SHINING (NOR) - International Blackjazz Society (Spinefarm) - 14/10/2015 @ 08h19
Deux ans après un One One One un peu mitigé, revoilà le SHINING de Norvège bien décidé à continuer à balancer son art saturé. Révélé avec Blackjazz (2010), qui était pourtant leur cinquième album, Jørgen Munkeby et ses hommes de main ont depuis trouvé et fixé leur style - bien que les prémices étaient déjà présents sur In The Kingdom Of Kitsch You Will Be A Monster et Grindstone - soit un Metal avant-gardiste industriel, jazzy et rock’n’roll, sombre et survitaminé, technique et efficace, baptisé du nom de l’album de la popularité acquise presque d’un coup, Blackjazz. Si les norvégiens poussaient déjà à cette occasion leur goût pour les expérimentations dans leurs retranchements, il a fallu que le groupe évolue un tantinet en devenant un peu moins complexe et plus tubesque. Ce qui avait été fait pour One One One, mais seulement à moitié, SHINING n’ayant hélas pas été capable de faire un album à 100% de hits, ce qui était de toute façon difficile. En toute logique, la suite devrait rééquilibrer les choses, le groupe ayant de la marge entre son goût pour les tubes à la "Fisheye", "I Won’t Forget" et les récitals jazzy qu’étaient "Exit Sun" ou "Blackjazz Deathtrance". Je vous le donne en mille : International Blackjazz Society va se situer pile dans cette optique : un album plus accessible que Blackjazz mais moins accessible que One One One. Ce qui était attendu et même logique, mais SHINING est-il encore en réussite à défaut de surprise ?

On retrouve donc tout ce qui fait le charme de SHINING depuis 3 albums maintenant (et un Live), le tout puissant « Blackjazz », encore mis à l’honneur dans le nom de l’album (après le morceau "Blackjazz Rebels" sur One One One). Les riffs sont durs, le jeu de batterie florissant, la composante électronique tordue et saturée, le chant de Jørgen colle toujours bien et bien sûr, le saxo est encore de la partie lors de « solos » endiablés et d’improvisations, dès le début de l’album avec pour une fois une intro, "Admittance". Après un One One One linéaire mais hétérogène, International Blackjazz Society va paradoxalement être plus homogène en qualité en variant un peu les structures. Pourtant, à l’image de son prédécesseur, ce 7ème album des norvégiens va immédiatement aligner les morceaux les plus concis, efficaces et directs. Mais je vais plutôt commencer par m’attarder sur la suite qui va donc trancher un peu avec l’esprit percutant de One One One et retrouver la vibe de Blackjazz - voire même des albums précédents. C’est cet esprit qu’on retrouve pour le plus foufou et imprévisible "Thousand Eyes", bien que finalement « classique » pour du SHINING, on retrouve même la verve KING CRIMSONesque habituelle au milieu de tous les codes sonores et compositionnels des norvégiens. Après un instrumental ("House of Warship") axé saxo/batterie qui nous montre encore tout le talent des musiciens de SHINING, "House of Control" ose un peu dans un registre plus posé, avec un Jørgen présentant une palette vocale insoupçonnée, mais même plus mélodique SHINING est toujours « Rock’n’Roll » à sa manière et l’on a l’impression qu’il peut exploser à tout moment, renforçant l’aspect voulu « schizophrénique » de la formation. Un final assez épique, un étrange interlude nommé "Church of Endurance", et International Blackjazz Society se terminera avec l’excellent "Need", efficace sans être trop simple, taré sans être trop cérébral, sonnant très Metal extrême par moments mais toujours avec leur propre patte, bref le parfait équilibre pour SHINING.

