Cinq albums en à peine plus de dix ans… on ne peut pas dire que SKELETONWITCH soit un groupe de fainéants ! Énergique et fouillée, leur exigeante musique se caractérise par un mélange cinglant de Black, Thrash et de Heavy, le tout moulé dans un pantalon de cuir tenant debout tout seul... visiblement pas lavé depuis une bonne dizaine d'années si on en juge par l'odeur dégagée par le "cadavre".
Toujours auteurs à mon goût d'albums de qualité, SKELETONWITCH est un groupe assez singulier. Évidemment pas très orignal ni dans le fond ni dans la forme, le groupe n'est pas spécialement apprécié de tout le monde... mais il est difficile de leur enlever cette espèce de fougue complètement folle qui leur à permis de composer des morceaux vraiment entraînants, virils et boostés aux protéines de croissance.

Outre leurs chansons, je crois que ce que j’apprécie particulièrement chez ces Américains furieux, c'est cette capacité qu'ils ont à prendre le mors au dents pour galoper comme des dératés en fonçant droit vers l'objectif (quitte à se manger un mur ou un platane). Le plus court chemin entre deux points c'est la ligne droite non ? Tant pis pour ce(ux) qui se trouve(nt) au milieu !
Une chanson comme "This horrifying force (The desire to kill)" sur "Forever Abomination" est l'exemple musical parfait de ce que j'essaye d'illustrer avec des mots : Une grosse bourrasque d'agressivité dynamitée par d'efficaces mélodies, le tout drivé par une voix déchirée au rasoir et généreusement arrosée d'un alcool immonde et gerbant.

Une autre qualité du groupe qui n'est pas donnée à tout le monde, c'est cette manière qu'ils ont de commencer leurs chansons par des riffs assez simples puis de les "rembourrer" au fur et à mesure de notes supplémentaires, le tout sans s’embarrasser de changement de tempo ou de structure. Simple, direct et efficace.
Plus on écoute SKELETONWITCH et plus on découvre qu'ils ont bien des qualités musicales et bien des moments de bravoures à nous proposer... le soucis étant qu'ils ont tendance à s'enfermer dans ce qu'ils savent faire et que quand on écrit autant d'albums en si "peu" de temps, il y a forcément un moment où on est moins inspiré... et pour SKELETONWITCH, à mon goût, c'est maintenant.

Car oui, SKELETONWITCH n'a pas changé sa formule et propose toujours de hurler violemment à la face du monde toute sa rage en moins de trois minutes trente. Mais vous l'aurez compris, je trouve ici moins de bons morceaux que d'habitude. Mais attention, quand le groupe chope le gourdin, sa turgescence maléfique fait toujours peur à voir.
Cela commence en effet très fort avec certainement un futur "classique" du groupe "Serpent Unleashed". Échevelé et furieux, le titre possède en plus de sa folle énergie un très bon pont où le bassiste propose des fills assez audacieux et particulièrement pertinents !
Toujours très en phase avec leur propos musical, les gaziers semblent toujours aussi énervés et le chant essoré jusqu'au sang de Chance Garnett fait toujours aussi mal. On tape du pied, on jure et on crache, les barbares n'ont pas encore élimés toutes leurs haches !

Mais hélas, dés le deuxième morceau, la mayonnaise retombe mollement et il faudra attendre "I am of death (Hell has arrived)" et surtout "Burned from bones" pour que le groupe remonte à son meilleur niveau et recommence à massacrer les mesures à grands renforts de saturations séditieuses. L'album se continue ensuite sans vraiment se vautrer mais sans atteindre non plus les sommets auxquels le groupe à pu parfois planter son drapeau.
Mais si SKELETONWITCH tape un peu trop souvent dans ce qu'il sait faire de mieux, on note quelques escapades et quelques fraîcheurs comme l'introduction très heavy metal de "Unending, Everling", le son clair de la guitare débutant "More cruel Than Weak" et l'ultra sombre et inquiétant "This evil embrace".

Muni d'un artwork de toute beauté (une création du fameux Baizley John), d'une production collant parfaitement à l'esprit du groupe (œuvre de Kurt Ballou), ce "Serpent Unleashed" ne fait bien sur pas tache dans la discographie des Américains... mais marque un peu une pause dans la sauvagerie qu'a été jusqu’à présent la boucherie sonore de ces sorciers du nouveau monde.
On sait que le groupe est vaillant et prolifique... on ne lui en voudra donc pas de peut-être prendre un peu plus de temps pour laisser "venir" son prochain album et ne pas laisser leur inspiration se cristalliser dans une formule qu'ils maîtrisent mais qui s'essouffle par moments. Reste au final plusieurs cruelles batailles bien senties, et il serait dommage de s'en priver.


Rédigé par : Pamalach | 14,5/20 | Nb de lectures : 13019