Alors là je déconnecte... Que ce soit la politique de Napalm Records de ne pas s'immiscer dans le contenu musical des albums qu'ils produisent est tout à leur honneur, mais quand même, comment peut-on décemment laisser passer des vocaux aussi miteux ??? Le sieur Bruder Cle, "Papy fait de la résistance" du petit monde du metal germanique, éternel gratte-papier à Rock Hard et père spirituel de Siegfried, s'est rendu coupable de ne pas déléguer le chant principal à une personne compétente, ce qui a pour conséquence de laisser croire que l'on a planté un micro devant le bec de Donald Duck préalablement shooté aux hormones de Sylvester Stallone en lui demandant de chanter faux...
Les musiciens de renom qui ont rejoint Cle sur son délire au nom de l'amitié, à savoir Moritz Neuner (batteur: Abigor, ex-Dornenreich), Roland Wurzer (bassiste: Darkwell) ou encore Sandra Schleret (chant: ex-Dreams of Sanity), ont sans doute laissé le vieux grogner à qui-mieux-mieux puisque ça lui faisait plaisir, mais ils ont du faire une sacrée grimace à l'écoute du résultat - ou s'ils ont aimé de tout cœur il y a quelque chose qui ne tourne plus très rond, soit dans la scène metal, soit dans ma tête.

Toujours est-il que si la musique de Siegfried avait relevé du chef d'œuvre, j'aurais pu parler sans retenue de sabotage. Heureusement on ne rencontre que du commun d'un bout à l'autre de ce "Drachenherz", concept dédié à la fameuse saga de Nibelungen. La bio qualifie les morceaux d' "hymnes métalliques emphatiques", ce que je veux bien cautionner vu que des passages hymniques il y en a en-veux-tu-en-voilà jusqu'à en donner la nausée dans un album qui reprend sans trop les altérer les bons vieux plans du old-school speed metal teuton et les saupoudre de plusieurs pincées de "Theli" pour ce qui est des arrangements symphoniques. Là-dessus la sympathique Sandra s'époumone dans un registre plus amazone que sirène sur des parties trop creuses pour son talent. "Drachenherz" pourrait se laisser écouter gentiment en faisant la vaisselle comme n'importe lequel des abîmes de superficialité pseudo-héroïco-virile que nous a fournis le genre et ses innombrables revivals depuis une quinzaine d'années si ces fichus vocaux de Bruder Cle, indignes de figurer sur l'album de ska-punk le plus désastreux qui soit, ne constituaient pas une barrière infranchissable. Et ce n'est pas le seul "Walpurgisnacht" qui va beaucoup relever la note même si, judicieusement walpurgé de la présence infecte de Cle au micro (je sais que je m'acharne mais il y a de quoi), ce titre fluide et facile balance pas mal du tout.

Un album à éviter comme la peste si vous vous considérez un tant soit peu mélomanes.




Rédigé par : Uriel | 06/20 | Nb de lectures : 6870