SHRINEBUILDER…
La seule énonciation du nom me fait aujourd’hui frissonner. Il faut dire que je l’attendais depuis un moment cet album. Annoncé tout d’abord par Scott Kelly (NEUROSIS, TRIBES OF NEUROT, BLOOD AND TIME) en 2008 au travers de son émission radio Return To Zero sur Combat Music Radio (http://www.combatmusicradio.com ), le projet semblait impossible à réaliser, une utopie absolue. Mais le line-up annoncé à l’origine laissait tout de même présager du meilleur. On était donc en droit de rêver. Scott Kelly étant un fan incontesté d’OM, il souhaitait depuis un moment s’associer avec le duo de l’époque pour former une groupe au son neuf. (Pour la petite histoire, Scott Kelly avait déjà remarqué le groupe de San Francisco SLEEP à ses tout débuts. Il avait même été impressionné par le jeune âge des membres du combo, qui semblait en inadéquation avec la maturité musicale du trio). C’est une chose faite aujourd’hui.

SHRINEBUILDER...
Le nom même du groupe étant une référence directe à l’une des compositions d’OM intitulée «Rays of The Sun/To The Shrinebuilder» (titre présent sur le split OM/CURRENT 93). Scott "Wino" Weinrich (THE OBSESSED, SAINT VITUS, SPIRIT CARAVAN, THE HIDDEN HAND et PLACE OF SKULLS. Rien que ça!) avait déjà répondu par l’affirmative et souhaitait participer activement à la production de cet opus endiablé. Mais voilà, le projet s’est ralenti quelque peu quand le batteur originel d’OM, Chris Hakius a quitté OM (pour raisons médicales. Je persiste à croire que le nouveau batteur – celui de GRAILS – a changé la donne dans OM; pour être franc, je préférais le jeu de Chris). C’est ainsi que Dale Crover (MELVINS) s’est intégré au projet... Rien n’a été perdu au change, je le confirme.

SHRINEBUILDER...
Scott Kelly, Scott "Wino" Weinrich, Dale Crover et Al Cisneros. Un line-up de rêve donc. Mais voilà. Si j’ai commencé par fantasmer à la limite d’en jouir, j’ai commencé à avoir quelques frayeurs au point d’en avoir des sueurs froides. Un line-up aussi odorant conduit bien souvent à surmédiatiser un projet, qui en devient bien souvent insipide au possible (un bon exemple actuel: le nouveau projet de Josh Homme THE CROOKED VULTURES). Surtout que je commençais à glaner des infos sur SHRINEBUILDER dans des magazines et des webzines qui ne se seraient jamais mis à parler de NEUROSIS ou de OM il y a même 5 ans (ces magazines pour petits-Bobos en mal de sensation forte, genre Télérama ou Noise Mag...) Je me suis dit: «Merde. Ce sera juste une merde.» Je suis resté dans cet état d’esprit, jusqu’à ce que le titre «Pyramid of the Moon» montre le bout de son nez sur le site de Neurot Recordings...

«Shrinebuilder»...
L’album cette fois. Avant l’écoute de la compo inspirée «Pyramid of the Moon», je m’attendais à avoir affaire à du pur Crust/Sludge/Doom, une espèce de retour aux sources pour Scott Kelly. Mais c’était en supposant que Scott allait mener de front ce projet, imposant de force son style et sa signature. Il n’en est rien. Si Scott prend bien souvent les devants (certains riffs ne trompent pas), il est ici difficile de dire précisément qui mène la barque. Les 5 compositions - dépassant toutes les 5 min, certaines atteignant même les plus de 8 minutes – montrent que le quatuor a laissé libre cours à son génie. Si je frissonne à la seule énonciation du nom du groupe, je suis en transe dès l’intro de «Solar Benediction», morceau d’ouverture de l’album. Ça commence comme du MELVINS (les deux premières mesures d’intro) et ça continue comme du OM. Ou plutôt comme du SLEEP... Ou plutôt comme du BLACK SABBATH. Il faut dire que Scott, Wino, Dale et Al partagent tous les quatre cette même passion du groupe UK, on le sent bien ici. Le riff principal de «Solar Benediction» est entêtant, le solo psyché au possible (Wino!), les vocalises tout simplement géniales (l’alternance entre le chant d’Al et de Scott nous ramènent à OM et NEUROSIS) et le break du milieu planant à souhait... Ce qui est appréciable du début à la fin, c’est cette volonté du combo de mettre en avant les mélodies, la violence étant bien souvent reléguée au second plan. «Pyramid of the Moon» en est le bon exemple. Le chant clair de Scott allié à la basse groovy d’Al est une des formules les plus efficaces. L’influence BLACK SABBATH est d’autant plus marquée pour cette deuxième composition. Al vient fermer «Pyramid of the Moon» pour mieux introduire «Blind For All To See», au riff de basse typiquement OMien. Ce titre est d’ailleurs l’un des plus planants de l’album, à la limite du Space-Rock. Basé sur un rythme un peu plus soutenu et le morceau le plus direct de cet opus, «The Architect» n’est pas sans rappeler un MELVINS grande période ou un THE HIDDEN HAND bien inspiré. Même si encore une fois la paire Dale/Al est amenée à conclure ce titre à la mode OM. «Science of Anger», enfin. Le morceau de plus de 9 minutes. Débutant par un Jam Heavy, la compo rappelle quant à elle les tonalités de certains groupes Stoner/Rock tels que DOWN, ORANGE GOBLIN ou encore KYUSS (tous ces groupes étant influencés par le grand BLACK SABBATH, on retombe ici encore et toujours sur nos pattes!). A mi-parcours, le tempo vient à ralentir comme pour terminer «Shrinebuilder» sur une note presque mélancolique...

SHRINEBUILDER...
Il est admirable que le groupe ait choisi de sortir ce CD/LP sur Neurot Recordings, la structure de NEUROSIS. La volonté de rester dans le cadre DIY/Indie m’impressionne. Vu le palmarès des membres du quartet le groupe a sûrement été approché par des labels de taille bien plus importante. Une dernière remarque concernant l’artwork. On a connu un Josh Graham tout de même plus inspiré que cela. Cette pochette est cliché au possible, à la limite du ridicule....

SHRINEBUILDER...
Comme le dit si bien Eugene S. Robison (OXBOW): «It is Wagnerian. It is Iommic. It is simply: SHRINEBUILDER». Voilà, tout est dit.


Rédigé par : DeadStar | 18/20 | Nb de lectures : 15403