Après un "Gallows Gallery" qui ne m'avait pas vraiment épaté (ça c'est fait...) et m'avait autant intéressé qu'un épisode de Derrick, j'espérais fortement que cela n'était qu'une erreur de parcours et que le groupe allait revenir à ce qu'il sait faire de mieux d'autant que depuis, le groupe avait quitté l'écurie Candlelight pour signer chez Osmose Productions (et The End Records pour les Etats-Unis) label pour lequel j'ai toujours eu le plus grand respect en dépit de quelques choix de signatures un peu douteux.

Première constatation, mais cela n'est pas vraiment une surprise avec ce groupe qui ne tient pas en place, SIGH a encore évolué. Fini le joyeux délire kitscho-pop de "Imaginary SonicScape" ou le délire carnavalesque beaucoup moins convaincant de "Gallows Gallery" retour au black metôôôôôôôl ! Le groupe n'a sans doute pas été aussi brutal depuis "Scorn defeat", son premier album qui date de 1993. N'allez cependant pas croire que SIGH s'est calmé et est devenu un groupe sage et ennuyeux, il n'en est rien. SIGH reste SIGH et on retrouve immédiatement, au milieu de son heavy/thrash/black les ambiances bouts-de-ficello-cartoonesques auxquelles ils nous ont habitués depuis maintenant quelques albums. Sauf qu'ici ces ambiances sont revenues sur le terrain du black metal et que donc on croirait entendre une version moins épique et plus déjantée de BAL SAGOTH mais avec au moins autant de synthés. On pense également à "For Theirs Is The Flesh", le premier album de THE WICKED.

La production n'atteint une fois de plus pas des sommets. Les guitares manquent d'épaisseur, les synthés sont mixés trop en avant et les chœurs donnent parfois un peu l'impression d'avoir été collés par dessus le reste avec un bout de scotch. Si elle surclasse allègrement celle de "Gallows gallery" (ce qui n'est franchement pas difficile) elle reste tout de même assez étriquée pour un groupe qui veut donner dans la black sympho et s'est accordé les services d'un chœur et, comme d'habitude a invité une brouette d'autres zicos à apporter leur contribution à cet album. Parmi ceux-ci citons Aurielle Gregory et Tim Conroy, membres (ex-membres ?) de GIANT SQUID un groupe de métal prog américain venus respectivement poser quelques lignes de chant et quelques mesures de trompette sur divers titres de cet album et Mike "Gunface" McKenzie, guitariste de THE RED CHORD, également de la fête, avec un solo sur le titre "In Devil's Arms".

L'album qui compte dix titres est divisé en trois actes. Le premier, composé des trois premiers titres débute l'album très rapidement, ça blaste à tous les étages pendant trois titres. L'acte II débute avec "Dies Irae / the Master Malice" qui calme un peu le jeu et montre la face atmosphérique de cet album, même si on revient vite à des tempos rapides. L'acte III comprend les trois derniers titres plus longs et plus tournés vers l'émotion voire le tragique.

Résumons donc. SIGH est de retour avec un album en apparence plus sage, moins aventureux, plus orienté métal et moins tourné vers le jazz, la pop, le kitsch et que sais-je encore. "Hangman's hymn" sans être le meilleur album du groupe se révèle tout de même être un très bon album, riche, intense, complexe, fourmillant de détails qui ne se révèleront qu'à ceux qui, comme d'habitude avec Mirai Kawashima et sa bande, prendront la peine de vraiment donner à cet album le nombre d'écoutes qu'il mérite.

Si vous avez toujours été réfractaire aux expérimentations musicales de ces Japonais, "Hangman's hymn" ne changera sûrement pas votre point de vue sur leur musique. Inversement, cette galette devrait satisfaire les aficionados du groupe, quant à ceux qui n'ont pas encore choisi leur camp qu'est-ce que vous attendez pour découvrir SIGH ?


Rédigé par : Sheb | 16,5/20 | Nb de lectures : 12061