SHINING - IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends (Season of Mist) - 05/05/2015 @ 07h23
Ce qu’il y a de bien avec SHINING (de Suède), qui commence à avoir derrière lui une sacrée carrière, c’est qu’on a pas besoin de recompter les albums pour savoir où on en est, c’est directement indiqué dans le nom de l’album, à condition de savoir lire les chiffres romains bien sûr. Niklas Kvarforth nous avait pourtant dit, à l’occasion de la sortie de Redefining Darkness, que cette habitude avait pris fin, mais bon… Avec SHINING, on ne sait jamais sur quel pied danser tout autant qu’on sait à peu près à quoi s’attendre. Avec IV - The Eerie Cold (2005), le « groupe » suédois a en quelque sorte fixé son style, Black résolument suicidaire à consonance doom et atmosphérique, à grand renfort de pauses acoustiques plus ou moins présentes. Si V - Halmstad (2007) est devenu culte, les sorties suivantes ont été diversement appréciées, entre stagnation acceptable (VI - Klagopsalmer (2009)), épuration trop prononcée (VII - Född Förlorare (2011)) ou bon disque sans réel plus (Redefining Darkness (2012)). Il faut y trouver son compte… et IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends va compléter ce schéma. Comment évoluer sans se trahir, comment rester inspiré, comment surprendre, comment convaincre ? SHINING risque de se coincer au milieu de toutes ces considérations, que Kvarforth n’hésite pourtant pas à balayer d’un revers de la main. Le frontman de SHINING fait ce qu’il veut de son groupe et de sa « boîte à outils », mais semble ici avoir choisi la voie de la prise de risque minimale. Quoique…

On nous annonce alors un album dans la vibe de V - Halmstad, ce qu’était déjà VIII (tant qu’à faire…) - Redefining Darkness à certains égards finalement. Mais SHINING surprend déjà avec "Den Påtvingade Tvåsamheten", qui pour une fois est une véritable intro, démarrant à l’aide d’une gratte bruitiste avant d’embrayer sur des riffs mélodiques assez majestueux, portés par les puissants coups de batterie et le doux piano. "Vilja & Dröm" tient ensuite les promesses annoncées : il s’agit tout simplement d’un excellent morceau de SHINING, où tout y est, riffs entraînants, voix prenante, accélérations efficaces, moments pesants, toute la panoplie, enfin sauf le break acoustique de rigueur. Ça tombe bien, SHINING se rattrape ensuite dès l’intro de "Framtidsutsikter", où Kvarforth en profite aussi pour nous montrer ses progrès en chant clair. Enfin une intro… qui dure quand même 4 minutes 45. On finit tout de même par trouver un peu notre compte en termes de Black/Doom pesant sur la fin, mais voilà le parfait exemple de morceau un peu longuet, qui a du mal à décoller pour finir sur quelque chose de correct mais convenu, et voilà finalement le résumé de IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends. Déséquilibre acoustique/Metal, impression de déjà-vu gouvernent ce neuvième (eh oui c’est facile) album de SHINING. "Människotankens Vägglösa Rum" commence pourtant bien avec des compos mordantes, mais ces compos ne surprendront personne tant SHINING applique ses codes habituels, tentant de donner un coup de peps avec un passage blasté sonnant finalement inapproprié, tandis que le morceau devient vite redondant et casse la tension dès lors que l’on passe à l’acoustique. Acoustique toujours pour "Inga Broar Kvar Att Bränna", morceau essentiellement voire totalement acoustique d’ailleurs, qui devient vite lénifiant tant on s’attend à l’explosion à chaque moment, malgré les efforts vocaux de Kvarforth pour le coup très halluciné et quelques sonorités originales en milieu de course. Tout de même, cela manque d’un peu de saturation cher Niklas… et "Besök Från I(ho)nom" ne va pas en apporter de manière significative, malgré sa première partie chaotique et agressive, c’est ensuite de l’acoustique (avec du chant parlé en sus) jusqu’aux 8 minutes 20…

