"Slash est une pute qui est attirée par les feux de la rampe (...). En plus, il a totalement perdu son jeu de guitare."
Axl Rose

Cette gentille petite déclaration d'Axl la menace n'est pas très vieille, et elle montre encore à quel point le sympathique chanteur a des atomes crochus avec son ancien compère guitariste. Slash, lui, est beaucoup plus mesuré dans ses réponses (peut-être ne veut-il pas compromettre une éventuelle reformation) et avait déclaré laconiquement après cette agression manifeste : "Que voulez-vous que je vous dise ? C'est Axl...je suis habitué."
Il ajoutera qu'il trouve que "Chinese Democracy" est à ses yeux un excellent album et qu'Axl est le musicien le plus talentueux avec qui il a pu collaborer.
Dans le passé, je pensais qu'Axl était le seul responsable de la direction "commerciale" de GNR et que Slash était (avec Duff) le gardien du temple rock n'roll (le penchant pour Elton John d'Axl n'a pas fait que des merveilles pour le groupe).
Mais plus j'en apprenais sur le groupe, et plus je réalisais que Slash s'était plié à plusieurs compromis et que contrairement à ce que tout le monde pensait, il ne jurait pas que par le crasseux et le sauvage. Bon, Slash n'est pas un super vilain au service de Lucifer... ça fait longtemps que je crois plus aux contes pour enfants de toute façon (mais jusqu'à preuve du contraire, c'est pas lui qui a écrit "November Rain").
Indiscutablement, le mulâtre a un touché unique et a écrit de belles pages musicales du binaire. Et comme beaucoup de Metal Freaks, je ne le trouve jamais aussi bon que lorsqu'il joue des chansons aux chorus endiablés comme "Paradise City", "My Michelle" ou plus récemment "Neither can I" et "Fall To pieces".
Du coup, je m'attendais avec ce nouvel album (ou plutôt à ce premier album solo) à du rock n'roll musclé, sale et anobli par plusieurs invités prestigieux au pedigree impressionnant (enfin à deux ou trois exceptions près).
J'attendais beaucoup... et je suis déçu. Déçu par la production, la prestation de certains artistes, des facilités de compositions, des paroles par moments affligeantes et pour finir un sentiment assez désagréable... un peu comme si le bouclé avait cherché à faire de la caille plus que d'habitude... Eh oui rien que ça.
Au regard de l'affection que j'ai pour le guitar hero (et bien que j'ai toujours préféré Izzy Stradlin') c'est pas super agréable pour moi de vitupérer comme ça sur sa dernière œuvre. Parce que Slash est un guitariste fabuleux et un artiste qui a prouvé à de multiples reprises qu'il était digne de figurer parmi les plus grands. Son vibrato est unique, les couleurs qu'ils donnent à ses pentas sont originales et avec sa Les Paul et son Marshall, il a influencé des centaines de groupes en réinstallant "Le gros son" de Page et Perry au pinacle du Saint Binaire.
Slash est un grand, et quand je l'entend faire du "Big Rock Americain format radio" ça me fait un peu mal au cul.
Ne vous méprenez pas chers amis VSeurs (euses), cet album n'est pas pour autant mauvais. Les chansons sont plutôt bien écrites, les guitares sont bonnes et ça tourne carré. Mais tout est trop propre, les refrains sont calibrés et on frise le mielleux à plusieurs moment. Je risque le mot : c'est du "heavy metal à papa". Le son de Van Halen couplé avec les chansons "radio" d'Ozzy Ozbourne... j'aurais préféré le son de Motörhead avec les chansons des Stooges. Merde.
Mais s'il y a bien un truc que ce disque à d'impressionnant, c'est sa liste d'invités. Lemmy, Ozzy, Iggy, Dave Grohl, Izzy et Duff, Chris Cornell, Fergie des BEP, Ian Astbury (The Cult), M. Shadows, Andrews Stockdale (Wolfmother), Kid Rock, Myles Kennedy (Alter Bridge), Rocco Deluca etc.
Comme vous pouvez vous en douter, les prestations sont assez inégales, et les meilleurs moments ne viennent pas forcement de ceux qui ont l'aura la plus légendaire.
Au rayon des très bonnes surprises on retrouve donc "Promise" avec Chris Cornell, qui une fois de plus montre qu'il a une voix totalement unique allié à une maîtrise sans faille. En lui offrant un titre heavy et mid tempo, Slash fait un très bon choix. "Watch this Dave" est un titre instrumental où Dave Ghrol et Duff forment la section rythmique. Le morceau est tout simplement excellent et permet à Slash de nous gratifier d'un des solos dont il a le secret (chose surprenante, les bons solos ne sont pas si nombreux que ça dans l'album).
