"Breathing the Fire" est mine de rien déjà le troisième album de Skeletonwitch en un peu plus de 5 ans, une performance plus que respectable de la part d'un groupe américain encore jeune dans le monde du metal (sa formation date de 2003 !). Il faut dire que le groupe a pour habitude de ne pas faire des albums longs (entre 30 et 35 minutes) et ce 3ème album ne déroge pas à la règle: 36 minutes de metal extrême. Eh oui, car bien malin celui qui peut qualifier la musique de Skeletonwitch tant elle est diversifiée. Pour vous la situer du mieux que je le peux, c'est comme un (très) bon mélange de la scène thrash de la Bay Area (Testament, Slayer...), avec le black metal scandinave (Immortal, les premiers Bathory bien entendu...), le death metal aussi (pour certains vocaux principalement) et évidemment la fameuse N.W.O.B.H.M (New Wave Of British Heavy Metal).

Toute cette mixture est produite par Jack Endino (Nirvana, Soundgarden, High on Fire...) qui réalise une nouvelle fois un travail exemplaire en évitant de faire sonner la musique du groupe comme trop chargée et puissante, ce qui dénaturerait la folie de cet album. Nous n'avons pas affaire à une production certes monstrueuse, mais juste ce qu'il faut pour que l'on apprécie la présence de chaque instrument (ainsi la basse de Evan Linger n'est pas oubliée, et c'est tant mieux) ! Il y a un côté "esprit des années 80" qui ressort notamment au niveau de la prestation du batteur Derrick Nau qui n'a pas un jeu très complexe, mais dont les divers breaks et la fougue rappellent sans problème le thrash californien. Si l'album ne dure pas très longtemps, c'est que les morceaux sont souvent courts (2/3 minutes) mais pas pour autant répétitifs, le groupe brassant large au niveau de ses influences. Les riffs sont souvent bien thrash, avec cette vivacité et cette précision que l'on pourrait qualifier de "chirurgicale" tant l'exécution est parfaitement maîtrisée.

Et l'on peut dire que l'album démarre sur les chapeaux de roues, avec les deux brulôts emplis de rage que sont "Submit to the Suffering" et "Longing for Damnation" dont les blasts et les riffs purement black viennent compléter ce morceau des plus fracassant. Un départ en fanfare qui éclipse peut-être un peu la suite de l'album qu'il ne faut pas pour autant négliger. En effet, le groupe s'en sort remarquablement bien pour proposer des solis de qualité dans un style qu'Iron Maiden ne renierait pas ("Released from the Catacombs", "Blinding Black Rage") et nous montre que même en pratiquant une musique à première vue simpliste, on peut faire des choses plus recherchées et un poil plus techniques. Et comme ça ne suffisait pas, le groupe a l'intelligence de ralentir de temps en temps le tempo et de rajouter des touches plus mélodieuses qui bien que discrètes, permettent d'aérer toute cette fureur musicale ("Stand, Fight and Die", "Repulsive Salvation"), un peu à la manière d'un Immortal période "Sons of Northern Darkness".

Le côté extrême est tout de même le plus dominant sur cet album, et on est bien souvent plongé dans une violence musicale pleine de haine comme sur "Crushed Beyond Dust", véritable hommage à Sodom, ou encore l'utilisation et du chant black et des growls typés death metal de "The Despoiler of Human Life", qui montre à quel point Chance Garnett, le vocaliste a la capacité de moduler son chant. Personnellement, Skeletonwitch nous sort là un album d'une efficacité redoutable, sans originalité, dont le mérite est de nous proposer un melting-pot loin d'être évident, mais maîtrisé de A à Z. Attention toutefois à ne pas tourner en rond dans le futur, cela en deviendrait certainement lassant. Mais pour le moment, régalez-vous avec cette galette surboostée, à ne pas faire écouter aux âmes sensibles !




Rédigé par : gardian666 | 15/20 | Nb de lectures : 11296