C’est marrant cette espèce de retour de bâton que se prend Sinister dans le coin de la gueule depuis quelques années, presque comme si on lui reprochait d’avoir la peau dure et de refuser de crever… Ce rejet a pris forme en 1996 environ, date du départ de leur premier chanteur Mike Van Mastrigt. Après huit années de bons et loyaux services et trois bons albums de série B, sa démission fut alors un peu la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Et à partir de là, ce fut un peu le grand n’importe quoi, avec changement de style à chaque album, galères de business à répétition (la pire étant leur catastrophique signature avec Hammerheart en 2001) et surtout des valses de line-up tous les quatre matins parfois ubuesques, le plus beau étant bien sûr la reconversion de leur batteur (et dernier membre fondateur) Aad Kloosterward en chanteur à partir de 2005, officieusement pour des problèmes d’asthme. Et la musique dans tout ça bordel ? Ben justement, il ne fallait alors pas compter sur les skeuds qu’ils réussissaient pendant ce temps par on ne sait quel miracle à sortir tout pour sauver l’honneur, la palme revenant à ‘Savage Grace’, avec l’horripilante ex-Madame Kloosterward au chant Rachel Heyser qui s’est depuis, pour la petite histoire, reconvertie en coiffeuse. Sûrement le meilleur service qu’elle pouvait rendre à Sinister d’ailleurs…

Bref, comme l’a dit lui-même Vs Greg, Sinister, c’est un peu la loose quand même. Et pourtant les enfants…

Kloosterward a beau tout faire pour tirer au maximum la couverture à lui – notamment en beuglant dans x groupes de seconde zone comme Blastcorps ou Supreme Pain – la véritable tête pensante aujourd’hui dans Sinister se nomme Alex Paul. Initialement bassiste du groupe entre 1997 et 2003, date à laquelle il a été remercié avant de réintégrer les troupes en 2005, mais cette fois-ci en tant que guitariste (oui, je sais, il faut suivre), il est le responsable de leur dernier changement de cap en date, initialisé il y a deux ans sur ‘Afterburner’ et aujourd’hui donc confirmé sur ‘The Silent Howling’. Car oui messieurs dames, changement il y a eu. Et attention, préparez-vous au choc car Sinister fait désormais du death-metal old-school progressif et mélodique… A sa façon.

Old-school parce que chassez le naturel et il revient au galop vous mordre le cul. Que cela soit dans sa mise en place, parfois d’ailleurs un peu trop rigide, ou dans sa construction, tout chez Sinister trahit les vénérables origines de ses protagonistes et leur attachement à une certaine idée du death-metal. Progressif, enfin on se comprend, parce qu’aucun de ses sept morceaux ici présent ne fait moins de cinq minutes, le morceau-titre dépassant même la barre de la dizaine, et tous empilent les parties différentes les unes sur les autres plutôt que de filer droit. Enfin mélodique, et c’est là qu’Alex Paul imprime vraiment sa marque, parce que ô scandale, ‘The Silent Howling’ se permet entre deux rythmiques en cascades dissonantes propres au style de laisser filer quelques riffs plus thrashy voire même, pire, quelques arpeggios. Comme sur ‘Afterburner’, les gaillards nous refont même, avec succès, le coup des mélodies arabisantes (« Palace Of The Fates »). Comme je suis malin, je vous balance la vérité crue. Sachez donc que tout cela n’a qu’un seul but (attention les yeux) : installer une atmosphère. Alors certes, la cocotte n’est pas toujours bien maîtrisée. Elle est même parfois involontairement naïve, comme sur la fin maladroite du morceau-titre, lorsqu’elle essaye d’émuler, sans trop y arriver, l’ambiance caverneuse de Possessed. Mais elle reste malgré tout bien présente et bizarroïde, pas intensément malsaine mais juste ce qu’il faut pour soutirer une petite grimace de plaisir durant les quarante-sept minutes que dure le tout. Ajoutez tous ces ingrédients à la qualité inégale, cela donne à l’ensemble une personnalité un peu gauche mais somme toute atypique, enfin si on prend le temps de ne pas trop le survoler. ‘The Silent Howling’ sauvera t-il donc Sinister ?


Rédigé par : Olivier ‘Zoltar’ Badin | 13/20 | Nb de lectures : 11828