Duff Mc Kagan avait dit dans une interview qu'il ne pensait pas que Slash se rappelait de toutes les anecdotes qu'il racontait dans sa bio. Il confessait (même si ce n'est pas vraiment un scoop) qu'ils étaient tous dans un tel état à cette époque qu'ils avaient d'énormes trous noirs dans leurs souvenirs et ne pouvaient repenser à leurs conneries qu'à travers le discours des vieux copains témoins des années de débauches.
Que Slash ne se rappelle pas de tout ce qu'il a fait au début des Guns ne semblent guère étonnant quand on découvre tout ce qu'il s'est envoyé dans le coco. Je savais que ce n'était pas un coreux Straigh Edge, mais bon... à ce point ! Drogues, alcool, piquouses et débauches en tout genre ont abîmé le mulâtre beaucoup plus que ce j'aurais pu croire. Bêtement, j'avais tendance à considérer le guitariste comme un super héros, invincible face aux substances les plus nocives. Eh non, Saul Hudson est un homme comme les autres, qui s'est vu à trente-cinq ans posé un défibrillateur au cœur.
Si Slash a profité (et même plus que profité) de ces années folles, il a dû revoir ses abus à la baisse. L'image du junkie alcoolo perché mais génial est indissociable du personnage et du packaging du mulâtre : La Les Paul, le serpent, le haut de forme et la cigarette. Mais si le musicien est une légende vivante, c'est surtout grâce à son touché inimitable et son phrasé unique.

Car oui, pour beaucoup, Slash est un musicien incroyable animé d'un feeling guitaristique qu'on ne retrouve que chez les plus grands six-cordistes. Et en plus d'être un grand musicien qui a beaucoup vécu, Slash est un grand bavard qui, s'il a parfois pris quelques libertés avec la véracité des évènements, pouvait coller de sacrées buches lors des interview. Alors oui, mille fois putain de oui, cette bio je l'attendais plus qu'AUCUNE autre. Parce qu'elle regorge de plein d'anecdotes inconnues et parce que c'est SLASH qui raconte tout simplement.

De son enfance en Angleterre jusqu'au début de l'année 2007, Slash nous narre son histoire dans GNR puis VELVET REVOLVER. J'ai beau avoir lu beaucoup de choses sur GNR, j'ai appris des trucs que je ne savais pas. Le bouquin est pas trop mal écrit et on trouve quelques photos inédites (et superbes) qui parsèment l'ouvrage.
Si quelques petits points sont soigneusement évités (on va en parler plus tard) le guitariste n'est pas avare de détails croustillants, d'anecdotes hilarantes et globalement d'éclairages vraiment, vraiment sympa sur l'histoire des Guns.
Comme c'est son passage dans GNR qui intéresse le plus de monde, c'est cette partie-là qui est la plus détaillée. Et c'est tant mieux putain.
Slash nous parle de ces petits détails insignifiants mais indispensables sur la naissance des chansons, la façon dont elles ont été composées et comment elles ont été enregistrées. Il nous parle aussi de ses relations avec les GNR originaux à savoir Steven, Axl, Duff et Izzy. Dès qu'il parle musique et dès qu'il parle des "vieux GNR", Slash est passionnant. Ce qu'il y a de vraiment cool, c'est qu'avec le recul qu'il possède désormais, Slash a un discours tout autre que celui qu'il avait dans les années 90. Exit les critiques méchantes sur Steven et Izzy et plus de cachoteries sur sa descente en enfer... et le caractère ingérable d'Axl.

Merde, faut absolument que je vous parle d'Izzy Stradlin'. Sans ce type, tu peux retirer une grosse partie des meilleures chansons de GNR. Et après l'avoir largement « égratigné » (et c'est un euphémisme) pendant plusieurs années, Slash lui rend enfin justice, et ça, ça fait vraiment plaisir. Après avoir traité Izzy de guitariste au jeu simpliste et Steven Adler de batteur de foire, il reconnaît enfin leur importance capitale dans le son du combo à l'époque "Appetite...". Si Sorum est largement meilleur techniquement qu'Adler, il n'a pas sa folie. Et une fois que Izzy et lui étaient partis, l'esprit GNR était bel et bien parti avec eux.

