Entre deux tournées de MÖTLEY CRÜE, chaque membre du groupe nous a récemment gratifié d'un album solo. A part le grand Mick Mars, qui bosse toujours sur son éternel album de Blues Rock... Vince Neil a sorti un disque de reprises (avec deux compos inédites), le sympathique « Tattoos & Tequila », accompagné d'une autobiographie du même nom (un produit -il n'y a pas d'autre mot- d'une rare vacuité!). Tommy Lee nous a offert un second opus de son projet fourre-tout METHODS OF MAYHEM (sur lequel il y a encore à boire et à manger). Et Nikki Sixx revient donc avec un nouveau disque de SIXX : A.M., quatre ans après l'excellent premier album « The heroin diaries soundtrack » (sans oublier le EP live « Live is beautiful » sorti en 2008).

L'équipe de musiciens/compositeurs est toujours la même. A savoir Sixx à la basse, DJ Ashba à la guitare et James Michael au chant (ainsi qu'à la seconde guitare, à la batterie, aux claviers, et chargé également de la production et du mix, rien que ça!). Des tueurs chacun dans leur domaine, Ashba ayant été le guitariste et principal compositeur du premier opus des BEAUTIFUL CREATURES sorti en 2001 (monstrueux disque de Hard U.S. moderne!), et joue dans GUNS N' ROSES depuis 2009. James Michael, quant à lui, est devenu un compositeur de renom depuis le début de sa collaboration avec Nikki Sixx sur l'album « New tattoo » de MÖTLEY, et a produit aussi « Humanity hour I » de SCORPIONS, « Saints of Los Angeles » du CRÜE et le dernier HAMMERFALL. Une dream-team dont Nikki ne se sépare plus puisque ce sont aussi ces trois-là qui étaient responsables, avec l'aide de Mick Mars et Marti Frederiksen, du fabuleux « Saints of Los Angeles » de MÖTLEY CRÜE (2008).
Le premier album de SIXX : A.M. avait été composé pour être la bande-son du livre « The heroin diaries » de Nikki (excellemment chroniqué dans ces pages par l'ami Pamalach). Le disque proposait un Hard Rock moderne, sombre et parfois orchestral (sur lequel planait par moment l'ombre de QUEEN). Avec notamment trois morceaux instrumentaux, narratifs, qui reliaient les titres entre eux; donc un vrai concept-album en soi.

Sixx a couplé encore une fois la sortie de ce nouveau SIXX : A.M. avec celle de son nouveau livre, intitulé « This is gonna hurt : music, photography and life through the distorted lens of Nikki Sixx ». Un livre de photos de Nikki, principalement composées de freaks (dans le but de montrer que la beauté d'une personne n'a rien à voir avec les canons physiques imposés par notre société), et aussi de textes écrits par le bassiste du CRÜE, dans lesquels il parle de plein de choses : ses deux groupes, la vie en tournée, ses passions, son évolution personnelle, sa vision de la vie, etc.
L'approche des compos était différente cette fois. Pas question ici d'écrire un nouveau concept-album, avec des morceaux dont les textes seraient en rapport direct avec des passages du livre de Nikki. Les paroles de « This is gonna hurt » sont d'ailleurs dans l'ensemble moins sombres et dépressives (normal vu que « The heroin diaries » était le journal intime de Sixx pendant sa pire période de dépendance à la drogue en 86/87), plus positives et sages.

Ce nouvel album de SIXX : A.M. propose déjà une production un cran au dessus (James Michael s'est encore surpassé!), un son moderne très imposant, avec cette fois-ci une vraie batterie, et non pas cette batterie programmée qui sonnait un peu trop synthétique sur le premier opus.
Ca commence fort avec un « This is gonna hurt » bien heavy, limite indus, mais aux mélodies vocales extrêmement catchy (une constante sur tout le disque). Le morceau suivant, le single « Lies of the beautiful people » (co-écrit par le très demandé John 5) continue dans cette lignée, doté de gros riffs et d'un refrain imparable. L'album propose aussi des titres moins enlevés, voire plus commerciaux (comme « Are you with me » par exemple) mais qui gardent toujours une accroche Rock très addictive.
Les compositions sont toutes de grande qualité, excepté peut-être « Deadlihood » que je trouve bien mais pas transcendante, un peu trop convenue. La chanson la plus aventureuse étant sans doute « Help is on the way », qui ressemble à une espèce de morceau glam-pop moderne (Bowie a toujours été une influence majeure de Nikki Sixx), très « dansant ». Autre titre étonnant, ce « Goodbye my friends » écrit par Sixx dans l'optique d'être diffusé à ses funérailles; et alors qu'on aurait pu s'attendre à une chanson calme, il s'agit en fait d'un morceau qui commence certes de façon grandiloquente au piano (QUEEN n'est pas loin) mais qui part ensuite sur quelque chose de plus heavy et up-tempo.
Les ballades sont au nombre de trois. A savoir « Sure feels right » et « Smile » (agrémentées d'instruments à cordes), qui témoignent de l'atmosphère globale plus lumineuse et joyeuse de cet album. Et le disque se clôt sur la sublime « Skin », chanson piano-voix dont la musique et les paroles sont vraiment touchantes.
La performance de James Michael au chant est assez époustouflante, il fait preuve d'un registre très étendu, particulièrement sur « Are you with me », « Live forever » (un des plus gros cartons de l'album), « Help is on the way » et « Oh my god ». Les solos de DJ Ashba sont eux aussi impressionnants, mention spéciale à ceux de « Live forever » et « Oh my god »; solos sur lesquels on sent ses deux influences principales : Eddie Van Halen et Slash.

Le seul reproche que je ferais à « This is gonna hurt » réside dans le fait que ce nouvel album est un poil moins aventureux que le premier SIXX : A.M., un petit peu plus « radio-friendly ». Ce qui me gêne le plus c'est la voix de James Michael sur les refrains de trois morceaux, qui me fait clairement trop penser au chanteur de MUSE. Sans parler de « Oh my god » qui est quand même musicalement très inspirée par U2...

Malgré ces menus défauts, ce nouveau SIXX : A.M. reste un remarquable effort. Un album de Hard Rock moderne riche et varié, qui a aussi le mérite de laisser Nikki Sixx s'exprimer totalement en dehors du carcan de MÖTLEY CRÜE.


Rédigé par : Stéphane | 16/20 | Nb de lectures : 14155