S’il y a des albums qui se font attendre avec l’impatience fébrile du jeune père dans la salle d’attente de la maternité, d’autres en revanche ne suscitent que l’indifférence la plus totale, voire même pire : un certain mépris. Non pas que ces derniers soient tous mauvais, loin de là. La plupart sont juste des albums dont on a fait le tour sitôt la première écoute achevée. Remettre une seconde fois de tels disques apparaît comme indéniablement superflu et inutile. Pourquoi perdre son temps avec des albums médiocres alors que le nombre de galettes qui valent le détour va grandissant ?
C’est triste à dire mais 6FU s’est fait champion de ce type de disque depuis l’excellent « Maximum Violence » qui reste la dernière trace de talent des membres du groupe. Et à chaque nouvel album qui sort, Barnes et sa bande nous promettent un retour aux sources, un album qui va nous mettre sur le cul, « leur meilleur album à ce jour » et autres raccourcis promotionnels pour nigauds ou naïfs. Ainsi « 13 » s’inscrit dans la lignée de ces albums de 6FU qui propose un death métal mollasson, sans réelle efficacité, avec ces mêmes titres gorgés de riffs élémentaires pour ne pas dire simplistes. Non pas que l’écoute de « 13 » soit vraiment pénible, ça n’est pas le cas. La voix de Barnes reste aussi intéressante même s’il exagère moins dans les aigus qu’auparavant. Son chant est même un peu moins surproduit que dans le passé. A croire que l’ego de ce bon vieux Chris s’est dégonflé en même temps que la citrouille qui lui tenait lieu de tête. La mise en place est sans bavure, le son est suffisamment roots pour coller à l’étiquette old school et le groupe se fend même d’une paire de titres un peu plus rapides (« Shadow of the reaper », « The Art of Headhunting ») sans trop déroger à son sacro-saint mid-tempo-deux-de-tension.
Seulement voilà, après une écoute on a fait le tour complet de l’album et une seconde audition ne soulève que l’ennui face à un death métal aussi conformiste que peu convaincant. Le problème majeur de 6FU ne réside pas dans son style car il est possible de faire des albums super efficaces en ressassant toujours la même recette. Des milliers de groupes le font et réussissent à soulever l’enthousiasme alors que la bande à Barnes vire à l’auto parodie. Le mal ne vient-il pas du fait que 6FU a définitivement perdu sa flamme et que, comme son nom l’indique, il repose déjà six pieds sous terre et se refuse à l’admettre. Je n’ai même pas envie d’être plus dur avec ce disque car je ne trouve rien de plus triste et decevant que le talent lorsqu’il n'est pas exploité. « 13 » est meilleur que « Bringer of Blood » mais est-ce suffisant ?


Rédigé par : Tonton | 09/20 | Nb de lectures : 12452