Mais bon, tout SHINING est là. Pas inspiré, un peu fainéant même, mais en forme. Il y a toujours de beaux solos, Kvarforth est toujours très en voix, les riffs Black’n’Roll même assez rares sont percutants, la production est toujours excellente, sur certains points le « groupe » suédois n’a définitivement plus rien à prouver à personne, et les clones ont bien du mal à lui arriver à la cheville même quand il livre un album moyen. Cependant IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends est parfois un peu plat, trop aéré, trop prévisible aussi. Ça n’en fait pas un mauvais album, mais ce n’est pas une des meilleures œuvres de SHINING, qui prouve surtout que V - Halmstad reste inégalable, Kvarforth et sa « boîte à outils » font des efforts mais il sera difficile de faire plus noir que cet album définitivement rentré dans le domaine du culte. Un "Vilja & Dröm" excellent, quelques moments intéressants pour le reste au milieu de beaucoup de spleen acoustique sur base Black/Doom, voilà ce qu’il y a à retenir pour cet album de SHINING « de plus » finalement. Kvarforth & co n’ont pas pris de gros risques, si ce n’est abandonner l’habituel instrumental en 5ème position au profit d’une intro, et bien sûr de déplacer l’équilibre Metal/acoustique, ce qui fera grincer des dents certains, ou en convaincra d’autres qui se contenteront sans mal d’un disque plus doux et posé. IX - EEEE (plus facile à retenir et pour éviter de se tromper dans l’ordre des mots) est donc plus proche d’un VII - Född Förlorare que d’un V - Halmstad et même de Redefining Darkness, à chacun de situer ça dans ses préférences, ce qui est sûr c’est que si vous vouliez du "Låt Oss Ta Allt Från Varandra" ou le départ de "Besvikelsens Dystra Monotoni", ce n’est pas vers cet album qu’il faudra se tourner. Everyone, Everywhere ? Il est clair que SHINING est ici relativement accessible et a fini par se retrouver bien au-delà que le simple carcan du Suicidal Black. Everything ? Oui, tout SHINING est là-dedans et le fan y trouvera son compte, sauf s’il est trop exigeant ou attend que ça sature tout le temps. Ends ? Est-ce bientôt la fin pour SHINING ? Seul l’avenir nous le dira, ce qui est sûr, c’est qu’il a atteint le plafond de son style et qu’il devra un jour tenter autre chose pour pouvoir perdurer s’il le souhaite ; en l’état son neuvième album ne révolutionne rien, ne fait plus peur même, mais reste correct en regard des capacités du « groupe » et en dépit de son côté hétérogène, et n’est finalement rien de plus qu’un nouvel album de SHINING.

A noter que l’édition limitée comporte deux bonus, une belle reprise de "Ohne Dich" de RAMMSTEIN (une des plus belles ballades des allemands pour moi) où Kvarforth se livre à un travail vocal savoureux et intéressant, et une réinterprétation de "Svart Industriell Olycka" (à l’origine sur III - Angst - Självdestruktivitetens Emissarie (2002)) sous le nom "Black Industrial Eleven", réinterprétation sortie de je-ne-sais-où sans aspérité ni particularité donc anecdotique voire proprement inutile. M’enfin.




Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 11050




Auteur
Commentaire
GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 05/05/2015 à 09h00 - (116635)
Totalement en accord avec la kro, un SHINING qui tourne en rond car là ça n'est que du réchauffé pris de morceaux existants. Ca n'est pas mauvais loin de là, c'est agréable même si on aimerait que ça soit un peu plus pêchu.

Un album sympathique, dans la moyenne du groupe mais qui les montre en perte de vitesse et d'inspiration surtout ...



grinder
IP:62.23.59.106
Invité
Posté le: 05/05/2015 à 13h18 - (116637)
Assez d'accord avec la chro...

Le truc c'est qu'Halmstad est tellement génial qu'on en reviendra toujours à comparer la production du groupe à cet album... Alors oui cet album n'est pas aussi sublime, mais y'a des moments vachement sympas quand même !

Et je pense qu'il pourrait se bonifier avec le temps et les écoutes... Je suis dessus depuis un moment et passé la déception de pas avoir un Halmstad 2, les ambiances sont finalement très intéressantes et puis magnifiques solos et quelle belle mélodie claire sur le 3ème morceau !


Zboubzébuth 666,1415926
IP:81.65.254.205
Invité
Posté le: 05/05/2015 à 15h13 - (116639)
D'accord avec Grinder, il se bonifie merveilleusement bien aussi de mon côté même s'il reste sans surprise.
Peu de ratés dans cet album, il est bien au dessus de tout ceux après Halmstad (même si j'ai été agréablement surpris de la "bonification" du VII avec le temps).
Quelqu'un qui n'a jamais écouté Shining risque de prendre son pied.
Et puis, quels vocaux mes amis, quels vocaux! (en terme de puissance hein, pas quand il pousse la chansonnette)

mardouk
IP:84.101.120.187
Invité
Posté le: 09/05/2015 à 00h05 - (116659)
Une bien belle chronique...

Je me laisse encore un peu de temps et d'écoutes.
Mais même un Shining "moyen" reste un très bon skeud.

canibool
IP:92.103.98.50
Invité
Posté le: 27/05/2015 à 14h59 - (116794)
je poserais une oreille dessus... y'a que moi qui préfère the eerie cold à halmstad

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