee – Outworld - qui prétend également nous déboucher les portugaises qu’on aurait, semble-t ’il ensablées ! Seraient pas un peu prétentieux ces ricains ?

Sauf que Slavior a délaissé les claviers inutiles et les solos tape à l’œil. Illustration : au lieu de faire briller vainement une carrosserie tout aussi rutilante que surannée, il concentre tous ses efforts sur le moteur pour en faire ronfler sans ménagement les 12 cylindres.
C’est donc pied au plancher, le cul collé au fond de votre Recaro émoussé que vous apprécierez les petits bolides que sont Shatter, Orion ou Swept Away. Après le péage, sur le parking déserté, vous prendrez un repos bien mérité, tiens en fumant pourquoi pas un p’tit oinje sur le métal reggae de Dove. Puis, vous pourrez reprendre la route sur la Red Road et son final atmo caché surprenant.

Pour un premier album, Slavior fait preuve d’une grande maîtrise et d’un savoir faire saisissant. Il est vrai que les musiciens ne sont pas des perdreaux du jour et ont roulé leur bosse au sein de groupes expérimentés. Tout ceci sonne métal frais et contemporain, alliant une technique imparable à une efficacité probante et mêlant des éléments de styles variés. C’est pourquoi il n’est pas aisé de classifier ce nouveau groupe et la musique qu’il propose. Après tout, c’est sans doute pour ces raisons que Slavior mérite le détour. Peut-être pas encore une référence – et pour cause – mais qui pourra le devenir s’il élague son métal de quelques références poussiéreuses et développe davantage sa fusion.



Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 9893