On retrouve un peu une vibe à la Metallica sur ce titre, ce qui est assez original et surprenant (ça fait au moins une surprise). Le passage calme du milieu permet à Slash de faire couiner sa cry baby et de nous livrer le meilleur moment de guitare de tout l'album.
"Back from Cali" est doté d'un excellent riff et d'une mélodie à tomber par terre. Myles Kennedy fait un boulot incroyable sur ce titre et envoie bouler la moitié des chanteurs de l'album tellement il est bon sur cette chanson.
"Nothing to say" de par son caractère très heavy (des doubles croches en palm muting n'étant pas la spécialité de Slash) se remarque dessuite, d'autant que l'infâme M. Shadows livre ici une bonne prestation. Le morceau possède aussi un très bon solo et de jolis arpèges.
J'avais peur pour le titre avec Kid Rock, mais c'est pas aussi catastrophique que ce à quoi je m'attendais. Gros format radio où on imagine bien le clip tourné dans le sud profond des Etats Unis avec pour toile de fond l'idée qu'il faut toujours se relever et ne pas laisser tomber pour ne jamais abandonner. Oui, Kid Rock est dans la place.
Fergie a plutôt une bonne vibe sur le titre qu'elle interprète et sa voix colle très bien à la musique. Ne vous étonnez cependant pas si le tout manque un peu d'âme... "Tu crois passer du rock au rap en claquant des doigts" disait Kool Shen il y a quelques années et je ne peux que lui donner raison. "Starlight" sent tout comme "I hold on" avec Kid Rock, le sud des Etats Unis. Myles Kennedys relivre ici une belle performance vocale mais le tout sonne vraiment trop gentil. On est à mi-chemin entre la ballade et le morceau rock... certainement un titre sur lequel Axl n'aurait pas craché... ce qui veut tout dire. "Saint is a sinner too" est à l'image du titre de la chanson: à éviter absolument car on est presque dans un registre country-gospel. Franchement on croit rêver.
Niveau "demi-molle" on remarque le titre avec Ozzy, "Crucified the dead", celui avec Lemmy, "Doctor Alibi", (du sous-Motörhead et à la limite je préfére le "Shake your Blood" qu'il avait enregistré avec Probot) et le titre d'Iggy, "We're all gonna die". C'est finalement le père Kilmister qui s'en sort le mieux, et pourtant quand on écoute "Doctor Alibi" on est loin de tomber à la renverse (c'est d'autant plus dommage que Lemmy est très bon quand il sort de son style "habituel"). Les patrons ronronnent et ils auraient pu se casser un peu plus le fion.
D'autant que sorti de quelques bons riffs, le Slash s'est vraiment pas foulé. Les solos ne sont pas à la hauteur de ce qu'il est capable de faire, sauf à de rares moments. Je m'attendais pas à un album de guitares mais merde quand c'est Slash, on crache pas sur les chorus.
Au final, il reste un album en demi-teinte, avec un peu plus de la moitié des titres au niveau de ce que l'on peut attendre d'un Slash. On passe donc du vraiment ennuyeux au passionnant, le tout en quelques minutes. Bien plus "américain" qu'"européen" dans son fond et sa forme, il est certain que de nombreuses personnes adoreront l'album.
Les critiques que j'ai faites de l'album peuvent de toute façon être facilement contrées, car quoi qu'on en dise les morceaux sont très bien emballés et le travail reste de qualité.
Mais pour finir, arrêtons-nous un instant sur la pochette. Lorsqu'il avait fait Snakepit, Slash avait déjà rassemblé tous les gimmicks de son "personnage" dans la cover de la pochette. C'était assez facile mais il y avait une certaine démarche artistique et cela renvoyait à Slash plutôt qu'à GNR.
Ici, il y a le crane un peu comme sur "Apetite for destruction" et surtout la bannière où est écrit "Rock n'fuckin roll" (RNFR) qui renvoie bien évident à GNFR.
Certains diront que c'est un clin d'œil et un hommage mais moi je pense que c'est une association volontaire et que le bougre, contrairement à ce qu'il dit, n'a pas du tout fait le deuil de son glorieux passé (mais bon qui ne serait pas nostalgique quand on a fait partie d'un groupe comme GNR). Si j'étais pas un fan du débonnaire guitariste, je dirais qu'il cherche à surfer la vague.
Après un "Chinese democracy" décrié et donc avec cet album "Slash" décevant, j'aimerais bien que les deux pistolleros se remettent ensemble au travail, histoire de voir s'ils n'arriveraient pas, par hasard, à recréer l'alchimie qui existait entre eux il y a de cela quelques années.


Rédigé par : pamalach | 12/20 | Nb de lectures : 13534