Derrière ce patronyme ce cache six (sans déconner !) chiliens qui entendent bien prouver au reste du monde qu’en Amérique du sud il n’y a pas que le Brésil qui a son mot a dire en terme de métal. Si on peut leur reprocher une pochette ressemblant a s’y méprendre à celle d’un jeu pour playstation et des tenues identiques pour chacun des musiciens avec uniquement la couleur du logo qui change pour les différencier (comme bioman et power ranger), on ne peut certainement pas leur reprocher un quelconque manque de détermination.
De l’autre côté de l’atlantique, ces six gars ont eu le temps d’assimiler ce que Ayreon et Rhapsody ont produit ces dernières années. Du premier il a gardé le goût de l’opéra métal et des concepts ambitieux. Du second il a gardé la forme d’expression, un métal orchestral très symphonique, en prenant soin d’en éluder les aspects les plus kitsh et convenus. Et comme les gaillards ont également jeté une oreille sur ce que Therion a accompli depuis « Theli », ils ont associé au tout des chœurs puissants qui mettent la touche finale à ce concept ambitieux.
Possédant de grandes capacités techniques associées à un sens de la composition affirmé, le groupe propose une œuvre aboutie, très dense, s’étalant sur 17 titres. La densité est l’impression qui se dégage de la première écoute, plusieurs choses se passent en même temps et il est difficile de toutes les saisir en une seule fois, la faute peut être à un mix qui ne permet pas à chacun d’être entendu comme il le mérite. Mais il faut relativiser, la production est quand même d’un haut niveau. De toutes façons, même avec la meilleure des productions qui soit il faut peu de chose pour passer de la densité au brouhaha sonore, Six Magics reste toujours du bon côté de la ligne car ce sont la composition et l’interprétation qui font la différence. Certaines petites mélodies au piano ne se révèlent qu’après plusieurs écoutes alors quelles étaient là, tapies en embuscade derrière le mur de guitares. D’autres sont plus directes et font appel au folklore local comme l’utilisation d’une flûte de pan en accompagnement d’une guitare sèche sur l’intro (ce qui donne une coloration « el condor passa » fort appréciable) idem sur l’intermède instrumental « rising of the island ». Le groupe se montre d’ailleurs très talentueux lorsqu’il s’agit de composer des petits intermèdes acoustiques riches en atmosphères. Ne s’imposant aucune limite le groupe arrive encore à greffer un violon sur cet ensemble déjà bien fourni en gardant à l’esprit la frontière entre chaos sonore et richesse instrumentale que j’évoquais tout à l’heure. L’album est fortement mélodique mais évite le piège de tomber dans le cliché avec tous les automatismes afférents. Six Magics a trouvé ses propres solutions, une batterie dynamique et syncopée peut être la solution pour mettre en valeur des chœurs puissants : « Chaos en fury » qui ouvre l’album tambour battant ou encore « Goddessof the sea » avec des guitares virtuoses en prime. En contrepoids de la profusion de chœurs therionesques Six magics possède un chanteur lead qui moduleson chant clair de façons différentes sans jamais le forcer à outrance.
Sur plus d’une heure ce groupe chilien développe un métal symphonique de haute volée qui n’a pas à rougir face aux standards européens prouvant que dans ce style complexe et casse-gueule il est encore possible de faire de bonnes choses. Cet album n’apporte rien de bien neuf mais possède une dose d’énergie et de détermination qui compense largement.


Rédigé par : Dark Tranquilou | 15.5/20 | Nb de lectures : 9740