Dans leur quête pour trouver des projets qui sortent du brouillard, les Marseillais de Season of Mist sont cette fois-ci allés très loin vers l’Est, à Hranice en Moravie (Est de la République Tchèque, encore plus à l’Est donc, contrairement à ce que nous prétend toujours l’ami Tryphon), pour dénicher SILENT STREAM OF GODLESS ELEGY. Groupe plutôt inconnu en nos contrées qui sort pourtant en 15 ans d’existence son 5ème album, Návaz (une seule news sur VS au moment où je rédige cette chronique, 3 commentaires). Mais c’est certainement le succès dans son propre fief qui a fait que Season of Mist a flashé sur SSOGE (plus simple à retenir) : succès immédiat des deux premiers albums, deux Grammy Awards tchèques remportés dans la catégorie « Hard’n’Heavy » pour Themes (2000) et Relic Dances (2005), rien que ça. Le groupe a pourtant connu quelques remous au cours de sa carrière, et le guitariste Radek Hajda est le seul membre d’origine de SSOGE à figurer au générique de Návaz. Bref, il est temps pour bon nombre d’entre nous (je suppose, et j’en fais partie) de découvrir SSOGE avec leur premier album chez un label renommé.

SSOGE pratique une sorte de Doom Metal influencé par le folklore moravien. Disons plutôt du Folk-Rock/Metal progressif à chanteuse. Un MADDER MORTEM version slave si je puis dire. Pas de grosses explosions métalliques ici (hormis sur certains passages comme le début de "Dva Stíny Mám"), seul le chant masculin typé death fait classer le tout dans un registre « extrême ». Le côté Folk est appuyé par des violons qui sont omniprésents, on est presque dans le registre « Cello-Metal » cher à APOCALYPTICA, qui aurait ici copulé sauvagement avec un Dark-Metal gentillet à chanteuse / chanteur harsh genre SOULGRIND. Et le spectacle n’est, à mon sens, pas très excitant à regarder.

Les 9 morceaux qui composent Návaz se ressemblent tous pour un album assez linéaire et homogène. Du moment que le style est posé, l’ennui montre donc très vite le bout de son nez. Le chant féminin est très beau, le fait que le tout soit chanté en tchèque ne dérange absolument pas, cette langue semblant très bien faite pour ce type de vocalises. Les vocaux « harsh » masculins sont classiques mais bien placés, et certains passages de chant clair masculin font leur petit effet, comme les chœurs de "Mokoš". Mais hormis les lignes de chant très bien amenées (écoutez les couplets de "Zlatohlav" pour vous en convaincre, ou le mariage chant féminin/masculin de "Pramen, Co Ví"), le reste a beaucoup de mal à me convaincre. SSOGE pratique un Folk-Metal plutôt bateau, avec des riffs très communs, et des passages calmes sympathiques mais plutôt répétitifs (certains morceaux paraissent interminables). Les violons et violoncelles sont partout, il y en a à tous les étages, quitte à être surmixés et à englober tout le reste (dommage pour la prod qui est excellente sinon). Et bien qu’on puisse fortement apprécier cet instrument il faut tout de même reconnaître que le groupe ne creuse pas plus que ça le côté « folklorique », même s’il y a certains moments de grâce ("Mokoš", le début de "Přísahám"), mais d’autres sont plutôt ratés (le côté « dansant » de "Slava", l’ennui rencontré au sein de "Samodiva" malgré le chant clair masculin). On pourra tout de même déceler ici et là quelques passages épiques plutôt réussis (les mélodies au piano de "Skryj Hlavu Do Dlaní", la ballade "Sudice" très féérique) ou des moments plus « Metal » efficaces (les riffs du refrain de "Zlatohlav", les cavalcades de "Pramen, Co Ví"). Mais bon dans sa globalité je trouve que Návaz est plutôt faible. Pas inintéréssant, plutôt agréable à écouter, mais faible quand même.

Bon ce n’est que mon humble avis (n’oubliez pas qu’une chronique = un avis personnel), Návaz est un album très beau, sympathique à écouter vite fait mais vraiment sans plus, le groupe semblant se contenter du minimum avec un album qui aurait gagné à être un peu plus varié et moins linéaire. Mais le côté calme, éthéré et dépaysant tout autant que « traditionnel » et folklorique, a indéniablement des arguments pour convaincre les métalleux amateurs de trucs du genre, à la MADDER MORTEM et consorts plus folkisants, surtout pour ceux qui aiment bien les violons et les envolées de chant. Pour ma part je préfère me repasser des groupes slaves encore plus à l’Est comme certains combos ukrainiens à la KRODA, voire les Russes d’ARKONA (dans un registre assez différent certes, mais le chant féminin slave est comparable), et surtout le Róka Hasa Rádió des Hongrois de THY CATAFALQUE dont certains morceaux folk sont comparables à ce que fait SILENT STREAM OF GODLESS ELEGY.




Rédigé par : ZeSnake | 12+/20 | Nb de lectures : 13330