SHINKEN, voilà un groupe que je suis heureux de retrouver. Quand on reçoit un EP autoproduit, comme c’était le cas avec leur premier disque que j’avais bien aimé et chroniqué. Là, je les vois revenir avec un album, « Something Worth Fighting For », et ça me met en joie. Surtout qu’on constate que, comme c’était déjà le cas sur « Shinken », l’artwork est particulièrement soigné et adopte toujours cette esthétique chambara vraiment classieuse et élégante comme un film de Masaki Kobayashi. Les photos ornant le digipack, tout comme celles se trouvant à l’intérieur du livret, sont de toute beauté et nous plongent directement dans l’univers du groupe qui, apparemment, cultive les mêmes valeurs que celles du ronin qui leur sert de modèle. Esthétiquement et graphiquement c’est parfait, musicalement qu’en est-il ?

Eh bien sans être parfait, c’est très bon. La musique des Grenoblois n’a pas changé depuis leur précédent EP éponyme mais elle a tout de même un peu évolué. Si, basiquement, les mots d’ordre restent groove et énergie, le son de SHINKEN s’est un peu durci aux entournures sans pour autant verser dans le tough guy core bête et méchant. Non, la musique du groupe est avant tout faite pour danser en live, pogoter avec ses potes et lever gentiment la jambe de temps en temps. Les deux premiers titres oscillent entre les deux pôles musicaux du groupe. D’un côté un vrai sens du groove et une envie de faire bouger les gens qui les écoutent, de l’autre une partie plus sombre et amère qui s’expriment par les lyrics, la voix et certains passages plus « bruts ». Cette dualité est parfaitement maîtrisée et rend les morceaux très efficaces, à la fois accrocheurs et rentre dans le lard. SHINKEN représente le bon pote sympa, dispo et cool la plupart du temps mais qui n’hésitera pas à t’emplâtrer si tu lui casses un peu trop les noix.

La majorité des riffs « lead » sont d’influences « hardcore classique et basique » c'est-à-dire tout entiers tournés vers l’efficacité et la mise en marche du jeu de jambes sur les parties propices au two-step, qui sont nombreuses, variées et réussies. Par exemple, il est pratiquement impossible de ne pas bouger sur des morceaux comme « From The Depths Of Hell » ou « Second Round » qui font figure d’invitation à la danse et foutent la banane en deux secondes. Outre ces passages funky, SHINKEN sort les muscles et montre les dents sur certains refrains ou riffs plus typés new school/metalcore nineties comme sur « Mortal Kumshot » ou un « Eternal Doom » tout en violence. Une des autres caractéristiques du groupe est l’excellente assise rythmique sur laquelle il repose grâce à un jeu et un son basse qui rappelle furieusement celui de Craig Setari de Sick Of It All couplé à des parties de batterie solides, variées et alternant travail rythmique basique à des accélérations de doubles bien brutales. Du très bon travail.

Je voulais revenir sur « Mortal Kumshot » et ses hilarantes paroles en guise de clin-d’œil à Cannibal Corpse et Bodycount qui, selon le groupe, écrivent les paroles les plus drôles du monde. Eh bien l’hommage est réussi car les lyrics de « Mortal Kumshot » sont elle aussi très drôle. Prises au 36ème degré bien sûr. D’ailleurs les paroles sur ce « Something Worth Fighting For » sont pas mal réussies elles aussi alternant des thématiques classiques propres au hardcore, qu’ils revendiquent d’ailleurs, et des textes plus « autres » comme l’hommage à Chris Barnes ou « Eternal Doom » qui marche sur les plates-bandes enneigées d’un Immortal par exemple. Le petit plus ce sont les quelques mots d’explications qu’on retrouve associés aux paroles. C’est pas grand-chose mais c’est un petit truc que perso j’aime et qui me rappelle les disques de xLiarx et autres groupes de la même époque qui le faisaient systématiquement. Ca permet de mieux comprendre l’univers et le message d’un groupe.

Bref, SHINKEN livre un bel album, racé, varié, honnête, groovy mais court, un peu trop peut-être car j’aurais bien repris un peu de rab perso. Un disque qui n’a d’autre prétention que celle de balancer un hardcore à la fois old school et new school, groovy et agressif. Un petit plaisir qui fait du bien par où il passe et qu’on peut aisément consommer sans aucune modération.


Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 13102