Même si elle a toujours eu un wagon de retard par rapport à son concurrent européen, la scène heavy-metaaaaal américaine a toujours eu pour elle une espèce de classe intrinsèque et une certaine exigence technique, là où par exemple la NWOBHM privilégiait avant tout l’énergie et le speed metal teuton la vivacité. Et n’oublions pas l’immense popularité du Black Sabbath version Ronnie James Dio (sensiblement plus ‘metal’ qu’avec Ozzy) au début des années 80… Donc aussi old-school et ancré dans le début des années 80 que soit SINISTER REALM, il a pour lui cette mise en place impeccable, un excellent chanteur entre Harry Conklin de JAG PANZER et, justement Ronnie James Dio, ainsi qu’une manie quasi-obsessionnelle à coller aux canons du genre. C’est surtout l’hommage du bassiste John Gaffney (ex-PALE DIVINE) à la scène heavy-metal avec un grand ‘H’ dont l’instrument claque comme sur un bon vieux MAIDEN tout le long de l’album. Et si le refrain final de « Machine God », avec ses chœurs virils et sa guitare lead en chute libre, renvoie directement à MANOWAR (dans le bon sens du terme), dès que le tout s’appesantit un peu, on croit alors croiser le fantôme de CIRITH UNGOL. Miam !

Bref, ce premier album éponyme est un pur bonheur. En tous cas, pour qui s’intéresse depuis un ou deux ans à la nouvelle scène heavy-metal underground américaine, à ce style rétro qui pourtant prend toujours autant aux tripes, aux débuts d’ICED EARTH ou à des groupes actuels comme SLOUGH FEG, ZÜÜL ou DARK BLACK qui ont su lui apporter une noirceur inédite, ainsi qu’à des labels comme STORMSPELL, IRON KODEX ou donc SHADOW KINGDOM. Et tant pis si leur chanteur rappelle physiquement l’acteur Evan Handler (l’éditeur de David Duchovny et masturbateur frénétique de la série ‘Californication’) et si le tout nage dans des clichés de toute façon largement assumés, aussi bien visuellement que textuellement. C’est tellement bien branlé, avec une mention spéciale aux délicats arrangements acoustiques qui aèrent le tout sans tomber dans le gnagna ("Message From Beyond") et aux quelques passages doomesques, qu’on a du mal à leur en vouloir. Heavy-metal is the law !




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 11482