C’était à ce demander si SLAVERY allait nous sortir un album un jour. Quatre ans après le mini « To Sedate Agony », c’est enfin chose faite. Et il s’en est passé des choses pendant ces quatre années, avec des changements qui ont vu, entre autre, le départ de Cénéric Jamet leur chanteur. Certes, un promo sorti en 2003 rassurait sur l’avenir du groupe mais « War is Peace.. » s’est, décidément bien fait attendre.
C’est donc Erwann jusqu’alors guitariste qui a assuré, pour ce premier opus, l’écriture de la majorité des textes et le chant. Comme c’est aussi le même protagoniste qui a composé une bonne partie des musiques, on peut donc lui attribuer une part importante de la réussite de cette première salve.
Pendant cette période d’attente le métal-core de SLAVERY a assurément progressé, évolué, muté pour arriver à un résultat très influencé par une scène américaine en effervescence. Au prime abord « War is peace… » pourrait être perçu comme le rejeton d’un coït DILLINGER/CONVERGE mais une écoute minutieuse met en avant des subtilités intéressantes. Si le niveau des musiciens de SLAVERY est plutôt bon, à aucun moment leur musique ne tombe dans un côté technique trop démonstratif. La structure des morceaux est complexe, tortueuse un peu à l’image des branchages de cet arbre fossilisé qui orne leur pochette. SLAVERY rebute à dévoiler trop facilement les trames de ses titres sans prendre de détour. Ici rien n’est simple, les riffs les plus élémentaires prennent vite des tournures alambiquées et lorsque le groupe « simplifie » quelque peu sa démarche, c’est pour planter une accélération déconcertante. Il y a aussi tous ces petits arrangements, ces bruitages, ces fonds sonores qui contribuent à la mise en scène d’une atmosphère tourmentée. Le chant d’Erwann, déchirant et hurlé, accompagne parfaitement une musique d’où semble poindre un d’état d’urgence latent.
La production de Francis Caste (Zuul FX) sonne juste et le mastering de Jean-Pierre Bouquet (Gojira, Loudblast) assure une puissance de bonne facture. SLAVERY a mis toutes les chances de son côté pour frapper un grand coup, pourtant certains titres ont la fâcheuse tendance à se ressembler et peuvent ennuyer légèrement l’auditeur assidu qui vénère les DILLINGER et consort. Il manque encore un tout petit quelque chose qui ferait la différence entre un bon disque et un must. SLAVERY réalise tout de même avec « War is peace… » une performance non négligeable qui confortera sa place stratégique au sein de la scène parisienne et lui ouvrira certainement les portes d’une carrière nationale.
Epilogue : Depuis l’enregistrement de ce cd, SLAVERY s’est trouvé un chanteur mais a également changé de batteur. Les line-up continuent de se succéder, souhaitons qu’une stabilité s’instaure pour le bien-être du groupe.



Rédigé par : Tonton | 14,5/20 | Nb de lectures : 9704