Sihtu est un groupe qui existe depuis fin 2007 et qui nous arrive avec son premier méfait baptisé « V.I.T.R.I.O.L ». Anciennement connus sous le nom de « Schizophrénia », le groupe nous revient avec un sacré lot de riffs plombés et une musique sombre et technique qui emprunte par moment à l’industriel et au noise.
Le visuel de l’album (réalisé par Christine Lanusse) est assez réussi et arrive à mettre en image l’esprit qui semble animer les Sihtu. La production (faite par les boys eux-mêmes) est assez réussie et rend hommage aux efforts que met le groupe pour créer une musique puissante et dense.
Le premier constat qui saute aux oreilles c’est que le groupe n’est pas constitué de manchots et qu’ils aspirent à créer une musique technique aux frontières du mathcore. Comme les Sihtu sont des garçons disciplinés, ils ont écouté les bons groupes de la scène et ils ont cherché d’où venait la meilleure came. Et quand on aime le metal technique il y a de la très bonne came en Suède, à Uméa en particulier.
Meshuggah a donc grandement influencé les Shitu autant dans les riffs que dans les structures. Les gars ont beau agrémenter les chansons de touches industrielles et de growls, l’influence reste manifeste.
On pense au Meshuggah des premières années celui de « None » et de « Contradiction collapse » plus que celui de « Nothing » par exemple.
Quoi qu’il en soit, il ne suffit pas d’aimer les "fous furieux" pour créer une musique intéressante. En effet depuis qu’ils existent, ils ont influencé tellement de combos qu’il n’est vraiment pas rare d’entendre des plans arythmique et/ou complexes hérités des sombres shredders. La question est donc : Est-ce que Sihtu arrive à créer une musique intéressante ?
Le groupe a de bonnes idées de riffs, des structures intéressantes, un chant plutôt teigneux qui tangue entre des sonorités Thrash et les growls amygdalesesques et une batterie à la double pédale plutôt véloce.
Le groupe semble chercher la transe, « le côtê tribal du metal » comme dirait Mario Duplantier. A plusieurs moments d’ailleurs, on pense aux Landais et à leur album, « The link », sans pour autant que l’on crie au plagiat.
Les premiers morceaux permettent de se familiariser au groupe. Les cinq premières chansons sont une sorte d’avant-goût, d’apéritif bourrinatoire où Sihtu nous montre un peu de quel bois il se chauffe. Je retiendrai surtout « From the Top » qui se dégage de cette première partie.
Mais dès la sixième chanson, Sihtu enclenche la vitesse supérieure et se met avec le morceau « V.I.T.R.I.O.L » à proposer une musique noire, dérangeante et pour tout dire vraiment excellente.
La tension monte réellement de plusieurs crans et le groupe passe d’inquiétant à menaçant.
Ce morceau en trois actes permet aux Sihtu de décoller et de s’envoler musicalement. Aidés par de bons passages industriels et par des plages noises se rapprochant des groupes les plus dysharmoniques, la musique devient du coup vraiment plus barrée et revêt ce caractère hypnotique que semblent chercher les sidérurgistes.
Le groupe prend alors toute sa mesure et armés de leur technique chirurgicale ils peuvent infliger à l’auditeur des coups lourds et pesants.
Même si le groupe varie peu ses tempos, il offre à quelques moments des petites surprises fort sympathiques comme le solo de « V.I.T.R.I.O.L III » qui rappelle les belles heures guitaristiques des frères Hoffman (qui je le rappelle ont joué dans Hanson ).
L’album est vraiment construit comme un tout et semble s’assembler tout seul comme un puzzle . Les Sihtu ont vraiment dû bosser pour en arriver là et même si j’ai pu souligner les influences des garçons, il ne faut surtout pas les limiter à cela, car ils démontrent à bien des moments l’étendue de leur inventivité et de leur talent…une simple écoute du morceau « V.I.T.R.I.O.L » vous parlera plus que bien des mots.
Au final donc un premier album rageur et malsain qui vous fera voyager vers des rivages pour le moins… lugubres.


Rédigé par : pamalach | 13/20 | Nb de lectures : 11286