" La débauche atteignait des sommets tels, du moins en ce qui nous concernait, qu'elle n'avait plus rien de choquant. Je me revois un soir dans la mezzanine après un concert avec Izzy et une fille. Nous la baisions à tour de rôle mais Izzy n'avait pas mis de préservatif ce qui a fait que quand il s'est retiré... putain il a éjaculé sur ma jambe puisque j'étais juste à côté de la fille. Ça m'a coupé net dans mon élan. Je me suis assis, je l'ai regardé par dessus la fille et j'ai dit "Heu... Izzy, mec... faut vraiment qu'on trouve un truc plus grand..."

Slash parle bien sur d'Axl en affirmant que c'est lui la grande cause de la débâcle du groupe à la fin des 90's. Il lui reconnaît un talent certain mais il affirme aussi que c'est son côté diva/psycho/tyrannique qui a précipité le groupe dans les abîmes de la médiocrité.
Outre quelques longueurs où on se fait un peu chier, ce livre fait kiffer... mais il apparaît quand on connaît bien GNR que Slash oublie de mentionner quelques passages importants de la vie du combo. C'est la limite de ce bouquin, Slash étant un personnage assez contradictoire, ayant participé à de nombreuses pantalonnades foireuses et ayant quelques fois un peu « surfé sur la vague » de son succès passé. Quand il parle du sublime solo de "Double Talkin' Jive" par exemple, il oublie un peu de dire que c'est Izzy qui le joue sur le disque. Il oublie aussi de parler de la controverse autour de "One in million" lorsque Axl chantait fièrement "Police and Niggers, that's right... Get out of my way!". Il avait dit à l'époque qu'il avait demandé à Axl de ne pas chanter un truc pareil, mais que le rouquin marteau l'avait ignoré argumentant qu'il ne visait pas tous les noirs. Ola (la mère de Slash, qui rappelons-le, est noire et qui avait hébergé Axl quelque temps) l'avait particulièrement mal pris et il est un peu étonnant qu'il ne reviennent pas sur cette histoire qui avait provoqué de vives polémiques à l'époque. Axl a toujours eu un côté réac' et homophobe (sans parler de sa misogynie galopante) et je trouve bizarre que Slash qui remue quand même pas mal de merdes dans ce bouquin laisse tout cela de côté.
On sent de toute façon tout le long du livre qu'Axl a toujours eu un certain ascendant sur Slash et je me demande s'il l'écorche pas plus parce qu'il lui fait encore un peu peur ou parce qu'il aimerait bien que le « GNR vieille mouture » se reforme un jour (même s'il dit le contraire à deux trois reprises). Mais bon mis à part deux trois petits "oublis" ce livre est une réussite.

Agréable à lire, par moments très percutant et surtout aussi attachant que l'est le guitariste, ce livre vous fera passer de très bons moments. Si vous adorez Slash, ne vous posez pas de questions et lisez cette autobiographie... quand le Pistolero se livre, on ne boude pas son plaisir et on enquille les pages.

Ps : A noter qu'une interview inédite du 7 juin 2011 a été rajouté. En guise de postface et vu que quatre ans se sont écoulées depuis la parution du livre en anglais, Camion Blanc a jugé opportun d'aller poser quelques questions actuelles au vieux bandit.


Titre : Slash : L'autobiographie
Auteur : Slash et Anthony Bozza
Traduit par : Adrienne Bernadi
Nombre de pages : 690 pages
Prix : 36 Euros
Collection : Camion Blanc


Rédigé par : Pamalach | Balafres d'un mulâtre/ | Nb de lectures : 17138