SHINING change un petit peu ("House of Control"), repropose quelque chose de plus fouillé et jazzy ("Thousand Eyes", "House of Warship") et sait faire tout à la fois en poussant son aspect plus extrême ("Need"). Et donc, pour revenir au début de l’album, il n’oublie pas son côté tubesque hérité de One One One. Mais ce qui ne faisait pas discussion sur ce dernier (au moins la première partie) va se retrouver quelque peu discuté ici… "The Last Stand" est un excellent morceau et un hit SHININGien, c’est un fait. Mais il est vrai qu’il est étonnant de constater que l’influence de NINE INCH NAILS est ici particulièrement voyante, que ce soit dans les choix de son (notons que Sean Beavan et Tom Baker ont toujours collaboré avec les norvégiens) et surtout dans le chant de Jørgen, très Reznorien ici, voire trop quand au détour de quelques lignes, on croirait entendre celles de "Came Back Haunted" ! Ce qui perturbe un peu l’écoute de ce morceau encore une fois très « Jazz-Metal’n’Roll ». Démarrant de manière très sombre et électronique, "Burn It All" montre ensuite toute la folie contrôlée et la furie directe du groupe norvégien. Mais lignes vocales comme riffs sonnent un peu déjà-entendu pour du SHINING. L’efficacité reste tout de même au rendez-vous, et c’est la même chose pour "Last Day", l’autre single et autre « tube » d’une efficacité et d’une accroche détonantes (quel refrain !), mais qui connaît bien SHINING trouvera qu’à plusieurs moments, on frôle dangereusement l’auto-repompe…

Homogène en qualité (dans l’absolu, il n’y a aucun morceau vraiment « faible »), International Blackjazz Society est donc finalement hétérogène en inspiration. Les tubes à la One One One sont là, mais n’apportent finalement rien de plus par rapport à ce que le groupe fait depuis 5 ans. Mais pour le reste, SHINING a choisi de remettre en avant son côté le plus complexe et jazzy, sans en (re)devenir trop inaccessible. Même si ce n’est pas pour autant que l’on retrouvera des pièces de très haute musicalité comme le groupe en est (encore ?) capable, pas plus que l’on ne trouvera de l’évolution ou du renouvellement (hormis "House of Control"), International Blackjazz Society fait bien office d’album « entre-deux », piochant dans Blackjazz et One One One pour réellement montrer toutes les facettes de SHINING. Avec un peu plus de schizophrénie musicale dans l’ensemble, International Blackjazz Society est pour moi un chouilla au-dessus de One One One, mais maintenant il est clair que les norvégiens sont capables de mieux et que Blackjazz est encore loin d’être dépassé voire égalé. SHINING fait du SHINING donc il est difficile de parler de déception, il manque juste un peu d’inspiration mais le groupe a retrouvé un peu d’équilibre, sur le fond et la forme et par rapport à sa discographie récente. Il semble tout de même acquis que du à sa popularité, le groupe se fixe des limites pour ne pas devenir trop repoussant, et International Blackjazz Society sonne parfois comme un « petit » album de SHINING (il ne dure que 38 minutes, certes c’est 2 de plus que One One One mais bon…) voire plutôt un album « de plus ». SHINING devra peut-être se renouveler pour vraiment exprimer tout son potentiel, en l’état les norvégiens font encore étalage de leurs talents dans leur style osé à la base mais balisé par la force des choses, mais la qualité reste là, et International Blackjazz Society ne devrait pas froisser les fans qui apprécient toutes les composantes de l’art du « Blackjazz ».



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Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 10656




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Commentaire
Jotun35
Membre enregistré
Posté le: 14/10/2015 à 18h18 - (118297)
Hum ca confirme donc les soupcons que j'avais. En laisser couler un peu d'eau sous les ponts, je trouve One One One vraiment bon et certains de mes morceaux favoris de Shining figurent dessus (I Won't Forget, My Dying Drive et Paint The Sky Black)... Mais Blackjazz reste mon album favoris (avec le live qui est vraiment excellent).
Du coup je ne vois pas bien l'intérêt de ce nouvel album avec le cul entre deux chaises et j'ai aussi tiqué à l'écoute de "The Last Stand", où l'influence NIN est beaucoup trop évidente.

Bref, je verrais après plusieurs écoutes et je repasserais commenter ici après la sortie de l'album, mais je pense que grand bien m'a pris de ne pas le précommander.

Maxgrind
IP:78.122.6.150
Invité
Posté le: 14/10/2015 à 20h54 - (118298)
Exactement comme Jotun35, à l'exception près que j'ai directement adhéré au côté tubesque de One One One.

J'accroche moyennement à The Last Stand. Par contre, Last Day passe très bien, il aurait largement pu figurer sur One One One !

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